« chape », définition dans le dictionnaire Littré

chape

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chape

(cha-p') s. f.
  • 1Sorte de manteau long, sans plis et agrafé par devant, que portent l'évêque, le célébrant, les chantres, etc. durant l'office ; se dit aussi de l'habit à capuce fourré d'hermine des cardinaux, et du grand manteau de drap ou de serge des chanoines. L'évêque de Ptolémaïs portait la chape par-dessus la cuirasse, Voltaire, Mœurs, 56.

    Fig. Se disputer de la chape à l'évêque, se dit de gens se disputant pour une chose qui n'est pas leur et qu'ils ne doivent point obtenir. De la chape à l'évêque, hélas ! ils se battaient, La Fontaine, Joc. La chape à l'évêque signifie, suivant une construction ancienne et populaire, la chape de l'évêque.

  • 2En parlant d'un oiseau, partie du plumage qui recouvre le dos et qui est d'une couleur différente du reste. Les œufs du bouvreuil sont ardoisés comme la chape de son dos, Chateaubriand, Génie, I, V, 6.
  • 3Anciennement, chape, le même que cape, sorte d'ample vêtement.

    Sous chape, à la sourdine. On dit présentement sous cape. Mais il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort, Et vous menez, sous chape, un train que je hais fort, Molière, Tart. I, 1. Les éditions rajeunies ont : sous cape.

  • 4Se dit, dans les arts, de certaines choses qui s'appliquent sur d'autres, les couvrent, les enveloppent. La chape d'une voûte, le mortier qui recouvre l'extrados. La chape d'un alambic, le couvercle. Chape de poulie, la monture d'une ou de plusieurs poulies. La chape d'une boucle, la partie par où elle tient au soulier, à la ceinture, etc.

    Couvercle bombé qui, mis sur les plats, tient les mets chauds et les préserve de la poussière.

    Double futaille qui sert d'enveloppe à un baril de poudre et aux tonneaux de vin que l'on expédie au loin.

    Partie des mitaines qui recouvre le dos de la main.

    Terme d'imprimerie. Petit calibre de tôle, taillé à l'extrémité comme une matrice de lettre.

    Terme de musique. Planches qui, portant les tuyaux d'orgue, servent de couverture au sommier, et où se fait la distribution du vent.

  • 5 Terme de marine. Petit cône creux fixé au milieu de l'aiguille d'un compas, et posé sur le pivot vertical qui s'élève du fond de la boîte de la boussole.
  • 6Couche de mortier que l'on étale avant de poser le pavé.
  • 7Pièce de cuivre qui enveloppe le touret des graveurs sur pierres fines.

    Morceau de métal arrondi qui borde l'extrémité supérieure d'un fourneau.

    Enveloppe qui assujettit les différentes pièces d'un moule.

    Composition dont on couvre les cires pour former le moule dans les grands ouvrages de fonderie.

  • 8Chape-chute, voyez CHAPE-CHUTE.

HISTORIQUE

XIe s. N'a tel vassal sous la cape du ciel, Ch. de Rol. X.

XIIe s. Une chape à pluie afubla, De sus la chape se fist ceindre, Wace, Rou, 7180. À Lungeville aveit un villan païsant, Qui aveit sis bels boefs e sa charrue avant ; Fame aveit espusée, ne sai s'out nul enfant ; Mez la fame esteit auques de ses mains aerdant [voleuse] ; Chape chaete prist, s'el n'eüst bon garant ; Tant ala cel mestier comme fole menant, Que la fin en fu male, e co [ce] fu avenant, Wace, Roman de Rou, V. 1904. Dunc s'esteit desparé de l'aube senz delai, En chape e en surpliz remist [resta]…, Th. le mart. 37. En une chape à pluie qu'il soleit chevalchier, ib. 160.

XIIIe s. Que li prestre qui avoient capes à manches les averoient reondes, Chr. de Rains, 88. Demain matin quant tu venras, Soz ta chape en ta main tenras Tot coiement une coignie Qui soit trenchant et aguisie, Ren. 15972. Cil s'enfuient, Renart eschape, Dès or gart bien chascun sa chape, ib. 9576. Ge fais entendant par ma chape Que li riches est entechiés, Plus que li povres, de pechiés, la Rose, 11458. Si ot [vieillesse] d'une chape forrée Moult bien, si cum je me recors, Abrié et vestu son corps, ib. 398. Vous faites de moi chape à pluie, Quant orendroit lès vous m'apuie, ib. 8549. Mes orguex, qui toz biens esmonde, I a tant mis iniquité Que par lor grant chape roonde [les ordres mendiants] Ont versé [renversé] l'université, Rutebeuf, 152. Le chevalier ne fu pas esbahi, aincois le prist par la chape et li dist…, Joinville, 205.

XVIe s. De chappes, de rochetz…, Du Bellay, J. VI, 32, verso. Après quelques sacrifices faits, il vest la chappe de pourpre de la deesse Proserpine, Amyot, Dion, 70. