« source », définition dans le dictionnaire Littré

source

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

source

(sour-s') s. f.
  • 1L'eau qui commence à sourdre, qui sort de terre, et qui est l'origine d'un cours d'eau grand ou petit. Sources salées. Sources sulfureuses, ferrugineuses. La Seine prend sa source en Bourgogne. La source est à chercher plutôt que les ruisseaux, Tristan, M. de Chrispe, IV, 11. Les anciens ont mis les sources du Nil dans les montagnes appelées vulgairement les Montagnes de la Lune, au 10e degré de latitude méridionale, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. I, p. 30, dans POUGENS. L'Asie… est coupée en plus grands morceaux par les mers ; et, comme elle est plus au midi, les sources y sont plus aisément taries, Montesquieu, Esp. XVII, 6. Le fleuve Mississipi a plus de sept cents lieues d'étendue depuis son embouchure jusqu'à quelques-unes de ses sources, qui ne sont pas éloignées du lac des Assiniboils, Buffon, Hist. nat. preuv. th. terr. Œuvr. t. II, p. 69. Quelques jours après, nous montâmes à la source de la fontaine Castalie, dont les eaux pures et d'une fraîcheur délicieuse forment de belles cascades sur la pente de la montagne, Barthélemy, Anach. ch. 22. Source limpide et murmurante, Qui de la fente du rocher Jaillis en nappe transparente, Lamartine, Harm. II, 5.

    Source intermittente, source qui a des intervalles où elle cesse de couler.

    Sources inflammables, feux naturels produits par du gaz hydrogène carboné.

    Couper une source, l'intercepter, l'empêcher d'arriver là où sa pente la conduisait.

    Fig. Hélas ! Que ne peut-il [le prince de Conti] voir le mal et en couper la source ! Rousseau, Lett. à du Peyrou, 9 oct. 1757.

    Couler de source, se dit d'une eau vive qui vient d'une source.

    Fig. Cela coule, cela vient de source, cela est dit, écrit ou fait d'une manière facile et naturelle. Vous êtes intarissable, et vos lettres viennent de source, on le voit bien, Sévigné, 14 juill. 7167. Vous écrivez divinement, je suis sûre que vous n'y pensez pas, et que tout ce que vous dites… coule de source de votre cœur au bout de votre plume, Sévigné, à Mme de Grignan, 15 déc. 1688. Quand il [l'amour divin] sera tourné en habitude, les actes couleront de source sans aucun besoin de les exciter, Bossuet, Ét. d'orais. v, 28. Rien ne coule de source et avec liberté ; ils parlent proprement et ennuyeusement, La Bruyère, V. On sent que tant de beautés ont coulé de source, et n'ont rien coûté à celui qui les a produites, D'Alembert, Él. Massillon.

  • 2L'endroit d'où l'eau sort. Remonter une rivière jusqu'à sa source.
  • 3 Fig. Il se dit des pays qui sont abondants, fertiles en certaines choses et qui les répandent au dehors. Le Pérou est une source abondante de métaux précieux. Je lui ai proposé d'aller à Paris, comme à la source de tous les biens et de tous les maux, Sévigné, 16 oct. 1680. Ce pays est très beau, et Caen la plus jolie ville, la plus avenante… et enfin la source de tous nos plus beaux esprits, Sévigné, 5 mai 1689.
  • 4 Fig. Ce qui laisse découler de soi, comme la source laisse découler son eau ; origine, principe. Vous devez pourtant me permettre d'être galant à cette heure que je me trouve à la source de la galanterie et au lieu d'où elle s'est répandue par le monde, Voiture, Lett. 38. Comme son pouvoir est la source du tien, Corneille, Nicom. IV, 4. Ce sont des larmes douces, dont la source n'est point amère, Sévigné, 19 nov. 1688. Les villes les plus célèbres venaient apprendre en Égypte leurs antiquités et la source de leurs plus belles institutions, Bossuet, Hist. III, 3. Ô Seigneur, dit le roi-prophète, mon cœur ne s'est point haussé ; voilà l'orgueil attaqué dans sa source, Bossuet, Mar.-Thér. Allons à la source du mal, et apprenez une bonne fois à vous connaître vous-mêmes, Bourdaloue, Myst. Résurrec. de J. C. t. I, p. 355. La pensée de la mort fut la source féconde de tant d'œuvres de justice et de charité que Mme d'Aiguillon a pratiquées, Fléchier, Aiguill. Des larmes d'Octavie on peut tarir la source, Racine, Brit. III, 3. Ciel ! verra-t-on toujours par de cruels esprits Des princes les plus doux l'oreille environnée, Et du bonheur public la source empoisonnée ? Racine, Esth. III, 4. Le cœur est la source de toutes les erreurs dont nous avons besoin ; il ne nous refuse rien dans cette matière-là, Fontenelle, Dial. 2, Morts anc. Comment un soleil peut-il s'obscurcir et s'éteindre, dit la marquise, lui qui est en lui-même une source de lumière ? Fontenelle, Mond. 5e soir. Remontez à la source de ces frayeurs excessives qui vous rendent l'image et la pensée de la mort si terrible, Massillon, Carême, Mort. Ne vous en tenez pas à la surface de vos désirs qui vous trompent, en ne vous offrant rien que de louable ; allez à la source ; sondez-en les vues les plus secrètes, Massillon, Myst. Œuvr. de misér. Le prince de Conti était à la source des bons conseils et des grands exemples, Massillon, Or. fun. Conti. Ce changement continuel de magistrats était une source inépuisable d'intrigues et de désordres, Raynal, Hist. phil. XIX, 2. Ce commandement [le 4e du Décalogue] est pris à la source même de la nature, Chateaubriand, Génie, I, II, 4.
  • 5 Fig. Il se dit d'une personne de qui découlent des biens, des avantages. Ne négligez jamais de consulter M. l'archevêque [d'Arles] ; c'est la source du bon sens, de la sagesse des expédients, Sévigné, 20 nov. 1673. De la retraite de M. le Tellier coulait une source secrète de sages conseils sur tous les serviteurs fidèles, Bossuet, le Tellier. Elle [madame la Dauphine] allait à la source des grâces [le roi] avec une humble confiance, Fléchier, Dauphine. Ne serez-vous pas trop heureux, ô Idoménée, d'être la source de tant de biens ? Fénelon, Tél. XI. Est-il de plaisir plus doux pour un bon cœur que de devenir une source de salut et de bénédiction pour ses frères ? Massillon, Pet. carême, Vices et vert. des gr.
  • 6Il se dit des ancêtres, de l'origine des familles. Ce n'est point chez nous que nous trouvons ces titres, c'est dans des chartes anciennes et dans des histoires ; ce commencement de maison me plaît fort : on n'en voit point la source, Sévigné, à Bussy, 22 juill. 1685. Dieu, qui d'un seul homme a voulu former tout le genre humain, et de cette source commune le répandre sur toute la terre, Bossuet, Mar.-Thér. Quelque glorieuse que fût la source dont il sortait, l'hérésie des derniers temps l'avait infectée, Fléchier, Duc de Mont. Un sang qui prend sa première source dans le trône, qui coule sans interruption depuis tant de siècles, Massillon, Or. fun. Louis le Gr. Je n'ai point de mon sang déshonoré la source, Voltaire, Brutus, III, 8. Le sang de Dardanus vient retrouver sa source, Delille, Én. VII.
  • 7Les sources de la vie, les organes principaux nécessaires à la vie. Et cette émotion dont son âme est remplie A bientôt épuisé les sources de sa vie, Voltaire, Zaïre, III, 4.

