« port.2 », définition dans le dictionnaire Littré

port

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

port [2]

(por ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas) s. m.
  • 1Action de porter, d'apporter. … Pour le port de si bonnes nouvelles, C'est trop peu d'un baiser, Corneille, Clit. v, 3. 1re éd.
  • 2Port d'un navire, ce que ce navire peut porter de charge. En France, en Angleterre, en Hollande, en Espagne, le port d'un navire s'exprime en tonneaux. Un vaisseau du port de cinq cents tonneaux. Pour connaître le port et la capacité d'un vaisseau, et en régler la jauge, le fond de cale, qui est le lieu de la charge, sera mesuré, à raison de 42 pieds cubes pour tonneau de mer, Ordonn. août 1681.

    Port permis dans la marine marchande, ce qu'un capitaine de navire ou un passager peut charger pour son compte, sans avoir de fret à payer. Le port permis est, pour le capitaine, d'un tonneau ou deux, et d'une fraction de tonneau pour chaque officier, Legoarant

  • 3Le prix payé pour le transport des effets que voiturent les rouliers et les messagers, et pour celui des lettres qu'on reçoit par la voie de la poste. Mais tu n'y perdras rien, et voici pour le port, Corneille, Ment. IV, 6. Ils m'ont ruinée en ports de lettres, Sévigné, 242.

    Port payé, se dit d'un paquet, d'un colis, d'une lettre dont celui qui l'envoie a payé le port. Le colis est arrivé port payé.

    Avoir ses ports francs, expédier et recevoir ses lettres franches de port. Un secrétaire de l'Académie devrait bien avoir ses ports francs, Voltaire, Lett. d'Alembert, 8 févr. 1775.

  • 4Port d'armes, l'attitude du soldat qui porte les armes. Se mettre au port d'armes.

    Port d'armes, l'action de porter sur soi des armes. Cette république d'Italie [Venise] où le port des armes à feu est puni comme un crime capital, et où il n'est pas plus fatal d'en faire un mauvais usage que de les porter, Montesquieu, Esp. XXVI, 24.

    Permis qu'on obtient, moyennant le payement d'un droit, de porter des armes de chasse et de chasser.

  • 5 Terme de jeu. Les cartes que l'on réserve, après en avoir écarté quelques-unes, pour les joindre à celles qui doivent rentrer. Mon port est de carreau, de cœur. Tiens, c'est ici mon port, comme je te l'ai dit, Molière, Fâch. II, 2.
  • 6La manière dont une personne se tient, marche et se présente. J'aime le port de l'une et la taille de l'autre, Régnier, Sat. VII. Le port majestueux et la démarche fière, Corneille, Œdipe, IV, 4. La grasse est, dans son port, pleine de majesté, Molière, Mis. II, 5. Je vois d'Ochosias et le port et le geste, Racine, Ath. v, 6. Ai-je bien d'un sergent le port et le visage ? Racine, Plaid. II, 1.

    Elle a le port d'une reine, un port de reine, se dit d'une femme qui a la taille belle et l'air noble.

    Cette personne a un beau port de tête, sa tête est bien placée, elle la porte bien.

    Port de bras, manière de tenir les bras. Plus de cadence dès les premiers pas ; il [le fils de Montbrun] crut la rattraper et couvrir son défaut par des airs penchés et un haut port de bras, Saint-Simon, 1, 58.

  • 7 Terme de manége. Position que le cheval donne à sa tête.
  • 8 Terme de botanique. Aspect d'une plante, manière d'être, ensemble des caractères apparents. Cette plante a le port de la ciguë. Le pin a quelque chose de monumental ; ses branches ont le port de la pyramide, Chateaubriand, Mont-Blanc.
  • 9 En musique, port de voix, l'articulation de deux sons qui se font en unissant le premier au second par une liaison du gosier, Fétis, la Musique, III, 19.
  • 10Dans le centre des Pyrénées, passage entre deux montagnes, ainsi dit parce que c'est par là que se portent les marchandises. Le port de Venasque.

HISTORIQUE

XIe s. Sel puis [si je le peux] trover à port ne à passage, Ch. de Rol. XLIII.

XIIe s. En Roncevals, par som [par le sommet] les porz passant, Ronc. p. 181.

XIVe s. Leur bon port, leur bon estat et bon gouvernement, Ordonn. des rois de France, t. v, p. 562. Soubz umbre du grant port. que le dit Pierre frere Jehan avoit en justice, par le moyen de sa science et de sa praticque, Du Cange, portus.

XVe s. Tant cuidoit-il bien avoir de grace et de port [autorité] en la ville, Froissart, II, III, 36. Si regarderent que… ils ne pouvoient trouver meilleur capitaine que Soustrée ; car il auroit de mal faire plus grand loisir et plus de port [inclination] que nul des autres, Froissart, II, II, 142. Lesquels, ayans le port [support] du pape et du roy Ferdinand, cuyderent faire tuer Laurens de Medicis, Commines, VI, 5.

XVIe s. Et quant au port [action de porter] du drap plus noir que meure, Hypocrisie en a taillé l'habit, Marot, III, 287. Chacun prioit estre du premier port [de la barque], Et d'une ardeur d'atteindre à l'autre bord Tendoit les mains, Du Bellay, J. IV, 48, verso. Et les louanges sont comme lettres de change, Dont le change et le port, Ronsard, ne couste rien, Du Bellay, J. VI, 40, recto. Il n'avoit rien de pedantesque que le port de sa robbe, Montaigne, I, 147. L'ame [philosophe] doibt former à son moule le port exterieur, Montaigne, I, 175. Il y a aussi de la noblesse, qui, pour des querelles qu'elle prend sans propos, ou pour croquer la despouille d'un gras benefice, fait des ports [prises] d'armes, Lanoue, 106. Et avoit Sa Majesté laissé son accoustrement violet, qui est le port ordinaire du dueil de nos roys, Carloix, II, 11. L'abondance du bled sortant de cet artifice excede de beaucoup le precedent port du terroir, De Serres, 97. Sur tout se faut resoudre à cela, que de ne les emploier [les juments] qu'à manger durant le premier mois de la conception, ne les six dernieres sepmaines de leur ventrée, pour crainte de destourner leur port, De Serres, 304.

ÉTYMOLOGIE

Voy. PORTER ; prov. esp. et port. porte ; ital. porto.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. PORT. Ajoutez :
11Ancien terme de jurisprudence. Port d'armes, désignation d'une espèce de crime. Le port d'armes n'est pas pour être garni d'arquebuses, hallebardes, cuirasses ou autres armes offensives et défensives, mais est quand aucuns s'assemblent en nombre de dix ou plus, estant armés avec propos délibéré pour faire insulte et outrage à autrui ; ainsi le crime de port d'armes implique en soi l'assemblée illicite d'hommes en armes, Guy Coquille, Inst. au droit franç. p. 3, éd. 1666 de ses œuvres.