« enfance », définition dans le dictionnaire Littré

enfance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enfance

(an-fan-s') s. f.
  • 1Période de la vie humaine qui s'étend depuis la naissance jusque vers la septième année, et, dans le langage général, un peu au delà, jusqu'à treize ou quatorze ans. J'étais encore dans la plus tendre enfance, Fénelon, Tél. III. Laissez mûrir l'enfance dans les enfants, Rousseau, Ém. II. Locke se plaint de ce qu'il n'existe pas un seul ouvrage fait pour l'enfance, Genlis, Adèle et Théod. t. 1er, lett. 14, dans POUGENS. Mon cœur lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance, Un asile d'un jour pour attendre la mort, Lamartine, Méd. I, 6.

    Terme de médecine. Bouton de l'enfance, sorte de stomatite observée particulièrement en Égypte, et qui consiste en une tumeur de la grosseur d'un grain d'orge occupant le point central de la ligne médiane de la voûte palatine chez les petits enfants ; elle gêne la succion, la déglutition ; on la guérit en frottant le bouton avec le doigt et une poudre un peu granuleuse.

  • 2 Collectivement. Les enfants. Ils n'épargnèrent ni la vieillesse, ni l'enfance. L'enfance folâtre. Heureuse, heureuse l'enfance Que le Seigneur instruit et prend sous sa défense ! Racine, Athal. II, 9. L'enfance a des manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont propres ; rien n'est moins sensé que d'y vouloir substituer les nôtres, Rousseau, Hél. v, 3.
  • 3 Fig. État de puérilité prolongé dans le reste de la vie. Dans une longue enfance ils l'auraient fait vieillir, Racine, Brit. I, 2. L'imbécile Ibrahim… Traîne dans le sérail une éternelle enfance, Racine, Bajaz. I, 1. C'est alors que l'hypocrisie, toujours prête à surprendre les deux enfances de la vie humaine, réveille dans l'âme du prince les idées qu'elle y avait semées, Raynal, Hist. phil. XV, 12.

    Retomber, tomber en enfance, et aussi être en enfance, tomber, être dans l'imbécillité de la vieillesse. La Feuillade s'arrêta chez l'évêque, frère de feu son père, qui était tombé en enfance, Saint-Simon, 37, 171. Ne leur demandons point s'ils ont rien senti dans leurs entrailles après avoir soulagé un malheureux ; ou si c'est la crainte de retomber en enfance, qui les attendrit [les sophistes] sur l'innocence du nouveau-né, Chateaubriand, Gén. I, VI, 2.

  • 4Acte, sentiment d'enfant ; enfantillage. C'est une vraie enfance. Faire des enfances, Sévigné, 26 j. 1689. Que sa timidité ne vous donne aucun chagrin… ce sont des enfances, Sévigné, 271. Vous connaissez toutes les enfances dont elle s'occupe, Hamilton, Gram. 11. Les la Vrillière espérèrent que c' [la répulsion de la future pour la Vrillière] était une enfance qui passerait, mais ils l'espérèrent vainement, Saint-Simon, 77, 261. On passait encore les enfances à Mme la duchesse de Bourgogne par la grâce qu'elle y mettait, Saint-Simon, 294, 6. Et ce que je dis là d'elle, n'annonce pas des mouvements de mauvaise humeur bien opiniâtres, ni bien sérieux ; ce sont des bêtises ou des enfances, dont il n'y a que de bonnes gens qui soient capables, Marivaux, Marianne, 2e partie. Voilà ce que c'est que ce gouvernement représentatif dont vous vous faites une peur ; sottise, enfance, mon cousin, Courier, II, 307.

    En bonne part. La pénitence qui est une grâce de simplicité et d'enfance chrétienne, Massillon, Car. Prosp. temp.

  • 5 Fig. Les commencements d'une chose. L'enfance d'un art, d'une science. Gouvernait doucement le monde en son enfance, Régnier, Sat. VI. Dans les temps bienheureux du monde en son enfance, Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence, Boileau, Sat. v. La langue française qui, bien loin d'être en son point de maturité du temps de Ronsard, comme Pasquier se l'était imaginé faussement, n'était pas même encore sortie de sa première enfance, Boileau, Longin, Sublime, Réflex. 7. Tout ce qu'aurait pu faire Archimède dans l'enfance du monde, aurait été d'inventer la charrue ; Archimède, placé dans un autre siècle, brûle les vaisseaux des Romains avec des miroirs, si cependant ce n'est pas là une fable, Fontenelle, Dégr. anc. et mod. Œuvres, t. IV, p. 177.

HISTORIQUE

XIIe s. Li clers fut sages dès qu'il issit [sortit] d'enfance, Ronc. p. 165. Qu'il s'en prennent à mon maistre d'Oisi, Qui m'a appris à chanter dès enfance, Quesnes, Romancero, p. 98.

XIIIe s. Li tens qui toute a la baillie Des gens vieillir, l'avoit vieillie [la Vieillesse] Si durement, qu'au mien cuidier El ne se pooit mès aidier, Ains retornoit ja en enfance, la Rose, 391.

XIVe s. Vous me cognoessez dès m'effance ; Et sachiez bien que vueil tenir Mes promesses jusqu'à mourir, Liv. du bon Jehan, 1260.

XVe s. Et [les Gantois] trouverent le repos où le comte avoit esté mis d'enfance, Froissart, II, II, 162.

XVIe s. Dez sa tendre enfance, Montaigne, I, 164. Que l'enfance regarde devant elle, la vieillesse derriere, Montaigne, III, 308.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. enfansa, efansa ; espagn. infancia ; ital. infanzia ; du latin infantia, de infans, enfant.