    Les sources de la vie, se dit aussi des fonctions de la génération. Il y a deux siècles qu'une maladie inconnue à nos pères passa du nouveau monde dans celui-ci, et vint attaquer la nature humaine jusque dans la source de la vie et des plaisirs, Montesquieu, Esp. XI, 11.

  • 8 Terme de théologie. Les sources de la grâce, les sacrements.
  • 9En un sens particulier. Texte original. Si l'on allait à la source, on verrait qu'il y enseigne tout le contraire, Pascal, Prov. XI. Quand les jeunes gens ont lu ces auteurs en français, ils en savent les choses, et ils sont plus disposés à s'instruire dans les sources, Dumarsais, Œuvr. t. I, p. 230. L'abbé Dubos a puisé dans de mauvaises sources pour un historien, Montesquieu, Esp. XXVIII, 3. On a cité souvent dans l'Encyclopédie française les sources primitives, D'Alembert, Préf. 3e vol. Encycl. Œuvr. t. I, p. 379.
  • 10Il se dit de l'origine d'une nouvelle, d'un bruit, de ceux qui en sont les auteurs. Tenir une nouvelle de bonne source. Il sait toujours des nouvelles, il est à la source, il puise à la source. Je voudrais bien que ce que je vous ai mandé de M. de la Trousse ne retournât point à sa source, Sévigné, 26 août 1685. Examinons ce bruit, remontons à sa source, Racine, Phèdre, II, 6.
  • 11 En termes de marine. La source du vent, le point d'où il souffle.
  • 12S. f. pl. Terme d'architecture. Ensemble de fontaines et de ruisseaux artificiels, formant une espèce de labyrinthe d'eau, orné çà et là de bouillons. Bosquet de sources.

HISTORIQUE

XIIe s. Car n'est de mei la surse de la suspension, Mais d'Alissandre pape…, Th. le mart. 141. Li prophetes alad as surses des eves, Rois, 350.

XIIIe s. Nostre dame sainte Marie, Qui fontaine est de cortoisie, Et de douceur sourse est et dois (voy. DOIT 2), G. de Coinci, Du cierge. Li lox [le loup] à la sorse beveit, E li aigniaus à vaul esteit, Marie de France, Fabl. 2.

XVe s. Le roy se departit de l'eglise pour venir au palais ; et y avoit au milieu de ce palais une fontaine qui rendoit vin blanc et vin vermeil par plusieurs sources, Froissart, IV, p. 339, dans LACURNE.

XVIe s. À Ronsard, l'Apollon de la source des Muses, Vers mis par Marie Stuart à un cadeau qu'elle fit à Ronsard, dans D'ALEMBERT, Éloges, Malet.

ÉTYMOLOGIE

Féminin de l'ancien participe sors ou sours, du verbe sourdre (voy. ce mot) ; bourg. sorce.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SOURCE. Ajoutez :

PROVERBE

Sources hautes, blé cher ; sources basses, blé à bon marché.