« amender », définition dans le dictionnaire Littré

amender

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

amender

(a-man-dé) v. a.
  • 1Rendre meilleur. Les labours amendent les terres. Les bons exemples ont amendé ce jeune homme. Le réveille-matin eut la gorge coupée ; Ce meurtre n'amenda nullement leur marché, La Fontaine, Fab. V, 6. J'espère avec usure amender mon défaut, Régnier, Élég. IV.
  • 2Modifier un projet de loi. On a amendé le projet présenté par le ministre.
  • 3Autrefois, amender signifiait aussi condamner à l'amende.
  • 4 V. n. Faire des progrès en mieux. Ce malade n'a point amendé depuis sa saignée.
  • 5Baisser de prix. L'abondance étant universelle, et le blé étant amendé, Scarron, I, 62. Vieux en ce sens.
  • 6 V. réfl. S'amender. Cette terre s'est bien amendée. Et disais à part moi : mal vit qui ne s'amende, Régnier, Sat. XII.

    PROVERBE

    Jamais cheval ni méchant homme n'amenda pour aller à Rome ; c'est-à-dire on ne se corrige pas de ses vices en voyageant.

HISTORIQUE

XIe s. E qui enfraint la pais le rei, cent solz le amendés, Lois de Guill. 1.

XIIe s. Dame, valeur, beauté et courtoisie [il y] A tant en vous qu'on n'y sait qu'amender, Couci, XX. Al gentil rei Englois, conte d'Ango, Henri, Duc norman, aquitan, sun seignur e ami, Thomas li arcevesques, qui jadis le servi, Mais or est suens en Deu, saluz eovres si Qu'il guerpisse e ament tuz mals que a fait ci, Th. le Mart. 71. Et se li reis Henris a de rien meserré Encuntre l'arcevesque, par els seit amendé, ib. 56. Ainc mais si bons romans ne fu faiz ne trovez ; à Cantorbire fu e faiz e amendez ; N'i ad mis un seul mot qui ne seit veritez, ib. 166.

XIIIe s. Sont en terre establi li juges Por estre deffense et refuge à cel cui li monde forfet, Por faire amender le meffet, la Rose, 5486. Bele robe et biau garnement Amende les gens durement, ib. 2154. Dangier, si Diex m'amant [me favorise], Vous avez tort vers cel amant, Quant par vous est si mal menez, ib. 3269. Se chevaliers maine chevaliers, il ne les garantist pas, ne escuiers escuiers, ains convient que cascuns amende le meffet en se [sa] personne, Beaumanoir, XXX, 58. Li hoirs a bone reson de soi deffendre, à qui on demande qu'il amende le meffet que ses peres ou si devancier firent, Beaumanoir, VII, 8. Et par cex doit estre osté et amendé ce que li baillis a fet trop, Beaumanoir, 30. C'est bone seurté quant cil qui le [la] coze prent y met toz jors du sien en amendant le lieu dusqu'à tant que ce vient au despouillier [récolte], Beaumanoir, XXXVIII, 12. Or vous agenoillés et m'amendés ce que vous y estes alés contre ma volenté, Joinville, 268. Par cest establissement [le roi] amenda moult le royaume, Joinville, 296. Ils cuevrent [couvrent] dedans la terre les fourmens, les orges, les ris, et viennent si bien que nulz n'i sauroit qu'amender, Joinville, 220. Après la menace, quant le mauvais serjant ne se veut amender, le seigneur fiert ou de mort ou…, Joinville, 197. Le comte de la Marche, comme cil qui ne le pot amender, s'en vint en la prison le roy, Joinville, 206.

XVe s. Le roi Edouard sejournoit à Vilvort… et perdoit son temps, dont il lui ennuyoit moult, et ne le pouvoit amender, Froissart, I, I, 78. Bonnegens, que vous faut ? Qui vous meut ? Pourquoi estes-vous si troublés sur moi ? En quelle maniere vous puis-je avoir courroucé ? Dites le moi, et je l'amenderai pleinement à votre volonté, Froissart, I, I, 248. Si manda tantost à celui Parot le Biernois, que incontinent rendist les forteresses et amendast les forfaitures, Bouciq. I, ch. 20. Et deux grans princes qui se voudroient bien entr'aimer, ne se devroient jamais voir, mais en voyer bonnes gens et sages, l'un vers l'autre, et ceux les entretiendroient ou amenderoient les fautes, Commines, I, 14. Et ne pense point mentir de dire que depuis ceste premiere bataille de Granson jusques au trespas du roy nostre maistre, lesdictes vil'es et particuliers ont amendé de nostre roy d'ung million de florins du Rhin, Commines, V, 2. À l'heure que fut achevé le mariage dessus dit, leurs affaires n'en amendoient gueres, car ils estoient jeunes tous deux, ledit duc Maximilien n'avoit congnoissance de riens, Commines, VI, 3. Je confesse bien que tousjours en y a en telles mutations [révolutions des royaumes entre eux] qui en ont joye, et qui en amendent, Commines, VIII, 17. Dites-moi, je vous requiers, qui a esté votre recteur, ou, par saint François, vous l'amenderez [le payerez] ! Louis XI, Nouv. LX.

XVIe s. Il y a peu de paroles qui ne se puissent amender, mais la vie perdue ne se peut recouvrer, Marguerite de Navarre, Nouv. X. La medecine qu'elle lui bailloit pour amender sa douleur la lui rendoit beaucoup plus forte, Marguerite de Navarre, ib. Il n'y a mefait ne crime qui ne se puisse amender ; mais après la mort, n'y a point d'amendement. - Comment sauriez-vous amender la honte ? dit Longarine, Marguerite de Navarre, ib. XXXII. Le medecin lui dict que son habitude s'en pourroit amender, Montaigne, I, 91. Non seulement ils n'amendent pas ce qu'on leur commet, mais l'empirent, Montaigne, I, 146. On disoit à Socrates que quelqu'un ne s'estoit aulcunement amendé en son voyage, Montaigne, I, 275. Chascune des parties esperoit que sa condition amenderoit par le changement, Amyot, Solon, 60. Il alloit flattant et caressant les femmes pour en amender [tirer profit], Amyot, Crassus et Nicias, 2. A mesure que son ulcere couloit, tousjours alloit en amendant, de façon qu'il recouvra du tout sa veue, Paré, VIII, 25.

ÉTYMOLOGIE

Emendare (de e, indiquant extraction, et mendum, faute), altéré de très bonne heure dans le français et même le provençal (voy. AMENDEMENT) en amendare.