« attirer », définition dans le dictionnaire Littré

attirer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

attirer

(a-ti-ré) v. a.
  • 1Tirer vers soi, faire venir à soi. L'aimant attire le fer. Le guerrier et le politique, non plus que le joueur, ne font pas le hasard, mais ils le préparent, ils l'attirent et semblent presque le déterminer, La Bruyère, 12.
  • 2 Fig. Ceux que la nouvelle avait attirés. Attirer par des récompenses, par l'espoir du gain. Il attirait la jeunesse par ses opinions hardies. Il attira tous les regards. Sur ce site enchanté, mon âme qu'il attire S'abat comme le cygne, et s'apaise et soupire à cette image du repos, Lamartine, Harm. I, 10. C'est ainsi que Marie-Thérèse attira par la prière toutes les vertus dans son âme, Bossuet, Marie-Thér. Vos prières me pourront attirer après vous, Guez de Balzac, Liv. VI, lett. 2. Il sut attirer ma confiance, Fénelon, Tél. X. Qui en choque un, se les attire tous sur les bras, Molière, Festin, V, 2.
  • 3Apporter, procurer, causer. Attirer sur quelqu'un l'envie. Il s'attirait sans cesse de mauvaises affaires. Une tromperie en attire une autre. Hélas ! combien un crime en attire d'autres ! Fénelon, Tél. XIX. Quand l'éloignement de ce grand ministre eut attiré celui de ses confidents…, Bossuet, le Tellier. Dieu me garde de m'attirer jamais l'inimitié des censeurs de ce poëte, que le séjour de deux mille ans dans le tombeau n'a pu garantir d'une haine si implacable, Montesquieu, Lett. pers. 36.
  • 4S'attirer, v. réfl. Les corps célestes s'attirent les uns les autres.

HISTORIQUE

XIIe s. Il broche le cheval, de lui ferir s'atire, Sax. X.

XIIIe s. Lui [elle], sa fille et Tybert, tous maus [tout mal] en eus s'atire, Berte, XI. Que droit au point du jour convient qu'ele s'atire [se pare], ib. XI. Il convient que nous atirons avant, liquel de nos barons remanront ichi pour la terre garder, H. de Valenciennes, XIII. Le soudanc avoit ainsi atiré [convenu], que le samedi devant l'Ascension en li rendroit Damiete, et il rendroit le roy, Joinville, 244. Le jour de la saint Nicholas commenda le roy que il s'atirassent pour chevaucher, Joinville, 219. Et il et ses chevaliers saillirent de la galie moult bien armez et bien atirez, Joinville, 215. Le roy qui sot ces choses, atira [disposa] son host [armée] en tel maniere que le conte d'Artois son frere garderoit les chaz et les engins, Joinville, 222.

XVe s. Le deable subtile et attire nuit et jour à bouter guerre et haine, Froissart, II, II, 52.

XVIe s. La crainte et la desfiance attirent l'offense, Montaigne, I, 134. Attirez par la bonté et fertilité du terroir, Montaigne, I, 233. Comme l'aimant attire une aiguille, Montaigne, I, 266. Le grand roy le voulut attirer prez de lui à force d'offres, Montaigne, IV, 367. D'advantage, cela estoit une emorche, qui attiroit les jeunes hommes à se marier, Amyot, Lyc. 26. Et ainsi ayant attiré l'ennemy en plaine campagne, Amyot, Pyrrh. 45.

ÉTYMOLOGIE

À et tirer ; provenç. atirar ; ital. attirare. L'ancien français a essentiellement le sens de préparer, arranger, orner, sens qui s'est conservé dans l'anglais, to attire.