« évidence », définition dans le dictionnaire Littré

évidence

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

évidence

(é-vi-dan-s') s. f.
  • Caractère de ce qui est évident ; notion si parfaite d'une vérité qu'elle n'a pas besoin d'autre preuve. L'évidence d'une proposition. Il faut bien que l'évidence de Dieu ne soit pas telle dans la nature, Pascal, dans COUSIN. Faisons paraître cette vérité dans son évidence, Bossuet, Loi de Dieu, 3. Vous ne voyez pas dans une moindre évidence comment…, Bossuet, Hist. III, 7. Pour que l'esprit puisse acquiescer à une idée, il faut qu'il connaisse la convenance entre cette idée et son objet par une perception vive et sensible qui n'admette rien de contraire à elle-même ; et l'idée de cette perception est le mode de penser que nous nommons évidence, Boulainvilliers, Réf. de Spinoza, p. 124. L'évidence appartient proprement aux idées dont l'esprit aperçoit la liaison tout d'un coup, D'Alembert, Disc. prélim. encycl. t. I, p. 228, dans POUGENS. Aucune preuve n'a la même force, aucune idée la même évidence, aucune image le même charme pour tous les esprits, Diderot, Claude et Néron, à M. Naigeon.

    Évidence des sens ou sensible, celle qu'on acquiert par les sens.

    Évidence de raison, celle qu'on obtient par le raisonnement. Les deux exemples que j'ai apportés dans ce chapitre sont plus que suffisants pour faire concevoir que l'évidence de raison consiste uniquement dans l'identité, Condillac, Art de rais. I, 1.

    Évidence de fait, celle qu'on acquiert par le moyen de l'observation.

    Évidence de sentiment, ce qui paraît certain par le sentiment seul, et sans qu'on puisse en rendre compte.

    Se rendre à l'évidence, admettre forcément ce qui est incontestable.

    Se refuser à l'évidence, s'obstiner à contester ce qui est incontestable.

    Mettre en évidence, faire connaître clairement, manifestement. Nous sommes encor loin de mettre en évidence Si nous nous conduirons avec plus de prudence, Corneille, Cinna, II, 1. Je ne veux que mettre ici en évidence tous les fondements de cette religion chrétienne qui sont indubitables, Pascal, Juif, 1.

    Mettre en évidence, faire qu'un objet frappe les yeux, soit remarqué. La lumière mettra en évidence leurs mauvaises œuvres, Bossuet, Haine, 2.

    Se mettre en évidence, se montrer avec l'intention de se faire remarquer.

    Se mettre en évidence, être manifesté, en parlant de choses. De quel front oserais-je, après sa confidence, Souffrir que mon amour se mît en évidence ? Corneille, Suite du Ment. IV, 8.

    Être en évidence, être remarqué, attirer l'attention générale. J'étais placé vis-à-vis d'eux, à deux pas de la table, bien isolé et bien en évidence, Marmontel, Mém. v.

    Être en évidence, être manifesté, en parlant de choses. Eh bien, ta perfidie est-elle en évidence ? Corneille, la Pl. roy. II, 2. Nier des trahisons qui sont en évidence, à l'infidélité c'est joindre l'impudence, Th. Corneille, l'Am. à la m. v, 9.

    On dit de même venir en évidence. Toujours le fond du sac ne vient en évidence, Régnier, Sat. II.

SYNONYME

ÉVIDENCE, CERTITUDE. La certitude dépend des motifs de crédibilité ; l'évidence dépend de la clarté de la chose même. La certitude a d'ailleurs, au sens philosophique, une solidité que l'évidence peut ne pas avoir : il était autrefois évident que le soleil tournait autour de la terre ; cette évidence était fausse ; les peuples en croyaient avoir la certitude, ils n'en avaient que la persuasion.

HISTORIQUE

XIVe s. À greigneur [plus grande] evidence du propos, H. de Mondeville, f° 97, verso.

XVIe s. À faulte d'eloquence ils ne les peuvent mettre en evidence [leurs pensées], Montaigne, I, 188.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. evidencia, evidensa ; espagn. evidencia ; ital. evidenza ; du lat. evidentia, de evidens, évident.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉVIDENCE. Ajoutez : - REM. On a dit à l'évidence, d'une façon adverbiale pour signifier évidemment. L'événement dont nous parlons montre à l'évidence que c'est…, le National, 26 déc. 1872. Cette locution ne paraît pas bonne. On dit bien : à la satisfaction de tous, à mon grand étonnement, etc. Mais à l'évidence ne peut pas se dire absolument, pas plus que à l'éloquence, etc.