« rupture », définition dans le dictionnaire Littré

rupture

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rupture

(ru-ptu-r') s. f.
  • 1Action par laquelle une chose est rompue ; état d'une chose rompue. La rupture d'une porte, d'un coffre. Le comte Marsigli était condamné à être déposé de tous honneurs et charges, avec la rupture de l'épée, Fontenelle, Marsigli. La rupture et l'affaiblissement des cavernes par l'effort des feux sous-marins, Buffon, Add. théor. terr. Œuv. t. XIII, p. 48.
  • 2 Terme de médecine. Solution de continuité survenant par suite de contractions musculaires ou de distension exagérée d'un organe creux. La rupture d'un tendon. La rupture de la vessie, de la matrice, du cœur.
  • 3Il s'est dit pour hernie.
  • 4 Fig. Division qui survient entre des personnes unies par traité, par amitié, etc. Il nous produit ceux qui l'ont commencé [le schisme grec] au milieu du onzième siècle, un Michel Cerularius qui en est l'auteur, un Siméon de Thessalonique, qui a vécu tant de siècles après la rupture ouverte, Bossuet, Déf. de la trad. sur la communion, II, 40. Ne craignez pas que je vous fasse un triste récit de nos divisions domestiques, et que je parle ici… de prisons et de liberté, de réconciliations et de ruptures…, Fléchier, le Tellier. Je ne doute pas que Mme de Montespan n'eût été charmée d'une rupture éclatante ; je ne lui donnerai jamais ce plaisir, Maintenon, Lett. à Mme de Fontenai, t. II, p. 166, dans POUGENS. Je suppose qu'il n'y ait que deux hommes sur la terre, qui la possèdent seuls, et qui la partagent toute entre eux ; je suis persuadé qu'il leur naîtra bientôt quelque sujet de rupture, quand ce ne serait que pour les limites, La Bruyère, V. On ne reprocha pas à l'élégant Racine l'amour insipide et les expressions bourgeoises ; mais on s'aperçut bientôt que presque toutes ses pièces et celles des auteurs suivants contenaient une déclaration, une rupture, un raccommodement, une jalousie, Voltaire, Mél. litt. Chang. à l'art trag. Je m'étais aperçu que les ruptures secrètes tournaient à mon préjudice, en ce qu'elles laissaient le masque de l'amitié à mes plus cruels ennemis, Rousseau, Confess. X. Il faut éviter de se brouiller ; une rupture fait du bruit, et nuit toujours à la réputation des deux personnes qui se désunissent, Genlis, Ad. et Th. t. III, p. 263, dans POUGENS. En observant dans les ruptures certaines règles de bienséance, on s'en tire toujours avec honneur, Genlis, Mères riv. t. I, p. 132, dans POUGENS.
  • 5Annulation d'un traité, d'un acte, etc. La rupture de la paix. L'empereur Napoléon savait à merveille que, pour les esprits incapables de discernement, c'est toujours celui qui tire le premier coup de fusil qui est l'auteur de la rupture… pour rendre la cour de Vienne responsable devant l'Europe de la rupture qu'il avait lui-même provoquée, il imagina…, P. Lanfrey, Hist. de Nap. Ier, t. IV, ch. 12.

    Rupture d'un mariage, rupture d'un projet de mariage. …Pour rompre un hymen qu'avec peine elle endure, Elle en veut à vous-même imputer la rupture, Corneille, Rodog. III, 2. Ma Providence me sert admirablement dans ces occasions ; elle a fait souffrir héroïquement à Mlle le Camus la rupture de son mariage, Sévigné, 583.

    Rupture de ban, action par laquelle un homme condamné à demeurer en un certain lieu, quitte cette résidence.

  • 6Séparation des membres d'une assemblée. Votre syndic sera fait, avant qu'on entende parler ici de la rupture de votre conseil, Sévigné, 8 déc. 1673.

    Renonciation à un projet, à une partie. Bien des gens sont persuadés qu'il n'en arrivera [d'un départ pour l'armée] que le retardement, c'est-à-dire la rupture du voyage de Fontainebleau, Sévigné, 10 août 1677.

  • 7 Terme de peinture. Action de mélanger les couleurs, les teintes sur la palette.
  • 8 Anciennement. Rupture de la table, se disait quand on cessait de tenir table, de recevoir beaucoup de monde à sa table. On ne parle ici que de la rupture entière de la table de M. de la Rochefoucault ; c'est un grand événement à Versailles ; il a dit au roi qu'il en était ruiné, et qu'il ne voulait point tomber dans des injustices ; et non-seulement sa table est disparue…, Sévigné, 484.

HISTORIQUE

XIIIe s. De foie eschaufei, de routure [hernie] Gariz je tout à desmesure, Rutebeuf, 255.

XVe s. Car ou millieu il a une closture, Qui le moustier separe sans roupture, Christine de Pisan, Dit de Poissy. Comme on dit qu'aucuns pays se disposent en romptures de confederations et alliances, Monstrelet, II, 195. …A convenu faire une ouverture et routure en la maison du maire et muraille par le devant, Bibl. de l'Éc. des chartes, 3e série, t. IV, p. 385. Ledit duc de Bourgongne disoit pour excuse, que lesditz Lyegeois l'avoient assailly, et que la rompure de la trefve venoit d'eulx et non pas de luy, Commines, II, 2.

XVIe s. …[moi Annibal] Minai, et mis les rochers en rompture, Qui sont hauts murs massonnez par nature, Marot, IV, 125. Toutes les vieilles rompures et desnoueures s'esmeuvent en nostre corps, soudain qu'il lui advient quelque nouveau mal, Amyot, Comm. discern. le flat. 50. La rupture de la trefve, D'Aubigné, Hist. I, 25. …à la rupture [dissolution] du camp d'Estrée au pont, Carloix, V, 2. Deconfiture est quand le detteur fait rupture et faillite, ou qu'il y a apparence notoire que ses biens, tant meubles qu'immeubles, ne suffiront au paiement de ses dettes, Loysel, 687. Figure d'un homme qui auroit une rupture [hernie] d'un seul costé, avec un brayer, Paré, VI, 15.

ÉTYMOLOGIE

Lat. ruptura, de ruptum, supin de rumpere, rompre.