« sourcil », définition dans le dictionnaire Littré

sourcil

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sourcil

(sour-si ; quelques-uns, à tort, prononcent sou-si ; l'l ne se lie jamais : un sour-si épais ; au plur. l's se lie : des sour-si-z épais) s. m.
  • 1Poil en forme d'arc au-dessus de l'œil. L'extrémité interne du sourcil porte le nom de tête, et l'externe celui de queue. Il ne m'est plus rien resté qui ne soit changé, sinon que j'ai encore les sourcils joints, qui est la marque d'un fort méchant homme, Voiture, Lett. 42. Sous un sourcil épais il avait l'œil caché, La Fontaine, Fabl. XI, 7. Jupiter leur parut avec ses noirs sourcils, Qui font trembler les cieux sur leurs pôles assis, La Fontaine, Phil. et Bauc. Je tiendrais un roi Bien malheureux s'il n'osait rire ; C'est le plaisir des dieux ; malgré son noir sourcil, Jupiter et le peuple immortel rit aussi, La Fontaine, Fabl. XII, 12. Après les yeux, les parties du visage qui contribuent le plus à marquer la physionomie sont les sourcils, Buffon, Hist. nat. hom. Œuvr. t. IV, p. 288. On fait encore aujourd'hui grand cas en Perse de gros sourcils qui se joignent, Buffon, ib. p. 334.

    Froncer le sourcil, voy. FRONCER.

  • 2 Fig. Air hautain. Le sourcil rehaussé d'orgueilleuses chimères, Boileau, Sat. X. Fleury [le cardinal]… sans jamais laisser entrevoir sur son visage ni les sourcils de la fierté, ni les grimaces de l'hypocrisie, Voltaire, Louis XV, 3.
  • 3Chez les oiseaux, trait longitudinal et coloré qui se remarque parfois au-dessus de l'œil.
  • 4 Terme d'anatomie. Sourcil cotyloïdien, le bord de la cavité cotyloïde l'os iliaque.
  • 5Sourcils de hanneton, franges qui portent de petites houppes imitant les deux antennes de cet insecte. Sourcils de hanneton pour les robes, Dict. des arts et mét. rubanier.
  • 6Double-sourcil, fauvette d'Afrique.

REMARQUE

À hanneton, l'Académie, qui n'a rien à souci, ni à sourcil, écrit souci d'hanneton ; est-il bien sûr que souci soit la vraie forme, et qu'il ne faille pas y voir la prononciation sou-si pour sourcil, et entendre sourcil au sens de rebord ? Le fait est que souci signifiant soit le soin inquiet, soit la fleur, ne se comprend guère en souci d'hanneton. D'ailleurs sourcil est donné par un texte, le Dictionnaire des arts et métiers. Le même texte dit de hanneton, et non, comme le veut l'Académie, d'hanneton.

HISTORIQUE

XIIe s. E autres maus [il] a tant sur sei, N'a sorcille ne ungle al dei [doigt], Benoit de Sainte-Maure, II, 12071.

XIIIe s. Li huans [chat-huant] lieve les sorciz, Quant il ot parler de ses filz, Ren. 28615. Le front ot [Liesse] blanc, poli, sans fronce, Les sorcis bruns et enarchiés, la Rose, 847. Si surcil sont brun et petit, Fl. et Bl. 2853.

XVe s. Le viaire [visage] avoit d'une couleur brune et palle, les sourcieulx grans et longs aussi blancs que noix [neige], Perceforest, t. I, f° 37.

XVIe s. L'on ne veoit rien en sa face qui separast ses deux yeulx, ains estoient ses sourciz tous conjoincts, Amyot, Public. 32. Il froncea ses sourcilz et frappa sa cuisse, Amyot, Pomp. 46. Tousjours l'esprit joyeux porte haut le sourci, Et le melancholique en soy mesme se pasme, Ronsard, 258. La base de l'os des iles se nomme le bord, ou levre, ou sourcil, Paré, IV, 34. Fermant l'œil gauche entierement, et guignant du dextre avecques profonde depression de la sourcille et paupiere, Rabelais, Pant. II, 19. Non autrement qu'on voit parmy les nues Les haults sourcils des grands Alpes chenues, Du Bellay, J. III, 5, recto. Ils rejettent d'un sourcil plus que stoïque, Du Bellay, J. I, 3, verso.

ÉTYMOLOGIE

Génev. Berry et norm. souci ; provenç. sobrecill, et sobrecilha ; portug. sobrancelha ; ital. sopracciglio ; du lat. supercilium, de super, sur, et cilium, paupière (voy. CIL).