« sangsue », définition dans le dictionnaire Littré

sangsue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sangsue

(san-sue) s. f.
  • 1Animal de la famille des hirudinées, annélides, employé en médecine de temps immémorial, pour pratiquer la saignée capillaire. Mettre des sangsues. Faire dégorger des sangsues. Étant tombé malade, un médecin lui fit, vaille que vaille, appliquer les sangsues, Boursault, Lett. nouv. t. III, p. 386, dans POUGENS. Depuis quelques années on ne se fait tirer du sang communément que par les sangsues, Genlis, Maison rust. t. II, p. 225, dans POUGENS.
  • 2 Fig. Celui qui tire de l'argent du peuple par des voies coupables. Ces sangsues d'État dont le nombre serait suffisant pour remplir les galères, Vauban, Dîme, p. 257. Pauvre peuple, dit un homme d'une haute naissance, prêt à s'allier avec une sangsue publique, pauvre peuple, le ciel m'est témoin que… je condamne du plus profond de mon cœur toutes les voies impies par lesquelles mon futur beau-père s'est enrichi, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvr. t. IV, p. 349. Le point capital serait qu'un peuple entier ne fût point dépouillé par une armée d'alguazils, pour qu'une vingtaine de sangsues de la cour ou de la ville s'abreuvassent de son sang, Voltaire, Dict. phil. Impôt.
  • 3Celui qui dans sa profession exige une plus forte rétribution que celle qui lui revient légitimement. Cet homme de loi est une sangsue pour ses clients.

    Il se dit aussi des parents, des connaissances de quelqu'un qui se font donner de l'argent par lui et vivent à ses dépens. Il prit le parti de se retirer en crevant de rage et de dépit, au lieu de rendre mille grâces au ciel de l'avoir délivré d'une si dangereuse sangsue, Lesage, Guzm. d'Alf. VI, 5. Elle et ses autres enfants et petits enfants devinrent autant de sangsues, dont le moindre mal qu'ils fissent à Thérèse était de la voler, Rousseau, Conf. IX.

  • 4Sangsue volante, vampire phyllostome.
  • 5 Terme rural. Petit fossé creusé dans les terres pour l'écoulement des eaux.

HISTORIQUE

XIIIe s. Qui l'or vermeil et l'argent blanc Cuveite [convoite] cum sangsue sang, Édouard le conf. V. 179. Vous devés savoir qu'il i a une maniere de sansues qui sont venimeuses, Alebrand, f° 14.

XIVe s. L'evacuation qui est faite o [avec] ventouses, l'evacuation o sansues, H. de Mondeville, f° 43, verso.

ÉTYMOLOGIE

Picard, sangsurne, sangsure, sangsourde ; Berry, sangsuée, sangsuie, sangsuge ; génev. sangsuie ; wallon, sânsow ; provenç. sanguisuga ; en lat. sanguisuga, de sanguis, sang, et sugere, sucer. Au XVIe siècle on avait le verbe sangsuer, appliquer des sangsues, tirer du sang par les sangsues.