« brutal », définition dans le dictionnaire Littré

brutal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brutal, ale

(bru-tal, ta-l') adj.
  • 1Tenant de la brute. Il y a tant de gens qui se laissent entraîner à leurs appétits brutaux, Descartes. Les pauvres… au fond de leurs demeures champêtres, vivant au gré d'un instinct brutal et à peine encore hommes, Massillon, Villars.
  • 2Grossier, violent, en parlant des personnes ou des choses. Leur brutale vertu veut qu'on s'estime heureux…, Corneille, Hor. IV, 4. Tel porte jusqu'aux cieux leur vertu sans égale, Et tel l'ose nommer sacrilége et brutale, Corneille, Hor. III, 2. Il fallut satisfaire à son brutal désir, Corneille, Rodog. II, 3. Apprenez en deux mots leur brutale insolence, Corneille, Poly. III, 2. Qui le pourrait croire, si l'expérience ne nous faisait voir qu'une erreur si stupide et si brutale [l'idolâtrie] n'était pas seulement la plus universelle mais encore la plus enracinée et la plus incorrigible parmi les hommes ? Bossuet, Hist. II, 3. Ils se sont laissés aller à des actions brutales, Bossuet, Loi de Dieu. Qu'en un lâche silence Phèdre ensevelirait ta brutale insolence, Racine, Phèd. IV, 2. Dites-lui [au roi] que, toute la nuit, ses satellites étrangers, gorgés d'or et de vin, ont prédit, dans leurs chants impies, l'asservissement de la France, et que leurs vœux brutaux invoquaient la destruction de l'Assemblée nationale, Mirabeau, Coll. t. I, p. 323. Nos brutales perfidies, Malherbe, III, 2. Ce n'était pas de ces conquérants brutaux et avares qui ne respirent que le pillage, Bossuet, Hist. III, 6.
  • 3 S. m. Bête. Sauve-moi des lions, sauve-moi des licornes, Et de tous les brutaux pleins de rage et d'erreur, Racine, Psaum. 21. Inusité aujourd'hui en ce sens.

    Celui qui a une violence grossière, qui est livré à des passions brutales, qui manque de savoir-vivre. Je ne serais pas surpris de l'extrême vaillance d'un brutal qui ne connaît ni le plaisir ni les douleurs, Méré, dans BOUHOURS, Nouv. Rem. La licence effrénée de ces brutaux avait rendu le nom des Macédoniens odieux, Vaugelas, dans BOUHOURS, ib. La fortune avec toute sa puissance ne pourra jamais apprivoiser un brutal et polir la rudesse des mœurs, Guez de Balzac, dans BOUHOURS, ib. La conquête de l'Égypte se fit par Cambyse ; ce brutal ne survécut guère à Smerdis, son frère, qu'un songe ambigu lui fit tuer en secret, Bossuet, Hist. I, 8.

    Populairement, homme qui bat, qui maltraite.

    En langage de soldat, le brutal se dit pour le canon.

HISTORIQUE

XVIe s. Nous sommes acharnés à une vie brutale, laquelle est pire que mille morts, Calvin, 235. Si on demande aux plus idiots, voire aux plus brutaux du monde, pourquoi c'est qu'ils vivent, ils n'oseront pas simplement dire que ce soit pour boire et manger et dormir, Calvin, 235. On ne peut pas discerner en quoi differe l'ame de l'homme d'une ame brutale, Calvin, Inst. 454. Quelle brutale stupidité ! Montaigne, I, 72. L'ivrongnerie, entre les aultres, me semble un vice grossier et brutal, Montaigne, II, 12. Tout homme noble doit tant faire en ses jours que son nom ne se passe point en silence, comme le nom des brutaux [bêtes], Fabri, Art de rhét. liv. I, f° 81, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Brut ; provenç. et espagn. brutal ; ital. brutale.