« égarement », définition dans le dictionnaire Littré

égarement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

égarement

(é-ga-re-man) s. m.
  • 1Action de s'égarer, de perdre son chemin. Elle [l'âme] fait la même chose qu'une personne qui, désirant aller à quelque lieu, ayant perdu le chemin et connaissant son égarement, aurait recours à ceux qui connaîtraient parfaitement le chemin, Pascal, Convers. du péch. Arcas s'est vu trompé par notre égarement, Racine, Iphig. II, 4.

    Fig. Tous mes pas ont été des égarements, Fénelon, Tél. XVIII.

  • 2Trouble de l'âme qui se perd en elle-même. De cet égarement sortirez-vous enfin ? Voltaire, Mérope, IV, 2. Crains les égarements de ton âme éperdue, Voltaire, Tancr. IV, 6. Cacambo expliquait à Candide tous les discours de l'hôte, et Candide les écoutait avec la même admiration et le même égarement que son ami Cacambo les rendait, Voltaire, Candide, 17.

    Distraction. On ne trouve dans la prière que des égarements d'esprit, Massillon, Car. Prière 1.

    Égarement d'esprit, dérangement de l'intelligence. On prétend qu'on remarquait depuis trois ou quatre jours quelque égarement dans les yeux et dans l'esprit du roi [Charles VI], Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. V, p. 155, dans POUGENS.

  • 3État d'un esprit qui s'abuse. Quel prodige d'égarement de s'imaginer qu'en donnant des priviléges, le prince donne le droit d'armer contre lui ? Bossuet, Var. Déf. 4e disc. § 23.

    Déréglement de cœur ; déréglement d'imagination. L'égarement à aimer en divers endroits est aussi monstrueux que l'injustice dans l'esprit, Pascal, De l'amour. Il ne faut pas s'étonner qu'ils soient tombés dans de tels égarements, Bossuet, Hist. II, 9. Je ne me perds point, dit David, en de tels excès ; et voilà l'orgueil méprisé dans ses égarements, Bossuet, Marie-Thér. Dans ses égarements mon cœur opiniâtre, Racine, Brit. III, 6. Dans quels égarements l'amour jeta ma mère ! Racine, Phèd. I, 3. Il n'oubliera rien pour vous faire retomber dans l'égarement, Fénelon, Tél. XII. Vous que la grâce a retirés des égarements du monde, Massillon, Car. Mélang. Sans aucun sentiment de piété et de repentir et plus déterminés que jamais à continuer leurs égarements et leurs scandales, Massillon, Confér. Retr. pour des curés.

HISTORIQUE

XVIe s. Il semble que j'aye un peu outre-passé les bornes de mon premier propos ; mais l'esgarement n'est pas mauvais, puisque de la terre nous avons monté jusques au ciel, Lanoue, 151.

ÉTYMOLOGIE

Égarer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉGAREMENT. Ajoutez :
3Action d'égarer, de perdre un objet. L'égarement à la poste de deux lettres contenant l'une 10 000 francs, l'autre 20 000 fr. de billets…, Arrêt de la Cour d'appel de Paris, 1re ch. dans Gaz. des Trib. 3-4 août 1874, p. 740, 2e col.

HISTORIQUE

Ajoutez : XIIe s. En son plus grant esgarement S'est enbatus, ne sout comment, Fors l'espeisse d'uns granz coudreiz, En une place, en uns erbeiz, Benoit de Sainte-Maure, Chronique, t. II, p. 342, V. 25 332. Guillaumes en fu eissilliez E de la terre fors chaciez ; Od dol [deuil], od ire e o pesance A la au roi Henri de France ; Son essil, son esgarement Li mostra dolerosement, Benoit de Sainte-Maure, ib. V. 34 965, t. III, p. 109.