« compassion », définition dans le dictionnaire Littré

compassion

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

compassion

(kon-pâ-sion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • Sentiment qui nous fait compatir. Vous n'avez pas assez de compassion pour ceux…, Pascal, Prov. 8. Si vous pouvez trouver dans ma compassion…, Corneille, Hor. V, 2. Le grand César blâme votre action Avec moins de courroux que de compassion, Corneille, Pomp. IV, 2. Votre rébellion Mérite plus d'horreur que de compassion, Corneille, Rod. IV, 3. Je ne demande point que par compassion Vous assuriez un sceptre à ma protection, Corneille, Nicom. IV, 2. Ouf ! je me sens déjà pris de compassion, Racine, Plaid. III, 3. Le peuple touché de compassion pour l'enfant, Fénelon, Tél. v. Ce qui pouvait lui donner de la compassion, Fénelon, ib. IV. Combien devez-vous avoir plus de compassion pour le peuple, Fénelon, ib. XXIV. Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci, La Fontaine, Fabl. I, 22. La santé, la richesse ôtent aux hommes l'expérience du mal, leur inspirent la dureté pour leurs semblables ; et les gens déjà chargés de leurs propres misères sont ceux qui entrent davantage, par leur compassion, dans celles d'autrui, La Bruyère, XI.

    Faire compassion, être digne de pitié.

    Fig. Cela fait compassion, cela ne mérite que du mépris.

    Terme de liturgie. Fête en mémoire des douleurs de la Vierge, le vendredi de la semaine de la Passion.

HISTORIQUE

XIVe s. Le bon cuer est tousjours lié [joyeux] des biens de son proisme [prochain], et est courroucié et a compassion de ses adversaires [adversités], Ménagier, I, 3. Celui qui est vertueux a bien aucunes foiz compassion, doulour ou joie, Oresme, Eth. 39.

XVe s. Ils sont chrestiens comme nous sommes : on doit avoir compassion l'un de l'autre, Froissart, II, III, 85. Premier il doit Dieu et l'Eglise amer ; Humble cuer ait, pitié, compassion, Deschamps, Des vertus nécess. au prince.

XVIe s. Convulsion se fait par repletion, ou par inanition, ou par compassion, c'est à dire de quelque douleur, Paré, VII, 8. Et d'iceux doit-on avoir grande compassion, Lanoue, 371. Quelle compassion [pitié] de voir…, Yver, p. 624. Tous les autres se tourmentoient de sa fortune ; lui seul monstroit au dehors n'en sentir passion aucune ny avoir compassion quelconque de soy mesme, Amyot, Cor. 32. Cocceius Nerva n'eut aultre cause de se tuer que la compassion du miserable estat de la chose publique romaine, Montaigne, II, 36. J'ay avecques despit veu des maris haïr leurs femmes, de ce seulement qu'ils leur font tort ; au moins ne les faut il pas moins aimer, de nostre faulte ; par repentance et compassion au moins, elles nous en debvoient estre plus cheres, Montaigne, III, 324.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. compassio ; espagn. compasion ; ital. compassione ; de compassionem, de cum, avec, et passio, souffrance, passion ; proprement souffrance avec, douleur communiquée, douleur qu'on partage.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COMPASSION. Ajoutez :
2État de celui qui est à plaindre. Quand vous verrez tous ces cajoleurs qui vous diront qu'il y a bien de la compassion en votre fait, pensez plutôt à ce que vous sentez qu'à ce que vous voyez, Malherbe, Lexique, édit. L. Lalanne.