« allée », définition dans le dictionnaire Littré

allée

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

allée

(a-lée) s. f.
  • 1L'action d'aller. Pour aller à cette chapelle, il faut toujours monter ; l'allée est très rude, le retour est facile.

    Familièrement, au plur. Allées et venues, courses, démarches. Il perd son temps en allées et venues.

    Fig. La nature de l'homme n'est pas d'aller toujours ; elle a ses allées et ses venues, Pascal, édit. Cous.

  • 2Passage étroit entre deux murs, conduisant du dehors dans l'intérieur d'une maison. J'entre dans une allée pour échapper aux spectateurs, Rousseau, Hél. I, 21.
  • 3Voie entre deux rangs d'arbres. Aristote choisit dans le Lycée un lieu où il y avait de belles allées d'arbres, Fénelon, Philos. Arist. Je l'ai trouvé, seigneur, au bout de cette allée, Où la clarté du ciel semble toujours voilée, Corneille, Rodog. V, 4. C'est lui qui a inventé les machines à transporter de gros arbres tout entiers sans les endommager, de sorte que, du jour au lendemain, Marly changeait de face, et était orné de longues allées arrivées de la veille, Fontenelle, Sébastien.

    PROVERBE

    Il lui a donné l'allée et le venir ; il lui a donné un soufflet sur l'une et l'autre joue. Tiens, fat, voilà l'allée et le venir, Scarron, Rom. com.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et en poi de tans furent ces nouvelles si espandues que c'estoit mervelles ; et i avoit moult grant alée, Chr. de Rains, 169. Il est drois que toutes tes voies, Et tes alées et ti tour Soient tuit adès là entour, la Rose, 2397. L'alée i estoit si perilleuse, car le lieu là où nous devions aler estoit le perilleus, Joinville, 276. Et lors demanda le roy à ses freres et aus autres barons et au conte de Flandres, quel conseil il li donroient de s'alée ou de sa demourée, Joinville, 255. Seigneur, fist-il, je vous merci moult à tous ceulz qui m'ont loé [conseillé] m'alée en France, Joinville, 256.

XVe s. Et ne sembloit pas que il y eust allée [chemin] dedans terre, Froissart, II, III, 23. Ces allées ne plaisoient pas à tous, Commines, I, 12. Et incontinent qu'il eut dit le mot après plusieurs allées et venues…, Commines, II, 4. Tousjours avoit allées et venues des François aux Anglois et aussi des Anglois aux François, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1389. Et fut appelée celle allée le voyage de l'escluse, Bouciq. I, ch. 13.

XVIe s. Elle estoit aussi ennuyée du retour de son mari qu'elle avoit esté de son allée, Marguerite de Navarre, Nouv. III. Quand il fut au bout de l'allée [du jardin], où nul ne les pouvoit voir, Marguerite de Navarre, ibid. De belles allées couvertes, Amyot, Cimon, 24.

ÉTYMOLOGIE

Allé ; bourguig. aullée. Du Cange a dit, et après lui on a répété que l'allée, anciennement l'alée, était une faute de prononciation pour la lée (lée signifiait une voie dans une forêt), faute qui s'est impatronisée dans le langage : mais cela n'est pas admissible. Allée dans le sens de chemin se trouve déjà dans des textes du XIIIe et du XIVe siècle, époques auxquelles une pareille confusion ne se conçoit pas encore. On a dit allée pour action de cheminer, comme on dit sortie pour action de sortir ; de là, par une métonymie, le lieu où l'on chemine, l'allée.