« capitaine », définition dans le dictionnaire Littré

capitaine

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capitaine

(ka-pi-tê-n') s. m.
  • 1Chef militaire. C'était un vaillant capitaine, un vieux capitaine. Il était plus soldat que capitaine. Et si Flaminius en est le capitaine, Corneille, Nicom. II, 3. Joignez à vos vertus celles d'un capitaine, Corneille, Cid, I, 7. Ruiter qui est le plus grand capitaine de la mer, Sévigné, 138. À la nuit qu'il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, il reposa le dernier, Bossuet, Louis de Bourbon. Sous lui se sont formés tant de renommés capitaines que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs militaires, Bossuet, ib. Il tenait pour maxime qu'un habile capitaine peut bien être vaincu, mais qu'il ne lui est pas permis d'être surpris, Bossuet, ib. Leur subtil conducteur [Cromwell] qui, en combattant, en dogmatisant, en mêlant mille personnages divers, en faisant le docteur et le prophète aussi bien que le soldat et le capitaine, Bossuet, Reine d'Anglet.
  • 2Dans un sens plus spécial, chef d'une compagnie dans un régiment. Capitaine d'infanterie, de cavalerie.

    On nommait capitaine-lieutenant celui qui commandait une compagnie dont le roi, la reine ou un prince était censé capitaine ; ainsi que le lieutenant de la compagnie colonelle d'un régiment.

    Capitaine des gardes, celui qui commandait une des quatre compagnies des gardes du roi, et capitaine aux gardes, l'officier qui commandait une compagnie du régiment des gardes françaises.

  • 3Celui qui commande un bâtiment de mer. Capitaine de vaisseau, de frégate. Capitaine d'un navire de commerce.

    Capitaine de pavillon, capitaine du vaisseau-pavillon ou vaisseau qui porte le pavillon d'un officier général.

    Capitaine de port, officier préposé au commandement d'un port.

    Capitaine de prise, officier qu'un bâtiment capteur détache sur un navire capturé pour le commander.

    Capitaine au long cours, titre du marin qui peut commander pour les longs voyages les navires marchands de toutes les grandeurs.

    Capitaine d'armes, autrefois officier, aujourd'hui sous-officier chargé de la police du bord.

  • 4 Familièrement. Capitaine renard allait de compagnie Avec son ami bouc des plus hauts encornés, La Fontaine, Fabl. III, 5. Écoute, mouchard, mon ami, Je suis ton capitaine, Béranger, Faridond.
  • 5Chef d'une capitainerie ou circonscription territoriale.

    En Espagne, capitaine général, le plus haut grade militaire.

    Dans les colonies, commandant supérieur.

    Capitaine de louveterie, celui qui a soin de ce qui regarde la chasse dans une certaine étendue de pays.

  • 6Nom qu'on donnait au gouverneur de certaines résidences royales (on dit présentement gouverneur), et à celui qui était chargé d'une capitainerie de chasses.
  • 7Capitaine de voleurs, de bohèmes, etc. le chef d'une troupe de voleurs, etc.

HISTORIQUE

XIe s. À Rolant le cataigne, Ch. de Rol. CXXXVII. Il te donat [Durandal] à un comte cataigne, ib. CLXIX. Demanderont : où est li quens [comte] cataigne ? ib. CCV. Cent mille sont de nos meilleurs cataignes, ib. CCXXIII.

XIIIe s. L'emperere ot bien envoié cent chevaliers ; de cels si fu chevetaine Machaires de Ste Manehalt, Villehardouin, dans le Dict. de DOCHEZ.

XIVe s. Faisons et establissons par ces presentes lettres capitain general, Du Cange, capitaneus. Serjens et mestres capitaines, Du Cange, ib. Se il devroit plus obeir à l'ordenance du capitaine de l'ost que à son pere, Oresme, Eth. 261. Robert Brambore en fu cappitain redoubté, Guesclin, 842.

XVe s. C'est un bon homme d'armes pour le present et un grand capitaine, Froissart, II, III, 15.

XVIe s. Il avait gaigné neuf batailles estant capitaine general d'Athenes, Amyot, Péricl. 73. Le premier qui se prit à courir pour charger, fut C. Crassianus, capitaine de cent vingt et cinq hommes, Amyot, Pomp. 101. En France, le lieutenant et enseigne d'une compaignie de gens de pied, porte ce titre de capitainne ; aux autres nations, non, Carloix, V, 32. Boviez, sergent du queitaine, D'Aubigné, Faen. I, 6. Nulle paix n'a jamais apporté un tel calme, jusques à ce que les moindres capitaineaux de France eussent obtenu des edicts, D'Aubigné, Hist. III, 214. Capitaine estoit anciennement le seul nom qu'on donnoit à ceux qui commandoient des trouppes d'infanterie ; à quoy on a substitué ceux de mestre de camp et de colonel, Brantôme, Capit. fr. t. IV, p. 48 et 55, dans LACURNE. Il ne s'esmerveilloit si les gens de guerre estoient mauvais et sujects à la pince, veu qu'il avoit remarqué qu'aujourd'hui les soldats n'appelloient celui qui leur commande, non capitaine, mais mon cayntene ; que cela le faisoit penser qu'ils veulent dire que ce nom est venu de Caïn, qui fut le premier capitaine qui suivit la guerre, Bouchet, Serées, liv. III, p. 42, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. capitani ; catal. capitá ; espagn. capitan ; portug. capitão ; ital. capitano ; anc. ital. cattano ; angl. chieftain ; bas-lat. capitanus, et aussi, dans un document du VIe siècle, capitaneus, de caput, tête, chef (voy. CHEF). La plus ancienne forme est cataine, qui se conserva dans le langage populaire (voy. les textes de d'Aubigné et de Bouchet).