« autrement », définition dans le dictionnaire Littré

autrement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

autrement

(ô-tre-man) adv.
  • 1D'une autre façon. Je pense autrement. Il en est bien autrement. Il écrit autrement qu'il ne parle. Les choses allèrent autrement qu'on ne croyait. Puis-je autrement marcher que ne fait ma famille ? Veut-on que j'aille droit quand on y va tortu ? La Fontaine, Fab. XII, 10. Incapable de s'imaginer que les grands pensent autrement de sa personne qu'il fait lui-même, La Bruyère, 2. Et qu'à nos yeux Camille agit bien autrement, Corneille, Hor. I, 1. Je ne sais point répondre autrement pour un roi à qui dessus son trône on veut faire la loi, Corneille, Nicom. II, 3. Je vous dirais, seigneur (car ce n'est plus à moi à nommer autrement et mon juge et mon roi), Corneille, Rodog. V, 4.

    Tout autrement, d'une façon toute différente. Il agit tout autrement que vous.

  • 2Sinon, sans quoi. S'il en est ainsi, tout ira de soi-même ; autrement, que d'embarras ! Proportionnez vos vœux à vos mérites, Autrement, au mépris et du trône et du jour, Dans votre infâme sang j'éteindrai votre amour, Rotrou, Vencesl. I, 4. Autrement vos États à ce prince livrés Ne seront en ses mains qu'autant que vous vivrez, Corneille, Nicom. IV, 3.
  • 3Ne… pas autrement ; Sans… autrement ; peu, pas beaucoup. Je ne m'en inquiète pas autrement. Les oracles ne m'effrayent pas autrement. Notre fumeur ne fut pas autrement ému de cette apparition, Lesage, Diable boit. ch. 7. J'exterminerais de tout mon pouvoir ce pouvoir prochain qui fait tant de bruit pour rien et sans savoir autrement ce qu'il demande, Pascal, Rép. aux deux premières lett. prov. Ce n'est pas que nous ayons autrement l'intention de nous en servir, mais c'est qu'en effet nous pensons qu'il sera utile que le monde en soit bien informé, Pascal, Prov. 8. Sans se contraindre autrement dans leurs passions, Fléchier, I, 19.

    Tout autrement, beaucoup plus. On ne peut nier que cette méthode de traiter la dévotion n'agrée tout autrement au monde que celle dont on se servait avant nous, Pascal, Prov. 9.

REMARQUE

Après autrement, on met le ne explétif : il agit autrement qu'il ne parle. Cependant quelques écrivains l'ont omis.

HISTORIQUE

XIe s. Car altrement ne m'amerat il mie, Ch. de Rol. XXXVI.

XIIe s. Oïl, par Dieu, ne puet estre autrement, Couci, XXII. [Je] Ne me vueil autrement de leur mez [repas] deviser, Sax. XII.

XIIIe s. Cent fois le jour [je] vous regart [regarde] en pensant ; Je n'ai pouvoir qu'autrement [je] le vous die, Le Roi Jean de Brienne, Romancero, p. 142. Puis la ferma [fortifia] dus [le duc] Naymes autrement Qu'ele n'estoit, Berte, IX. Autrement ne voi pas que eschaper puissons, ib. LXXVII. [Si je vous avais connu] Autrement honorés en ma maison fussiez, ib. CXX.

XVe s. Il me suffit, dit Ernauton, puisqu'il ne peut autrement estre, Froissart, II, III, 25. Estre souloit tout autrement, Ou temps qu'ay congneu en ma vie, Orléans, Bal. 52. Ha ! vaillant chevalier, il va tout autrement, Bouciq. IV, ch. 13.

XVIe s. Toutefois l'ame n'a jamais perdu sa vie, laquelle, estant recommandée au Pere, ne pouvoit autrement qu'elle ne fust sauvée, Calvin, 51. Dieu lui a fait merci, en adoucissant à humanité les cœurs des peuples autrement cruels, Calvin, Instit. 228. Les ceremonies ne sont point autrement exercices de pieté, sinon qu'elles conduisent le peuple comme par la main à Jesus Christ, Calvin, ib. 967. Il retenoit neantmoins tousjours le naturel de son regard et de son visage qui estoit plus effroyable et terrible qu'autrement [que toute autre chose], Amyot, Marius, 76.

ÉTYMOLOGIE

Autre, et le suffixe ment ; provenç. autrament ; ital. altramente.