« anticiper », définition dans le dictionnaire Littré

anticiper

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

anticiper

(an-ti-si-pé) v. a.
  • 1Prévenir, devancer. Anticiper un payement. Nous ne tenons jamais au présent ; nous anticipons l'avenir comme trop lent, et comme pour le hâter ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt, Pascal, Pensées div. 14. Et pour anticiper l'heure de mon trépas, Le fer ni le poison ne te manqueront pas, Péchantré, Mort de Néron, IV, 4. Le cœur s'arrête à peine dans le présent, et anticipe les maux qui le menacent, Chateaubriand, Génie, II, II, 3.
  • 2 En termes de pratique ancienne, anticiper un appel, faire assigner un appelant qui diffère de relever son appel.
  • 3 V. n. Anticiper sur, usurper, empiéter. Anticiper sur les droits, sur les terres de quelqu'un. Anticiper sur son voisin. Anticiper sur ses revenus, en dépenser une partie d'avance. Anticipant tous les jours sur la somme, La Fontaine, Belph. Vous anticipez sur nos espérances, Sévigné, 457. On ne pense pas que l'on anticipe malheureusement sur son existence toutes les fois que l'on s'affecte de la destruction de son corps, Buffon, Probabilités de vie.
  • 4Anticiper sur les temps, sur les faits, donner à un fait une date antérieure à la véritable.

HISTORIQUE

XIVe s. Le dictateur, pourvoians que il ne convenist pas aus Roumains avoir guerre aus Latins et aus Volques ensemble, les anticipa et desavança, Bercheure, f° 35, recto.

XVe s. Puisque Atropos a ravy Dyopée, Contre humain cours prinse et anticipée, Cupido ! plus je ne vous serviray, Orléans, Rond. Le bon seigneur, prevenu et anticipé, fut tout esbahi en son courage de ce que la bonne femme dit, Louis XI, Nouv. C.

XVIe s. Ainsi commenceoyt escamper de la chambre ; mais la vieille anticipa [prit les devants], et sortit en un courtil prez sa maison, Rabelais, Pant. III, 17. Ceux qui requierent l'aide du magistrat pour eux ou pour les autres, anticipent ceste vengeance de Dieu, Calvin, Inst. 1207. Il y en a qui de frayeur anticipent la main du bourreau, Montaigne, I, 91. D'anticiper les accidents de la fortune ; coucher sur la dure, etc. c'est l'action d'une vertu excessive, Montaigne, I, 280. Tous les accès de ceste triple tierce anticipoient, Paré, XX, 33. Le monde avec ses opinions anticipées et suppositions, Charron, Sagesse, I, 15.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. anticipar ; ital. anticipare ; du latin anticipare, de anti pour ante, avant (voy. AINS), et de capere, prendre (voy. CAPABLE).