« superlatif », définition dans le dictionnaire Littré

superlatif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

superlatif, ive

(su-pèr-la-tif, ti-v') adj.
  • 1 Terme de grammaire. Qui exprime la qualité bonne ou mauvaise portée au plus haut degré. Adjectif superlatif. Les terminaisons superlatives dans la langue latine. Elle [la langue française] n'aime point les exagérations, parce qu'elles altèrent la vérité ; et c'est pour cela sans doute qu'elle n'a point de ces termes qu'on appelle superlatifs, non plus que la langue hébraïque, Bouhours, Entret. d'Ar. et d'Eug. 2.

    Par extension et familièrement, qui a un caractère d'excellence. Il invita le ban et l'arrière-ban du canton à une veillée superlative dont son fils et les conscrits devaient être les héros, Élie Berthet, la Ferme de la Borderie, I.

  • 2 S. m. Un superlatif, un adjectif mis au degré superlatif. Cet adjectif, cet adverbe est un superlatif. Eminences et excellences, mots introduits ; ceux d'éminentissime et d'excellentissime n'ont point encore passé les monts ; le cardinal du Perron a fait inutilement tout ce qu'il a pu pour introduire illustrissime ; le cardinal de Richelieu a été plus heureux à faire passer le mot généralissime, qui est le seul superlatif que nous ayons, Guez de Balzac, Socrate chrétien, x. Ce superlatif [sérénissime] ne leur [aux ducs de Lorraine] est venu dans la tête que lorsque leurs cadets se sont fait traiter d'altesse, Saint-Simon, 58, 225. Quand on est pourvu, à un certain point, de l'esprit d'admiration, on n'est pas autrement fourni de celui de lumière et de critique ; on prend volontiers ses instructions dans le geste et dans les superlatifs du cicerone qui vous conduit, Falconet, Œuv. div. t. III, p. 73. La plupart de vos écrivains en prose [vous Italiens] aujourd'hui ont un langage si déclamatoire, si diffus, si abondant en superlatifs, Staël, Corinne, VII, 1.

    Superlatif absolu, celui qui exprime la qualité portée à un très haut degré, sans rapport à autre chose ou à autre personne : par exemple, très sage. Superlatif relatif, celui qui exprime la qualité avec rapport à autre personne ou à autre chose : par exemple, le plus sage.

    Superlatif d'infériorité, celui qui se compose avec les mots le moins, en français : le moins grand de tous.

  • 3Au superlatif, loc. adv. Extrêmement. Il est sot et vain au superlatif.

HISTORIQUE

XIIIe s. L'une [vie du monde] fu vie positive, Et l'autre [vie des couvents] fu superlative, J. de Meung, Tr. 995.

XIVe s. En Portingal irons ensamble par avis, Et si li gasterons sa terre et son païs, Qu'il ne li demourra vaillant un parisis : Du royaulme serons roys et suppellatis, Guesclin. 9902.

XVe s. Sur quoy povons noter estre les plus suppellatifs biens les celestielles choses, Christine de Pisan, Charles V, I, 4. Seigneurs, dit la royne, je prie au Dieu superlatif qu'il gart le roy mon seigneur, Perceforest, t. I, f° 55.

XVIe s. Ce mesme personnage (je di Bembo) use d'adverbes ayant forme de superlatifs, lesquels je confesse que notre langue n'ha point… mais je respons premierement que les Grecs nous ont faict le plaisir de nous prester une petite particule, laquelle mestans devans les adverbes aussi bien que devant les noms, exprimons ceste superlation, H. Estienne, Précellence. Moiennant laquelle conduite sera ce bestail au superlatif degré de graisse dans trois mois, De Serres, 326. Il fait trophée de ses tromperies, es quelles il estoit un superlatif, Pasquier, Rech. VIII, p. 751, dans LACURNE. Si jamais arbalestier du pays, lesquels sont suppelatifz en toute Guyenne…, Rabelais, IV, 52.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. superlatiu ; espagn. et ital. superlativo ; du lat. superlativus, de super, au-dessus, et latum, porter.