« brigand », définition dans le dictionnaire Littré

brigand

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brigand

(bri-gan ; le d ne se lie pas dans le parler ordinaire ; dans le parler soutenu on dit : un brigan-t armé ; au pluriel, des bri-gan-z armés) s. m.
  • 1Celui qui exerce le vol et la pillerie par la force et les armes. S'ils suivent au combat des brigands qui les vengent, Racine, Mithr. III, 1. Reste impur des brigands dont j'ai purgé la terre, Racine, Phèd. IV, 2. Les brigands du midi, du nord et de l'aurore, Voltaire, Tancr. I, 1.

    Fig. Et toi, Byron, semblable à ce brigand des airs [l'aigle], Lamartine, Méd. I, 2.

  • 2 Par extension, celui qui commet des exactions et des concussions.

    Mirabeau a dit brigande au féminin : Est-il besoin de vous rappeler qu'une nation, souveraine lorsqu'elle impose, n'est que débitrice quand elle paye ? Et que la nation, souveraine quand elle impose, est brigande et voleuse quand elle ne paye pas ? Mirabeau, Collection, t. v, p. 9. Cet emploi du féminin, qui aujourd'hui n'aurait pas faveur, s'autorise aussi d'un exemple d'Amyot.

HISTORIQUE

XIVe s. Brigand, c'est une maniere de gens d'armes courant et apert, à pié, Du Cange, brigancii. Pour Guillaume Colet archer à cheval, et quatre brigands à pied, Du Cange, ib. Legions par lesquelx Romain fesoient leurs batailles, si come sont aujourd'hui servans ou brigans ; quar comunement Romain se combatent plus à pié que à cheval, Bercheure, f° 1, verso. Par foi ! dist li heraus, qui vit la compaignie, Bien [il] resamble brigand qui les marchans espie, Guesclin 2583.

XVe s. Quand ils furent tous assemblés à Saint-Quentin [l'expédition du duc de Normandie contre les Flamands], ils trouverent qu'ils estoient bien six mille armures de fer, et huit mille, que brigands [soldats à pied], que bidaux, que autres poursuivans l'ost, Froissart, I, I, 109. Quand une partie des fossés furent tous emplis, que on pouvoit bien aller surement jusques au pied du mur, il fit arrouter bien trois cents archers, et, devant eux, passer bien deux cents brigands, tous pavoissés, qui tenoient grands pics et hoyaux de fer, Froissart, I, I, 233.

XVIe s. …Semble au brigand qui, sur les champs caché, L'innocent tue en caverne secrete, Et de qui l'œil povres passans aguette, Marot, IV, 245. Il nettoya de brigands et de larrons tous le païs, Amyot, Marius, 7. Les autres ont escrit que cette Phaea estoit une brigande, meurtriere, et abandonnée de son corps, Amyot, Thés. 11.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. bregan, soldat mal discipliné ; espagn. bergante, coquin ; portug. bargante, même sens ; ital. brigante, intrigant, séditieux ; bas-lat. brigancii, brigantes, brigandi. Le brigand dans l'origine était un soldat à pied, dont le nom, ce semble, ne se montre qu'au XIVe s. Les pilleries des gens de guerre, si fréquentes dans le moyen âge, firent passer le mot du sens honorable de soldat à celui de voleur et de pillard. Le brigand est celui qui appartient à une troupe, à une brigade (d'où soldat) ; le brigand, la brigade dérivent de brigue (voy. ce mot), qui a le sens général de occupation, affaire, réunion, association.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BRIGAND. Ajoutez : - REM. Brigande, employé comme adjectif par Mirabeau (et par Corneille ; Traître qui te fais fort d'une troupe brigande, Lexique, éd. Marty-Laveaux), l'a été comme substantif par Sainte-Beuve : Il [Léopold Robert] s'en était tenu à copier, en l'arrangeant pour ce rôle, une des belles brigandes de Sonnino, Causeries du lundi, t. X, L. Robert.