« amende », définition dans le dictionnaire Littré

amende

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

amende

(a-man-d') s. f.
  • 1Peine pécuniaire. Mettez des amendes sur ceux qui…, Fénelon, Tél. XI. On a condamné à des amendes tous les donatistes, Bossuet, Lett. 237. Me mettrait-on à l'amende ? Non, La Fontaine, Cas. Dix mille francs, dix mille francs d'amende ! Dieu ! quel loyer pour neuf mois de prison ! Béranger, Dix m. f.
  • 2Amende honorable, peine infamante, aveu public et forcé d'un crime. Son arrêt qui était de faire amende honorable devant Notre-Dame, Sévigné, 296.

    Fig. Faire amende honorable, demander publiquement pardon. Si on ne vous eût fait amende honorable pour l'affront…, Hamilton, Gramm. 9. Il a fait une grande amende honorable de sa vie passée, Sévigné, 173. Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse…, Molière, Femmes sav. III, 5. Pour lui faire amende honorable de ses infidélités, Bossuet, Prière, 3.

    PROVERBE

    Les battus payent l'amende, celui à qui une réparation serait due, souffre un nouveau dommage. Hé quoi donc ? les battus, ma foi ! paieront l'amende, Racine, Plaid. II. Outre la perte de son procès, le battu payait encore l'amende à l'époque où la plupart des différends se vidaient dans un champ de bataille à coups de mains.

HISTORIQUE

XIIe s. Sire Reinaus, je m'en escondirai [excuserai] : à cent puceles, sur sains [je] vous jurerai Qu'oncques nul home fors vostre cors [je] n'aimai ; Prenez l'emmende, et je vous baiserai, Romancero, p. 50.

XIIIe s. Pour Dieu, prendés l'amende [réparation] que li rois vous offre, Chr. de Rains. p. 143. Et s'il i a nule parole Que sainte eglise tiengne à fole, Prest sui qu'à son voloir l'amende, Se ge puis suffire à l'amende, la Rose, 15504. Il fut jugié que li taverniers seroit en amende envers Pierre, Beaumanoir, XXVI, 15. Se cil devant Dieu li demande, Je ne respont pas de l'amende, Rutebeuf, 73. Nous establissons que nulz de nos baillifs ne lieve amande pour debte que nos subjez doivent, ne pour malefaçon, se ce n'est en plein plet où elle soit jugée et estimée, Joinville, 295. La quarte amende fu telle, que frere Hugue de Joy, qui estoit marechal du Temple, fut envoié au soudanc de Damas de par le mestre du Temple, Joinville, 268.

XVe s. Ceux de l'ost estoient moult courroucés, et ne savoient sur qui prendre l'amende, Froissart, II, II, 76. Et, quant pour parler il avoit reçu quelque dommage [Louis XI] ou en avoit soupçon, et le vouloit reparer, il usoit de ceste parole au personnage propre : Je sçay bien que ma langue m'a porté grand dommage, aussi m'a elle fait quelquesfois du plaisir beaucoup ; toutes fois c'est raison que se repare l'amende, Commines, I, 10.

XVIe s. Par l'amende et reparation qu'il en fit aux ombres des amants morts, Yver, p. 549. Les autres furent condamnez en l'amende, partie honorable et partie profitable, Castelnau, 5. Si l'enfant est jà formé, qu'il [celui qui fait avorter] en perde la vie : mais s'il n'est encore formé, qu'il soit condamné à amende pecuniere, Paré, XXVII, p. 658.

ÉTYMOLOGIE

Amender ; bourguig. aimande.