« tribulation », définition dans le dictionnaire Littré

tribulation

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tribulation

(tri-bu-la-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • Affliction, adversité. Serait-il point, compère, à votre passion Arrivé quelque peu de tribulation ? Molière, Éc. des f. IV, 8. Tout le monde a ses tribulations, Sévigné, 512. Le mal [la maladie de votre frère], en me faisant une petite tribulation, m'ôte cette crainte que me donne toujours une joie sans nuage, Sévigné, 9 oct. 1680. Ce fut alors que commencèrent les tribulations d'auteur, Marmontel, Mém. III.

    En un sens particulier, l'adversité considérée dans un sentiment religieux. Pensez en quel danger est leur salut dans cette maudite terre de tribulation et d'angoisse, Patru, 3e plaidoyer. Ce sont des tribulations, il est vrai, mais des tribulations salutaires, Bourdaloue, Myst. Asc. de J. C. t. I, p. 415. Tandis que tant d'infortunés mangent un pain de tribulation et d'amertume, la terre ne semble produire que pour vous seuls, le soleil ne se lever et se coucher que pour vous seuls, Massillon, Pet. Carême. Vices et vert. des grands.

REMARQUE

Tribulation ne se dit dans le style sérieux que des afflictions morales. Dans le style moqueur ou goguenard, il peut s'appliquer aux souffrances physiques. Qui est-ce qui peut s'assujétir à un rôle pareil, si ce n'est le misérable qui trouve là, deux ou trois fois la semaine, de quoi calmer la tribulation de ses intestins ? Diderot, le Neveu de Rameau.

HISTORIQUE

XIIe s. E vus encuntre avez degeté Deu vostre Seigneur, ki vus salvad de tuz voz mals e de tutes vos tribulatiuns, Rois, p. 35. Ayez nes [même] glore en la tribulation, si cum dist li apostles, Saint Bernard, 565.

XIIIe s. Seneschal, fist li roys, de teles tribulacions quant elles aviennent aus gens… dient les sains que ce sont les menaces de nostre Seigneur, Joinville, 285.

XIVe s. Tribulacion ou adversité, Oresme, Éth. 25.

XVe s. Ainsi par toutes terres estoit en ce temps le monde en tribulation et en guerre, Froissart, II, II, 225. En cette tribulation [crainte d'être attaqués] demeurerent ceux en ce faubourg, Froissart, I, I, 32.

XVIe s. Lorsque les vrais catholiques tombent en tribulation, pour cela leur ame n'est point troublée, Lanoue, 516.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. trebulatio, tribolacio ; esp. tribulacion ; ital. tribulazione, du lat. tribulationem, de tribulare, tourmenter, proprement presser avec la herse, de tribulum, sorte de herse, qui vient du grec τρίϐολος, herse, où τρι, ayant l'ι long, représente τρίϐω, écraser, plus un suffixe.