« cerveau », définition dans le dictionnaire Littré

cerveau

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cerveau

(sèr-vô) s. m.
  • 1Masse de substance nerveuse qui occupe la cavité du crâne chez l'homme et les animaux vertébrés, et est un des principaux organes de la vie. Le cerveau est le centre des sensations et le siége des penchants, de l'intelligence et de la volonté. La substance, les ventricules, les membranes du cerveau. Transport au cerveau. Ce vin porte, monte au cerveau. Il faut que ce matin à force de trop boire Il se soit troublé le cerveau, Molière, Amph. II, 1.

    Rhume de cerveau, inflammation catarrhale de la membrane qui tapisse les fosses nasales, ainsi dit à cause d'une ancienne théorie qui supposait une communication entre les fosses nasales et le cerveau. Être pris du cerveau, avoir le cerveau pris, avoir un rhume de cerveau.

    En anatomie, plus particulièrement, et en distinguant le cerveau du cervelet, masse nerveuse qui s'étend du front aux fosses occipitales supérieures, et s'appuie en devant sur les voûtes orbitaires, en arrière sur les fosses moyennes de la base du crâne, et postérieurement sur la tente du cervelet.

  • 2 Fig. Tête, esprit, raison, intelligence. Cerveau étroit. Pauvre cerveau. Ce critique, changeant d'humeurs et de cerveau, Régnier, Sat. v. Ce malheureux jaloux s'est blessé le cerveau, Corneille, le Ment. I, 3. Un homme à fort petit cerveau, Molière, le Dép. V, 1. Ce galant homme a le cerveau blessé, Molière, l'Étour. I, 4. Parbleu ! dit le meunier, est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père, La Fontaine, Fabl. III, 1. Il [Démocrite] y joint les atomes, Enfants d'un cerveau creux, invisibles fantômes, La Fontaine, ib. VIII, 26. Le courroux lui montant au cerveau, La Fontaine, Rém. On les traite de cerveaux faibles et blessés, Bossuet, Oraison. Un prince dont le cerveau serait si malade, Bossuet, Avert. 5. Paul IV avait le cerveau encore plus blessé que Charles-Quint, Voltaire, Mœurs, 126. Ce Telliamed me paraît un peu blessé du cerveau, Voltaire, Dial. XXIX, 11. Il le crée, il le tire de son cerveau, Rousseau, Ém. IV. Mon voisin, faible de cerveau, Ne boit jamais son vin sans eau, Béranger, Deo grat.

    Se creuser le cerveau, méditer profondément.

    Familièrement, s'alambiquer le cerveau, se fatiguer à des choses abstraites, trop subtiles. Un seigneur comme M. le marquis ne doit pas se dessécher le cerveau dans ces vaines études, Voltaire, Jeannot et Colin.

    Cerveau timbré, fêlé, mal timbré, malade, troublé, c'est-à-dire personne d'un esprit peu sain, dérangé.

    Cerveau brûlé, personne emportée, extravagante. Voilà donc M. le duc d'Orléans livré à un homme de néant qu'il connaissait pleinement pour un cerveau brûlé, étroit et fougueux outre mesure, Saint-Simon, dans le Dict. de DOCHEZ.

    Cerveau creux, un rêveur, un visionnaire.

  • 3Les fondeurs appellent cerveau la partie supérieure ou le timbre de la cloche.
  • 4Cerveau de mer ou de Neptune, sorte de polypier pierreux.

HISTORIQUE

XIe s. De son cervel le temple [la tempe] en est rompant, Ch. de Rol. CXXXII. Du chef [il] lui a le cervel espandut, ib. CCLXXXIII.

XIIe s. Ne li sevrerent pas del chief tut le chapel, Mais al carnail del frunt retint e à la pel, Que tut à descuvert veïssiez le cervel, Th. le mart. 151.

XIIIe s. Tant burent à lor volenté Qu'à Primaut le cervel bolut [devint bouillant], Ren. 3151.

XVIe s. Le cerveau se mettra en resverye, et ne baillera sentiment es nerfz, ne mouvement es muscles, Rabelais, Pant. III, 3. Les cerveaux s'eschaufferent davantage, Lanoue, 606. Le cerveau est double, anterieur et posterieur… le posterieur est nomme cerebelle, à raison de sa petitesse, et l'anterieur à raison de sa grandeur a retenu le nom du tout, à sçavoir de cerveau, lequel est encore double, dextre et senestre, Paré, III, 6. Chacun brasse et cabasse et le cerveau se casse, Leroux de Lincy, Proverbes, t. II, p. 267.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. çarvéa ; provenç. cervel, servel ; catal. cervell ; ital. cervello ; bas-lat. cervellus ; du latin cerebellum, diminutif de cerebrum. L'ancien français est : au singulier, nominatif li cervels, li cerveax, régime le cervel ; au pluriel, nominatif li cervel, régime les cervels, les cerveax.