« verdeur », définition dans le dictionnaire Littré

verdeur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

verdeur

(vèr-deur) s. f.
  • 1Humeur, séve du bois qui n'est pas mort ou qui n'est pas encore sec. La verdeur et autres défectuosités du bois [de charpente et de menuiserie], Genlis, Maison rust. t. I, p. 19, dans POUGENS.

    Fig. Ma tige a refleuri de séve et de verdeur ; Seigneur, je vous bénis ! Hugo, Odes, v, 14.

  • 2Ce qu'il y a de rude dans les fruits verts et le vin nouveau. Le plomb uni aux acides fait un sel fort doux qui corrige au goût la verdeur du vin, mais qui est un poison pour ceux qui le boivent, Rousseau, Ém. III.

    Fig. Aussi voit-on dans ses premiers écrits [de J. J. Rousseau] une plénitude étonnante, une virilité parfaite ; et dans les miens, tout se ressent de la verdeur ou de la faiblesse d'un talent que l'étude et la réflexion n'ont pas assez longtemps mûri, Marmontel, Mém. IV.

  • 3 Par extension, force du vin. Villandri priserait sa séve et sa verdeur [d'un vin], Boileau, Sat. III.
  • 4 Fig. Jeunesse, vigueur chez les hommes. Le but que j'avais tant de peine à trouver dans la verdeur de mon âge, La Mothe le Vayer, la Promenade, Dial. II. Je regardai ce trait d'ambition [du duc de Noailles] comme une verdeur de jeunesse gâtée par tout ce qui peut flatter le plus à tout âge, Saint-Simon, 318, 149.
  • 5Fig. âpreté de paroles. La verdeur d'une réponse.

HISTORIQUE

XIIIe s. La dame est jà par la verdour [verdure] En un verger cueillant la flour, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 9. Et quand l'un [arbre] en sa verdor dure, Les plusors i sunt sans verdure, la Rose, 5976.

XIVe s. Bouli en un petit pot en eaue clere pour oster la premiere verdeur, Ménagier, II, 5.

XVe s. À jeunes gens qui sont en leur verdeur, Orléans, Songe en complainte.

XVIe s. Je vous fais un present de ceste sempervive ; Elle vit longuement en sa jeune verdeur, Ronsard, 260. La couleur se changeant en verdeur, noirceur, lividité, Paré, IX, 24. Ils esperoient que cette armée en sa verdeur lui donneroit moyen de s'estendre et s'asseurer, D'Aubigné, Hist. II, 407. La maturité a ses defaults, comme la verdeur, et pires, Montaigne, IV, 221. J'ay passé une bonne partie de mon aage en une parfaicte et entiere santé… cet estat plein de verdeur et de feste…, Montaigne, II, 51.

ÉTYMOLOGIE

Vert ou verd ; provenç. et espagn. verdor ; ital. verdore.