« vigoureux », définition dans le dictionnaire Littré

vigoureux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vigoureux, euse

(vi-gou-reû, reû-z') adj.
  • 1Qui a de la vigueur physique. Homme, cheval vigoureux. Les troupes, aussi vigoureuses que disciplinées, n'attendaient que les derniers ordres de ce grand capitaine et l'ardeur que ses yeux inspirent, Bossuet, le Tellier. Ces sages d'Égypte avaient étudié le régime qui fait les esprits solides, les corps robustes, les femmes fécondes et les enfants vigoureux, Bossuet, Hist. III, 3. C'est un vieillard assez vigoureux ; j'ai demandé quel homme c'était, Fénelon, Tél. VI. Mon tempérament, quoique vigoureux, n'avait pu soutenir les combats de tant de passions contraires, Rousseau, Conf. IX.

    Végétation vigoureuse, état des végétaux qui croissent avec force. La végétation était encore plus vigoureuse que dans les baies où nous avions abordé, La Pérouse, Voy. t. III, p. 50, dans POUGENS.

  • 2Qui a de la vigueur morale. Je sais que vous êtes aussi vigoureux ami que je suis, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 7. Douce, familière, agréable autant que ferme et vigoureuse, la reine savait persuader et convaincre aussi bien que commander, Bossuet, Reine d'Anglet. J'aime les gens vigoureux qui savent se rendre maîtres des autres, Fénelon, Dial. des morts mod. Dial. 16.
  • 3En parlant des choses. Qui se fait avec vigueur, où il y a de la vigueur. Ces haines vigoureuses Que doit donner le vice aux âmes vertueuses, Molière, Mis. I, 1. Et l'on m'a vu pousser dans le monde une affaire D'une assez vigoureuse et gaillarde manière, Molière, ib. III, 1. La chaleur de quelques médecines un peu vigoureuses qu'il [Ch. de Sévigné] avait prises à Paris, Sévigné, 8 sept. 1680. Sans dire que l'on redoutait davantage les conseils de celle [maison] d'Autriche, ni qu'on trouvait quelque chose de plus vigoureux dans les armes et dans le courage de celle de France, Bossuet, Mar.-Thér. Mme de Bernières, mon ancienne amie, outrée du libelle [de l'abbé Desfontaines], m'écrit, il y a huit jours, une lettre pleine de cette amitié vigoureuse dont votre cœur est si capable, Voltaire, Lett. Helvétius, janvier 1739. Toutes les fois que Corneille a quelque chose de vigoureux à traiter, on le retrouve, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Théodore, III, 3. Tout le mal qui a résulté de la détestable invention des billets de confession, et tout le bien qu'a fait la chrétienne et vigoureuse résistance du parlement de Paris, Voltaire, Facéties, Mandement d'Alexis.
  • 4 Terme de peinture. Qui a force et fermeté. Pinceau vigoureux. Une touche vigoureuse. Des tons vigoureux. Un des jolis tableaux du Salon, si les têtes étaient vigoureuses, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 376, dans POUGENS.

    Dessin vigoureux, se dit quand le crayon accuse les formes d'un trait ferme.

    Coloris vigoureux, se dit quand les teintes et les tons forment des oppositions vives avec les clairs.

    Se dit d'un tableau où les lumières sont fortes, où les ombres arrondissent bien les objets.

HISTORIQUE

XIIIe s. La quinte vertus si est qu'il [le bailli] doit estre hardis et viguereux, sans nule parece, Beaumanoir, I, 6. Cil qui tient en baronnie doit estre durment vigreux de faire tenir les choses dont li jugemens a esté fais autrefois en sa cort, Beaumanoir, LXVI, 5.

XIVe s. Nous voion que, par nature, la main dextre est la meilleur et la plus vigoureuse, Oresme, Éth. 156.

XVIe s. La vertu, ne plus ne moins qu'une forte et vigoureuse plante, peut prendre pied et racine en tout lieu, Amyot, Demosth. 1.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, vigreu, jovial, gai ; provenç. vigoros ; espagn. et ital. vigoroso ; du lat. vigorosus (QUICHERAT, Addenda), de vigor, vigueur.