« savourer », définition dans le dictionnaire Littré

savourer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

savourer

(sa-vou-ré) v. a.
  • 1Goûter avec attention et avec plaisir. Savourez bien ce vin-là.

    Absolument. Convives aimables, savourant avec une attention vraiment philosophique, et donnant à cette étude [la dégustation des mets] tout le temps qu'elle exige, Brillat-Savarin, Physiologie du goût. Médit. XXIX.

  • 2 Fig. Jouir d'une chose avec délices. Les gens grossiers ne virent que les ordures [dans Rabelais], et les savourèrent, Voltaire, Dial. 10. Si je l'eusse pu savourer à mon gré, ce baiser…, Rousseau, Hél. I, 1. Enchantés du présent, calmes sur l'avenir, Savourant du passé l'aimable souvenir, Saint-Lambert, Sais. I. Il est des jours de paix, d'ivresse et de mystère Où notre cœur savoure un charme involontaire, Hugo, Odes, V, 10.

    Par antiphrase, il se dit des choses douloureuses, pénibles. C'est brûler à petit feu, ce me semble, que de savourer ainsi dix ou douze jours une violente inquiétude, Sévigné, 14 août 1676. À qui des prêtres barbares font avec art savourer la mort, Rousseau, Lett. à Voltaire, Corresp. t. III, p. 223, dans POUGENS. [Le consul Brutus] Savourant de son cœur le glorieux tourment, Chénier, le Jeu de paume.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les cinq sens dou cors, ce est dou veoir, de l'oïr, dou flairier, dou savourer et dou touchier, Latini, Trésor, p. 540. L'oudor des roses savourées, la Rose, 1738. L'en doit avoir le cuer à ce c'on prie et eure [orare] ; Car viande est perdue qui bien ne la saveure, J. de Meung, Test. 1468.

XVe s. Entre vous, jeunes gens, qui ne connaissez le monde et qui pas ne pesez ni savourez les choses, exaulcez tantost une folie plus que un bien, Froissart, III, IV, 15.

XVIe s. Le goust et savourer naturel est mué es icteriques, ausquels toutes choses semblent ameres, Paré, Introd. 21. Au semer des melons, aucuns ajoustent les bonnes senteurs et liqueurs, pour en odorer et savourer le fruit [rendre savoureux], De Serres, 539. [Paroles d'un sauvage d'Amérique captif à ses tourmenteurs] : Vous ne recognoissez pas que la substance des membres de vos ancestres s'y tient encores [à mes membres] ; savourez les bien, vous y trouverez le goust de vostre propre chair, Montaigne, I, 244. Les biens de la fortune, touts tels qu'ils sont, encores fault il avoir du sentiment pour les savourer, Montaigne, I, 329.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. saborar ; espagn. saborear ; ital. saporare ; du lat. saporare, donner du goût, de sapor, saveur.