« vil », définition dans le dictionnaire Littré

vil

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vil, ile

(vil, vi-l') adj.
  • 1Qui est de peu de valeur. Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? Racine, Ath. III, 7.

    Une chose de vil prix, une chose de peu de valeur.

    Cette marchandise est à vil prix, elle est à beaucoup meilleur marché qu'à l'ordinaire.

    Vendre, acheter à vil prix, vendre, acheter fort au-dessous de la valeur. On prit la croix à l'envi ; les églises et les cloîtres achetèrent à vil prix beaucoup de terres des seigneurs, Voltaire, Mœurs, 54.

  • 2 Fig. Bas, abject, méprisable. L'on a trouvé [par orgueil] le moyen de distinguer les naissances illustres d'avec les naissances viles et vulgaires, Bossuet, Gornay. Un vil amour du gain, infectant les esprits, De mensonges grossiers souilla tous les écrits, Boileau, Art p. IV. Mardochée à ses yeux est une âme trop vile…, Racine, Esth. II, 1. Qu'importe qu'au hasard un sang vil soit versé ? Racine, Athal. II, 5. Loi terrible qui mettait entre les mains de ces personnes viles [les dénonciateurs] le soin de la vengeance publique, domestique et particulière, Montesquieu, Esp. XXVI, 19. Vous citez Dion Cassius, vil Grec, vil écrivain, vil flatteur, vil ennemi de Cicéron, Voltaire, Lett. Hénault, 26 févr. 1768. Une esclave chrétienne, et que j'ai pu laisser Dans les plus vils emplois languir sans l'abaisser, Voltaire, Zaïre, IV, 5.

    S. m. Ce qui est vil, bas, honteux. Cette prudence qui lui fit discerner le vrai d'avec le faux, le vil d'avec le précieux, Fléchier, Mme d'Aiguillon.

HISTORIQUE

XIe s. Cels ki ci sunt, devum aveir mult vil, Ch. de Rol. XCIII.

XIIe s. Car tost [nous] en seriens blasmé et vil tenu, Sax. XXVIII. Cument, sire, je sui vils cume chiens à ces de Juda, cume cil ki est chief des fols ki abaient vers David, Rois, 129. Cil siet al fembrier [au fumier], ki vis choses et despites sent de soi meismes, Job, p. 450.

XIIIe s. Il [les barons] sont plus vil qu'oncques mais ne vi si, Quesnes, Romanc. p. 98. N'en doit pas estre viols tenue, Partonop. v. 1328. Povres et viols fu et caitis, ib. v. 2551. Quant Adans fu en aage de neuf cens ans et trente, il morut, si comme il plot à celui qui l'avoit fait de vilterre, Latini, Trésor, p. 28. Les mors cuers [cœurs] pereceux et vieux, Anc. poésies franç. Vatic. dans LACURNE.

XVIe s. Les proprietaires les abandonnoient à bien vil prix, Amyot, Crassus, 3. Bon citoyen estoit il, non point bas, ne vil de cueur, Amyot, Nicias, 7. Une personne de vile condition, Amyot, ib. 21. J'ay toutes mesaultres parties viles et communes, mais en celle-là [la mémoire, qu'il avait très mauvaise]…, Montaigne, I, 33.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. vil, vilh ; espagn. vil ; ital. vile ; du lat. vilis.