« tentation », définition dans le dictionnaire Littré

tentation

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tentation

(tan-ta-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Mouvement intérieur par lequel on est porté à des choses soit indifférentes, soit mauvaises. Je n'ai jamais eu de si basse tentation que celle du gain, Guez de Balzac, liv. II, lett. 4. Il me prend des tentations d'accommoder tout son visage à la compote, Molière, G. Dand. II, 4. Je suis un peu étonnée que l'air du menuet ne vous donne pas la moindre tentation ; quoi ! pas une seule agitation dans les jambes ? Sévigné, 404. Avouons de bonne foi qu'il n'y a point de tentation égale à celle de la puissance, ni rien de plus difficile que de se refuser quelque chose, quand les hommes vous accordent tout, Bossuet, Polit. X, 6, 1. Ces idoles que le monde adore, à combien de tentations délicates ne sont-elles pas exposées ! Bossuet, Duch. d'Orl. J'ose dire que de toutes les tentations dont les princes ont le plus à se garder, ce sont celles qui les poussent à tirer tout ce qu'ils peuvent de leurs sujets, Vauban, Dîme, p. 230. L'homme est plus libre d'éviter les tentations que de les vaincre, Rousseau, Hél. VI, 6. Ignores-tu qu'il est des tentations déshonorantes qui n'approchèrent jamais d'une âme honnête, qu'il est même honteux de les vaincre, et que se précautionner contre elles est moins s'humilier que s'avilir ? Rousseau, ib. IV, 13. N'exposez plus votre vie aux tentations de la misère et du désespoir, Rousseau, Ém. IV. Il n'y a point de tentation sans espoir, Rousseau, Gouv. de Polog. ch. VIII.
  • 2En matière de religion, sollicitation au mal par la suggestion du diable ou par celle de la concupiscence. La flamme est l'épreuve du fer, La tentation l'est des hommes, Corneille, Imit. I, 13. Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Molière, Tart. III, 2. Tant de tentations qui accablent la nature humaine, Bossuet, Reine d'Anglet. Jésus-Christ trouve pour nous tant de tentations et une telle malignité dans tous les plaisirs, qu'il vient troubler les plus innocents dans ses élus, Bossuet, Mar.-Thér. Toutes les créatures sont un piége et une tentation à l'homme, Bossuet, Comédie, 10. Le dépouillement religieux y met à couvert de la tentation des richesses… et quand je dis la tentation des richesses… que de tentations renfermées dans celle-là seule ! Massillon, Profess. relig. Serm. 2.

    Particulièrement. La tentation d'ève et d'Adam par le serpent. L'exemple et la complaisance fortifiant la tentation, il [Adam] entre dans les sentiments du tentateur si bien secondé [par ève], Bossuet, Hist. II, 1.

HISTORIQUE

XIIe s. Sulunc le jurn de temptacium el desert, Liber psalm. p. 139. Si la temptacions ravist aulcune foiz la pense juske al delit [plaisir], Job, p. 452. Avient à la fois ke al tens de temptation fiert si grant folie nostre savoir…, ib. p. 503.

XIIIe s. Ne nos moine mie en tentation, mès delivre nos de mal, Psautier, f° 198.

XIVe s. Les stoyciens disoient que celui qui est vertueux ne sent nulle passion ne temptacion de ire ne de concupiscence, Oresme, Éth. 38.

XVe s. Temps de doleur et de temptacion ; Age de plour, d'envie et de tourment, Deschamps, Du temps présent.

XVIe s. Le despit est la plus forte tentation de toutes les autres, Marguerite de Navarre, Nouv. XVIII.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, temmtâssion, provenç. temptacio, tentacio ; espagn. tentacion ; ital. tentazione ; du lat. tentationem, de tentare, tenter.