« borner », définition dans le dictionnaire Littré

borner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

borner

(bor-né) v. a.
  • 1Séparer deux choses par des bornes. Borner un champ.

    Terme de jardinage. Rapprocher la terre avec le plantoir autour des racines d'un jeune plant qu'on repique.

  • 2Fixer les limites, limiter. Le Rhin bornait l'empire romain. Le ciel que rien ne borne. Ma propriété est bornée par un cours d'eau, ou, dans le même sens, je suis borné par un cours d'eau. Ce bois, devenu grand, bornera votre vue. Quoi ! je verrai, seigneur, qu'on borne vos États…, Corneille, Nic. II, 3. Je sais qu'il [ton État] doit s'accroître, et que tes grands destins Ne le borneront pas chez les peuples latins, Corneille, ib. I, 1. L'Euphrate bornera son empire et le vôtre, Racine, Bérén. III, 1.
  • 3 Fig. Restreindre, circonscrire. Nous avons borné l'enseignement aux premières règles du calcul. Borner son discours. Être borné par le temps. Ici, dans un vallon bornant tous mes désirs, J'achète à peu de frais de solides plaisirs, Boileau, Ép. VI. Si vous m'aimez, seigneur, nos mers et nos montagnes Doivent borner vos vœux ainsi que nos Espagnes, Corneille, Sertor. IV, 2. Et c'est à vous, seigneur, de borner les rigueurs Où contre les vaincus s'emportent les vainqueurs, Corneille, Othon, V, 4. Ne borne pas ta gloire à venger un affront, Corneille, Cid, III, 6. Si votre amour trop prompt vient borner sa conquête, Corneille, Sertor. I, 3. Pour rompre cet hymen et borner sa grandeur, Corneille, Nic. I, 5. … Si vous trouvez des charmes à pousser plus avant la gloire de vos armes, Nous ne la bornons point…, Corneille, Nicom. II, 3. Vous résoudrez-vous point à borner ce mépris ? Malherbe, V, 13. Le ciel en qui votre âme a borné ses amours, Malherbe, VI, 12. Porus bornait ses vœux à conquérir un cœur, Racine, Alex. IV, 2. Rien ne doit le borner dans sa charité, Massillon, Pardon. La religion n'a pas, comme la philosophie, borné toute sa gloire à essayer de former un sage dans chaque siècle ; elle en a peuplé toutes les villes, Massillon, dans GIRAULT-DUVIVIER. Mais pour borner enfin tout ce vague propos…, Boileau, Sat. X. Voulez-vous sans pitié laisser finir vos jours ? Quelle fureur les borne au milieu de leur cours ? Racine, Phèd. I, 3. Henri le grand borna la fortune de ce prince, Anquetil, Ligue, III, 319. Borneriez-vous ainsi la suprême puissance ? Lui défendriez-vous d'exercer sa clémence ? Voltaire, Désastre de Lisbonne.
  • 4Se borner, v. réfl. Se prescrire des bornes, se restreindre, s'arrêter à. Se borner au strict nécessaire. Qu'il ne se borne pas à des peines légères, Racine, Phèd. IV, 6. Je me borne à vous dire simplement les faits, Voltaire, Lett. Trudaine, 23 déc. 1775.

    Absolument. Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire, Boileau, Art p. I.

  • 5Être borné. De qui toute l'envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner, Malherbe, I, 12.

    On a dit, mais moins bien, se borner dans. Sa vue, qui aurait dû s'étendre sur tout le royaume, se bornait dans l'enceinte de la cour, Mably, II, p. 136.

    Se borner réciproquement. S'il est des contraires dans l'ordre et l'arrangement de l'univers, ce sont ces différents degrés de force qui se bornent les uns les autres, Boullainvilliers, Réfutation de Spinosa, p. 197.

HISTORIQUE

XIIIe s. Donques, convient il que cil qui veut bonner, bonne en se [sa] terre tant solement, sans passer en le [la] terre de son voisin, Beaumanoir, XXIV, 26.

XVIe s. Ce fut Numa qui premier borna le territoire de Rome, ce que Romulus n'avoit jamais voulu faire, Amyot, Numa, 29. Il se borna plus loing [étendit les bornes de l'empire], il rompit le pouvoir De l'heureux adversaire, et trompa son sçavoir, Du Bellay, J. VIII, 25, recto.

ÉTYMOLOGIE

Borne ; Berry, bouner ; provençal, boular.