« écart », définition dans le dictionnaire Littré
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écart [1]
- 1 Terme de jeu. Les cartes dont le joueur se défait. Faire son écart. Regardez l'écart.
Je ne sais si souvent vous jouez au piquet ; Mais au moins faites-vous des écarts admirables
, Molière, l'Étour. IV, 8. - 2À l'écart, loc. adv. En un lieu détourné, écarté.
Nous pouvons à l'écart, sur ces rives du Phase, Parler en sûreté du feu qui vous embrase
, Corneille, Tois. d'or, II, 1.Il va mourir à l'écart sur la montagne
, Massillon, Av. Divinité de J. C.À part.
Je vous demande que nous nous tirions à l'écart
, Molière, Sicil. 13.Il se tenait à l'écart, n'osait lever les yeux sur elle
, Hamilton, Gramm. 8.Elle prit à l'écart Mentor pour le faire parler
, Fénelon, Tél. VII.Se jeter à l'écart, faire des digressions, s'écarter du sujet.
Il se jette à l'écart à tout moment
, Sévigné, 476.Mettre à l'écart, mettre en réserve. Il met à l'écart une partie de son revenu pour les besoins imprévus.
Mettre à l'écart, faire abstraction, ne pas tenir compte.
J'ai trop mis à l'écart le nom d'impératrice
, Corneille, Pulch. IV, 2.Mettre, laisser quelqu'un à l'écart, ne pas le faire participer à un avantage, à une affaire, etc.
Et celle qu'à l'écart laissera cet arrêt
, Molière, Mélic. I, 4.Mettre à l'écart, se dit aussi de choses qu'on n'emploie pas.
À l'égard de la collection des actes publics d'Angleterre par Thomas Rymer, il n'y a qu'à la parcourir pour être convaincu qu'il a mis beaucoup de pièces à l'écart
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. V, p. 6. - 3Action de s'écarter de sa direction, de se jeter de côté. Son cheval a eu peur, il a fait un écart.
Terme de danse. Mouvement du pied pour se jeter de côté. Faire un écart.
- 4 Terme de vétérinaire. Entorse de l'articulation des membres antérieurs du cheval, accompagnée de claudication, et devant son nom à ce qu'on croyait autrefois que la cause qui produisait cette lésion écartait le membre du thorax. L'écart très léger s'appelle faux écart, et celui qui est porté au plus haut degré, entr'ouverture.
- 5 Terme de critique littéraire. Espèce de vide entre deux idées qui n'ont point de liaison intermédiaire ou de transition, et que l'on approuve néanmoins dans la poésie lyrique quand il ne nuit pas à la clarté.
Les écarts ne doivent se trouver que dans les sujets qui peuvent admettre des passions vives, parce qu'ils sont l'effet d'une âme troublée
, Batteux, De la poésie lyrique, ch. III. - 6Digression excessive, développement étranger au sujet que l'on traite. Les écarts d'un avocat.
- 7Toute action par laquelle on s'écarte de la raison, de la morale, de la bienséance, etc.
Vous êtes si fertile en pareils contre-temps, Que vos écarts d'esprit n'étonnent plus les gens
, Molière, l'Étour. I, 5.Faut-il l'abandonner à lui-même, au moment qu'il fait les plus grands écarts ?
Rousseau, Ém. IV.Adieu donc, quittez-vous ; cette privation Expiera ses écarts et sa rébellion
, Lemercier, Frédég. et Brun. IV, 2.Il [l'Empereur] s'attacha à leur persuader l'utilité, la justice et la nécessité de cette guerre [la guerre de Russie] ; mais l'un d'eux surtout l'interrompait avec impatience ; car, dès qu'une discussion était établie, Napoléon en souffrait les écarts
, Ségur, Hist. de Nap. II, 2. - 8Localité écartée.
… il soit incessamment dressé des états de tous les hameaux et écarts, des villes, bourgs et paroisses de leurs départements,
Déclarat. du Roi, 4 mai 1688.Les remaniements des circonscriptions postales ont atteint près de dix mille communes rurales, sans compter les écarts et hameaux qui en dépendent,
Dictionn. des postes aux lettres, Avertissement, 1845. - 9 Terme de marine. Jonction de deux pièces de bois ou de deux bordages entaillés.
Jonction de laizes de toile, qui se rejoignent dans leur longueur, soit bout à bout, soit lorsqu'il il y a lieu à remplacer de la toile.
- 10 Terme de paveur. Fragments de grès propres à revêtir les fournils, etc.
Terme de charpente. La longueur dont les bois se croisent dans les entures et les assemblages.
HISTORIQUE
XVe s. Et cil qui voit sa femme aller En lieu de gibier à l'escart, A-, t-il cause de grumeler ?
Coquillart, dans le Dict. de DOCHEZ.
XVIe s. Il emplissoit les villes et places fortes qqi estoient à l'escart, d'armes, d'argent et de bons combatans
, Amyot, P. Aem. 13. Loing de ses gens se retirant à part, S'en va plorer chaudement à l'esquart
, Amyot, Comment il faut lire les poët. 33. Craignant que le chagrin dans lequel il estoit ne luy fist faire quelque escart
, Mém. de Dug. ch. 32. Ils sont allez la placer sur un rochier à l'escart, emmy des ronces
, Montaigne, I, 176. À l'escart lui estant venu encore un roy, il fit son reste
, D'Aubigné, Faen. IV, 10. À la veue de quoi trois autres compagnies qui devoient armer la queue du Prince, prirent l'escart
, D'Aubigné, ib. III, 273. Ni d'un pré l'oisiveté, Ni l'escart [solitude] d'un rivage, Ne nous met à sauveté De l'amoureux servage
, Yver, p. 575.
ÉTYMOLOGIE
Voy. ÉCARTER ; ital. scarto, écart aux cartes.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. ÉCART. Ajoutez :Des brocanteurs parcourent les villes et les campagnes, recherchant avec avidité les écarts des graisseurs… les écarts sont les toiles, pontes ou cellules reconnues, après examen microscopique ou autre, malades dans de fortes proportions, Messager du Midi, 3 mars 1877.