« bouclier », définition dans le dictionnaire Littré

bouclier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bouclier

(bou-kli-é ; l'r ne se lie jamais ; l's se lie au pluriel: des boucliers épais, dites : des boukli-é-z épais) s. m.
  • 1Partie de l'armure défensive des anciens. Le bouclier se portait au bras gauche. Bouclier rond. Bouclier échancré. Bouclier d'osier. Les soldats armés de boucliers. Sur un bouclier noir sept chefs impitoyables Épouvantent les dieux de serments effroyables, Boileau, Longin, Sublime, 13.

    Fig. Faire un bouclier de son corps à quelqu'un, parer les coups qu'on lui porte. Je lui fis si longtemps bouclier de mon corps, Corneille, D. San. I, 3. Ô vous hommes vaillants… Qui faisant boucliers et remparts de vos corps…, Mairet, Sophon. II, 2.

  • 2Levée de boucliers, démonstration par laquelle les soldats romains témoignaient leur résistance aux volontés de leur général.

    Fig. Démonstration armée, attaque à main armée. Il y eut dans la Vendée une levée de boucliers. Cette levée de boucliers était le prélude d'une guerre sérieuse.

    Dans les affaires politiques, démonstration d'attaque ou d'opposition. Boileau [non le poëte] n'était pas content de ce que M. de Paris ne levait pas bouclier pour les jansénistes, Saint-Simon, 65, 78.

  • 3 Fig. Sauvegarde, protection, défense. Qui fut tantôt le bouclier et tantôt l'épée de son pays, Fléchier, Tur. J'en parerai les coups du bouclier de la foi, Rotrou, St Gen. III, 2. Vous étiez son bouclier au milieu des alarmes, Rotrou, Antig. I, 4. La crainte de déplaire aux ducs et à Mme de Maintenon lui fit faire [à Fénelon] bouclier de modestie et de ses fonctions de précepteur, Saint-Simon, 31, 108. Couvert du bouclier de ta philosophie, Le temps n'emporte rien de ta félicité, Lamartine, Méd. I, 12.
  • 4 Terme d'astronomie. Nom d'une file de petites étoiles en ligne courbe, entre l'épaule gauche d'Orion et Aldébaran, la plus brillante étoile du Taureau. C'est cette forme et la position de ces étoiles qui les a fait nommer le bouclier d'Orion, et, par abréviation, le Bouclier.
  • 5Dans les anciennes chroniques, et, d'après la physique d'Aristote et de Sénèque, jusqu'au XVIIe siècle, bouclier, sorte de météore igné.
  • 6 Terme d'artificier. Planche mince de bois léger, découpée en forme de bouclier.
  • 7Partie du corps de certains animaux.

    Nom marchand de coquilles du genre des patelles.

REMARQUE

Autrefois bouclier était, en poésie, de deux syllabes, et Rotrou a encore suivi cet archaïsme. Écrit bucler, comme il l'était souvent, ce mot était dissyllabique ; écrit bouclier, quelques indices portent à croire que, dans la prononciation, une des consonnes tombait : boulier ; de là l'usage de le faire dissyllabique, lors même que la prononciation avait changé.

HISTORIQUE

XIe s. Tans coups [il] a pris sur son escu bucler, Ch. de Rol. XXXIX.

XIIIe s. Li bers fiert Matamar sor son escu bocler ; De l'un chief dusqu'à l'autre li fait fendre et froer, Chans. d'Ant. IV, 643.

XVIe s. Les heretiques modernes font bouclier d'Yrenée et Tertullien, Calvin, Instit. 375.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. bloquier ; anc. catal. broquer ; espagn. et portug. broquel ; du bas-latin buccularius, c'est-à-dire clypeus buccularius, escu bucler ou bouclier, comme on disait ; dans escu bouclier, bouclier n'était qu'une épithète signifiant bombé (voy. BOUCLE), épithète qui a fini par éliminer le substantif et devenir le nom même de l'écu.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOUCLIER. - HIST. Ajoutez :

XIVe s. À plusieurs compagnons jeuans de l'espée et dou boukeler alans à une fieste…, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 64.