« écume », définition dans le dictionnaire Littré

écume

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écume

(é-ku-m') s. f.
  • 1Sorte de mousse blanchâtre qui se forme à la surface des liquides agités, chauffés, ou en fermentation. L'écume de la mer. L'écume du pot au feu. Le vent avec fureur dans les voiles frémit, La mer blanchit d'écume, et l'air au loin gémit, Boileau, Longin, VIII. La rive au loin gémit blanchissante d'écume, Racine, Iphig. V, 6.

    Écume de mer, un composé de plantes marines et de polypiers que les vagues jettent sur le rivage, et dont on se sert pour engraisser les terres.

  • 2Bave de certains animaux. Chevaux couverts d'écume. Ils [les coursiers] rougissent le mors d'une sanglante écume, Racine, Phèd. V, 6.

    Écume de terre ou écume printanière, dite aussi crachat de coucou, crachat de grenouille, écume dont s'enveloppe la larve d'un insecte hémiptère (l'aphrophore écumeuse). On a donné le nom d'écumes printanières à ces amas de matière mousseuse qu'on voit au printemps sur les herbes des prairies ; le peuple, qui en ignore la vraie nature, les prend pour des crachats de différents animaux ; Poupart est le premier qui nous en ait donné l'histoire, Bonnet, Contempl. nat. XIIe part. ch. 13.

    Il se dit quelquefois de la sueur qui s'amasse sur le corps du cheval. Ce cheval était couvert d'écume, Dict. de l'Acad.

  • 3 Fig. Partie la plus vile d'une foule. C'est l'écume de la société. Elle [une colonie] n'était point engendrée de cette écume de l'Europe, que la France avait comme vomie dans le nouveau monde au temps du Système, Raynal, Hist. phil. XVI, 8.
  • 4Scorie des métaux en fusion.

    Terme d'architecture. Nom du mâchefer dans les ouvrages de rocailles.

    Terme de minéralogie. Écume de terre, substance calcaire, blanc jaunâtre ou verdâtre des montagnes de Thuringe et de Misnie.

    Écume de fer, fer écailleux, fer oligiste.

    Écume de manganèse, variété de manganèse terreux.

    Écume de mer, nom impropre d'une variété blanche et légère de magnésite, dont on fait les pipes dites d'écume de mer. Werner donne aussi à la magnésite le nom de Meer Schaum, écume de mer ; ce qui paraît mettre à néant l'opinion de ceux qui disent que pipe d'écume de mer est une corruption pour pipe de Cummer, nom du prétendu inventeur de ces sortes de pipes. Écume de mer, sorte de faïence ou de terre de pipe produite artificiellement de la manière suivante : on extrait de certaines carrières de la Crimée cette terre de pipe qu'on étend, qu'on agite et qu'on lave pendant plusieurs jours dans de grands bassins remplis d'eau ; on la broie et on la passe ensuite avec soin pour la purger de toutes matières étrangères, puis on la pétrit, et on en forme de petites masses qu'on fait bouillir dans du lait et ensuite dans de la cire mêlée à de l'huile de lin, De Laborde, Émaux, p. 259.

HISTORIQUE

XIIIe s. La mer s'en va et vient et tousjours jete escume, La fole et la sage.

XVIe s. …Du charbon ou de l'escume de mareschal, pour en bannir toute nuisible humidité, De Serres, 134. L'escume de la soie est la premiere matiere que vomissent les vers, de laquelle ils jettent les fondemens de leur edifice, De Serres, 489. Un menu sable, ressemblant à celle escume seche que l'on voit sur la greve de la mer quand elle s'est retirée, Amyot, Eumènes, 34. Protogenes ayant parfaict l'image d'un chien las et recreu, à son contentement en toutes les aultres parties, mais ne pouvant representer à son gré l'escume et la bave…, Montaigne, I, 254.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, home ; namur. chime, chume ; provenç. espagn. et portug. escuma ; ital. schiuma ; du germanique : anc. h. allem. scûm ; scandin. skûm ; allem. Schaum ; ce mot se trouve aussi dans le celtique : gaél. sgûm. Le c d'écume écarte le latin spuma.