« sourcilleux », définition dans le dictionnaire Littré

sourcilleux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sourcilleux, euse

(sour-si-lleû, lleû-z', ll mouillées, et non sour-si-yeû) adj.
  • 1 Terme de zoologie. Qui porte des espèces de sourcils.
  • 2 Fig. et dans le langage élevé. Qui exprime par ses sourcils la hauteur, l'orgueil, la sévérité. Chercher les moyens de ruiner cette grandeur de la superbe et sourcilleuse maison d'Espagne, Patin, Lett. t. II, p. 268. Ainsi s'expliqueront nos censeurs sourcilleux, Boileau, Épît. x. Dépouillez donc votre écorce, Philosophes sourcilleux, Rousseau J.-B. Odes, IV, 3.

    Il se dit aussi des choses. Toutes les nations qui voyaient notre joie Se disaient d'un air sourcilleux : Il faut que le bonheur où leur Dieu les renvoie Soit bien grand et bien merveilleux, Corneille, Trad. du ps. 125. Pouvez-vous [Francs-Comtois] regretter ces démarches pompeuses [des Espagnols], Ces fastueux dehors, ces grandeurs sourcilleuses, Ces gouverneurs enfin envoyés de si loin, Tout-puissants en parade, impuissants au besoin ? Corneille, Vict. du roi en 1667. Craignons une vieillesse sourcilleuse, Joubert, Pensées, titre x.

    Un front sourcilleux, un front où se peint l'orgueil, l'inquiétude ou la tristesse. Vers cet endroit du chœur où le chantre orgueilleux Montre, assis à ta gauche, un front si sourcilleux, Boileau, Lutr. I.

  • 3 Fig. et poétiquement. Haut, élevé (comme est le sourcil dans le corps humain). Leur insensible pente [des Alpes] Vous conduit par degrés à ces monts sourcilleux Qui pressent les enfers et qui fendent les cieux, Voltaire, Épît. LXXVI, 20. Tel que dans nos jardins un palmier sourcilleux, à nos ormes touffus mêlant sa tête altière, Paraît s'enorgueillir de sa tige étrangère, Voltaire, Henr. VIII. Du haut d'une montagne couronnée par des rocs sourcilleux, ce glacier descend…, Saussure, Voy. Alpes, t. VI, p. 283.

HISTORIQUE

XVIe s. Jà les monts sourcilleux commencent à jaunir Sous le char de ce dieu qu'ils regardent venir, Garnier, Hippol. I, 232. Quel esprit tant sourcilleux Se plaint que de ces autheurs Les poëmes sont menteurs ? Du Bellay, J. III, 34, verso. Puis quelque delicat cerveau, D'une imprudence merveilleuse, Dit que pour un esprit nouveau La matiere est trop sourcilleuse [grave, haute, sérieuse], Du Bellay, J. III, 91, verso. On a grand tort de la peindre [la philosophie] d'un visage renfrogné, sourcilleux et terrible, Montaigne, I, 175. Je demande à ces sourcilleux [gens austères], s'ils veulent estre plus sages que les apostres, D'Aubigné, Conf. II, 2.

ÉTYMOLOGIE

Lat. superciliosus, de supercilium, sourcil.