« roseau », définition dans le dictionnaire Littré

roseau

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

roseau

(ro-zô) s. m.
  • 1Plante dont la tige, lisse et droite, est creuse et remplie de moelle. Le chêne un jour dit au roseau : Vous avez bien sujet d'accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau, La Fontaine, Fabl. I, 22. Un appui de roseau soulageait leurs vieux ans, La Fontaine, Phil. et Baucis. Irai-je dans une ode, en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe ? Boileau, Sat. IX. Et s'il ne m'est permis de le dire au papier, J'irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux par un nouvel organe : Midas, le roi Midas a des oreilles d'âne, Boileau, ib. La couverture de roseau dure quarante à cinquante ans, Genlis, Maison rust. t. I, p. 39, dans POUGENS. On fabriquait des vêtements et des nattes avec les roseaux, principalement avec le papyrus, Mongez, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 240.
  • 2 Fig. Il se dit de l'être humain comparé pour sa faiblesse au roseau. L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant, Pascal, Pens. I, 6, édit. HAVET. Comme un chêne est le confrère d'un roseau, le roseau, en levant sa petite tête, dit au chêne : Ceux de Dodone n'ont jamais mieux parlé, Voltaire, Lett. prince de Beauvau, 5 avr. 1771. Avouez qu'il est plaisant que j'aie attrapé ma soixante et seizième année en ayant tous les jours la colique ; mon ami, nous sommes des roseaux qui avons vu tomber bien des chênes, Voltaire, Lett. Thiriot, 9 août, 1769. Ce bras [de Dieu]… Soutiendra ce roseau plié par les orages, Voltaire, Zaïre, III, 4. Je me vis seule au monde, en proie à mon effroi, Roseau faible et tremblant, n'ayant d'appui que moi, Voltaire, Tancr. I, 4. Qui appuiera ce roseau [la femme], si la religion n'en soutient la fragilité ? Chateaubriand, Génie, I, VI, 5.

    C'est un roseau qui plie à tous les vents, se dit d'un homme qui cède à toutes les impulsions.

    S'appuyer sur un roseau, mettre sa confiance en quelqu'un qui n'a ni force ni crédit, etc. Sur quel roseau fragile a-t-il mis son appui ? Racine, Esth. II, 1.

    Roseau peint en fer, esprit qu'on croit ferme et qui est faible.

  • 3Roseau des étangs ou de la passion, roseau à quenouille, ainsi dit parce que son épi a l'air d'une quenouille nommé aussi roseau canne ou roseau des jardins, l'arundo donax, graminées.

    Roseau à balais, arundo phragmites, L.

    Roseau des Indes, bambou.

    Roseau odorant, acore.

  • 4 Terme d'architecture. Se dit de certains ornements dont on remplit par le bas les cannelures des colonnes rudentées.

HISTORIQUE

XIIe s. E nostre sires ferrad [frappera] Israel, e croler le frad si cume fait li rosels par cele riviere, Rois, p. 293. Cez de Egypte ki sunt cume bastons de rosel pesceed, [rompu], Sur qui si l'um se apuied, tost falsed et depiesced, ib. 408.

XVIe s. Appuiez-vous, après Dieu, sur ces espaules fermes, et non sur ces roseaux tremblans à tous vents, D'Aubigné, Hist. III, 184. Estançonner le mensonge d'un roseau, Cotgrave Ung vaisseau d'argent doré, de forme ronde, de la longueur de près d'une aulne de Paris, dedans lequel estoit le roseau qui fut baillé à N. S. Jesus-Crist, quant Pilate dict aux Juifs : Ecce homo, De Laborde, Émaux, p. 478.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, rozaî ; prov. rauzel, rauzeu ; d'un radical ros ou raus qui se trouve dans l'ancien français et dans le provençal ; Berry, rauche, roseau ; norm. ros ; du goth. raus, jonc ; allem. mod. Rohr.