« rugir », définition dans le dictionnaire Littré

rugir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rugir

(ru-jir) v. n.
  • 1Pousser des rugissements. Le lion rugit-il dans une forêt, sans qu'il ait trouvé de quoi repaître sa faim ? Sacy, Bible, Amos, III, 4. Le quadrupède écume, et son œil étincelle ; Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ, La Fontaine, Fabl. II, 9. Les lions sont très ardents en amour ; lorsque la femelle est en chaleur, elle est quelquefois suivie de huit ou dix mâles, qui ne cessent de rugir autour d'elle et de se livrer des combats furieux, Buffon, Quadr. t. III, p. 119.

    Familièrement. Rugir comme un lion, pousser des cris de fureur. À la moindre injure qu'on nous fait, nous rugissons de colère comme des lions, Le P. Sim. Mars, Myst. du roy. de Dieu, p. 38, dans POUGENS.

  • 2Il se dit de cris comparés à des rugissements. Ils [de saints pénitents] allaient chercher les lieux solitaires pour donner un cours plus libre à leur douleur ; on les entendait non gémir, mais hurler et rugir dans les déserts, Bossuet, Sermons, Vérit. conversion, 1. Plus loin, la torche en main, et rugissant de joie, Alecton…, Delille, Én. IV.

    Fig. Le Seigneur rugira du haut de Sion, et sa voix retentira du milieu de Jérusalem, Sacy, Bible, Joel, III, 16. Ce lion subjugué qui rugit dans sa chaîne, S'il ne vous aimait pas, parlerait moins de haine, Voltaire, Orphel. V, 1.

  • 3Il se dit de bruits comparés à des rugissements. En vain autour de lui les vents ligués rugissent, Delille, Én. VII. Fils de la lance, la bataille rugira sans Armor, Chateaubriand, Dargo, ch. I.

    Fig. Naguère encor, toi qui vivais d'aumônes, Déjà l'orgueil rugit dans tes discours, Béranger, Alchim.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4Activement. Prononcer avec un bruit comparé à un rugissement. Il roule des yeux si féroces en lui parlant, qu'elle en perd connaissance ; ne dirait-on pas qu'il s'apprête à l'emporter dans son antre pour la dévorer ? que diantre peut-il lui rugir ? Ch. de Bernard, la Femme de 40 ans, IX.

HISTORIQUE

XIIe s. Travailez sui e humiliez sui mult, rujowe del gemissement de mun cuer, Liber psalm. p. 50. Li chael [les petits] des leons rugianz, ib. p. 152.

XIIIe s. Il aouvrirent seur moi leur boches si comme lions ravisans et ruianz, Psautier, f° 29. Si com lion qui prant et ruit, Psaumes en vers, dans liber psalm. p. 275.

XVe s. Si très tost que ces bourgeois… aperçurent ces bannieres et ces pennons à grand' foison ventiler et baloier, et ouïrent ces archers ruire… si furent effrayés, Froissart, I, I, 272.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. rugir ; ital. ruggire ; du lat. rugire, où semble se trouver un radical ru, ru-dere, ru-mor, avec des déterminatifs différents. L'ancienne conjugaison était : il ruit, au présent, et ruiant, au participe. Dans le dialecte normand, rujowe représente une forme barbare rugiabam ; rugiebam aurait donné rujeie.