« alléger », définition dans le dictionnaire Littré

alléger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

alléger

(a-lé-jé ; la syllabe lé garde l'accent aigu même devant une syllabe muette : j'allége, j'allégerai) v. a.
  • 1Soulager d'une partie d'un fardeau, d'une charge. Alléger un homme. Alléger un bateau. un vaisseau.
  • 2Diminuer le poids d'une chose. Alléger le fardeau. Allégeons la charge du cheval.
  • 3 Fig. Alléger les contribuables. Alléger les charges publiques.
  • 4 Fig. Calmer, rendre moins vif. Alléger la douleur de quelqu'un.
  • 5S'alléger, v. réfl. S'alléger d'une partie de son fardeau.

    Devenir plus léger, moindre. Ma douleur s'est un peu allégée. Volontiers les ennuis s'allégent aux discours, Régnier, Dial.

  • 6 En termes de graveur, alléger la main, faire une hachure ou un trait plus léger dans un endroit que dans l'autre.

    Terme de marine. Dans une manœuvre courante, synonyme d'AFFALER.

    En termes de menuiserie, rapetisser, diminuer.

    En termes de manége, alléger ou allégérir un cheval consiste, de la part du cavalier, à porter son corps en arrière, à rapprocher les jambes et à tendre les rênes, afin que le cheval allégé entame plus facilement le chemin.

HISTORIQUE

XIe s. Qui faus jugement fera, seit en la forfeiture le rei, s'il ne pot alejer [justifier] que plus dreit faire ne sout [sut], L. de Guill. 41.

XIIe s. Alegiez moi mes maus et mes doulors, Couci, VII.

XIIIe s. Et prier mult devotement, Que Deus alegast lur torment, Marie de France, Purgatoire, V. 1473. Qu'il ne quidast toz jors morir, quant il ne la veoit ; et quant il la veoit, si alejoit un poi de ses douleurs, Merlin, ms. 7170, f° 58, recto. Li laz entor le col [il] serra, Et avec furent li dui piez, De quoi auques fu aligiez, Que maintenant fust estranglez, Ren. 21548. Les paniers a bien soufraichiez, Si les a auques alegiez Que deus granz anguilles enporte, ib. 882. Et Renart le governail serre, Si l'a bien à terre apoié, Et Ysengrin mist hors le pié Et de son cors la nef aliege, ib. 23023. Le veoir [le bouton] sans plus et l'odor M'alegeoient moult ma dolor, la Rose, 1740. Li sires y doit metre conseil, car autrement porroient-il carquier [charger] autres, por eus alegier, Beaumanoir, XXV, 16. Li vomirs espurge les malvaises humeurs ki à l'estomac sont contraires, et aliege le [la] tieste, Alebrand, f° 20.

XIVe s. Quant les infortunés sont tristes, leur tristece est alegée par ce que leurs amis se contristent et douloient avecques eulz, Oresme, Eth. 289.

XVe s. Cela allege le cueur [de parler à un ami], Commines, V. 5.

XVIe s. Quelquefois les docteurs anciens exhortent les pecheurs de confesser leurs fautes à leurs pasteurs, afin d'en estre allegez, Calvin, Instit. 505. Des souliers aux semelles plombées, pour s'alleger au courir et à saulter, Montaigne, II, 17. Le lion, se sentant allegé de son mal et soulagé de cette douleur, Montaigne, II, 193. En moy, la proximité n'allege pas les defaults, elle les aggrave plustost, Montaigne, IV, 96. Dire son mal allege la douleur, Ronsard, 631.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. aleviar ; ital. alleviare, alleggiare ; espagn. aleviar, aliviar ; du latin allevare, de al pour ad (voy. À), et de levis, léger (voy. LÉGER).