« écarlate », définition dans le dictionnaire Littré

écarlate

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écarlate

(é-kar-la-t') s. f.
  • 1Teinture rouge fort vive.

    Écarlate de Venise, écarlate faite avec l'alun, la crème de tartre et le kermès.

    Écarlate des Gobelins, la même que l'écarlate de Venise.

    Écarlate de Hollande, celle que l'on obtient en traitant la cochenille par la crème de tartre et le chlorure d'étain ; la découverte n'en remonte qu'à l'année 1630 ; elle se fit en Hollande ; c'est avec cette écarlate qu'on teignait le drap pour les compagnies rouges du roi. Une belle écarlate. Les exportations de ce sol se réduisaient, pour l'Europe, à une herbe connue sous le nom d'orseille, et qui est employée dans les teintures en écarlate, Raynal, Hist. phil. XI, 18.

    Yeux bordés d'écarlate, yeux rouges sur le bord. La vieille leur parla en ces termes : Je n'ai pas eu toujours les yeux éraillés et bordés d'écarlate, Voltaire, Candide, 11.

  • 2Drap fin d'un rouge éclatant. Un manteau d'écarlate. Y voit-on des savants… Endosser l'écarlate et se fourrer d'hermine ? Boileau, Sat. VIII. Ces fenêtres étaient parées en dehors de pots de fleurs et de tapis d'écarlate, Staël, Corin. II, 1. Gens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte, Béranger, Vieux hab.
  • 3Écarlate s'est dit aussi d'une coque adhérente au quercus conifera, formée par un insecte dit kermès, et servant à la teinture en écarlate. Graine d'écarlate. Le coccus ou coccum fournissait aux anciens la belle couleur et la belle teinture que nous nommons écarlate, qui le disputait en quelque sorte à la pourpre pour la beauté et l'éclat, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. X, p. 558, dans POUGENS.
  • 4 Adj. De couleur d'écarlate. Des rubans écarlates.

HISTORIQUE

XIIe s. Donc devint li sainz hom plus vermeilz quant ço vit, Que nen est escarlate, Th. le mart. 139.

XIIIe s. Et li firent faire reube [robe] d'escarlate fourée de vair, Chr de Rains, 169. Une chape… D'escrelate si est fourée, Amad. et Yd. ms. 6987. Une tente toute faite de bone escarlate fine, Joinville, 211. Quiconques vent escarlates à Paris, ens hales ou en son hostel, Liv. des mét. 337.

XIVe s. Mais la douce, courtoise et franche Vestu ot une cote blanche D'une escarlate riche et belle Qui fu, ce croi, faite à Bruselle, Machaut, p. 46.

XVe s. Et fut ce jour le roi de Portingal vestu de blanche escarlatte à une vermeille croix de Saint Georges, Froissart, II, III, 41.

XVIe s. Elle vous avoit puis après Mancherons d'escarlate verte, Robbe de pers large et ouverte, Marot, I, 201. Vieille qui as joue et narine Bordées de crasse et de farine… Et les yeux d'escarlate vive, Du Bellay, J. VII, 50, recto. Quand vos pechez seroyent rouges comme l'escarlate, si seront-ils blancs comme la neige, Lanoue, 31. Tormentille, graine d'escarlate et de genevre, Paré, XXIV, 27. Il y a des pommes qui rendent le cidre clairet comme vin françois : entre lesquelles celle appellée en Cotentin escarlate le fait rouge, De Serres, 247. Tout ainsi que, pour juger du lustre de l'escarlatte, on nous ordonne de passer les yeux par dessus, en la parcourant à diverses veues, soubdaines reprinses et reiterées, Montaigne, II, 100.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. escarlat, escarlata ; espagn. et portug. escarlate ; ital. scarlatto ; allem. Scharlach ; angl. scarlet ; gaél. scarlaid. On a indiqué comme origine l'arabe ou persan escarlat, serkelat ; mais ces mots sont modernes et paraissent venir, l'un du français ou de l'espagnol, l'autre de l'anglais. Cela écarté, reste le latin galaticus, de Galatia, la Galatie, province d'Asie où, dans l'antiquité, on recueillait beaucoup de kermès ; galaticus rubor a signifié en effet écarlate. Cette conjecture est très plausible ; elle serait tout à fait sûre si l'on trouvait quelque forme intermédiaire entre galaticus et escarlate. Au XVe siècle écarlate paraît signifier étoffe en général.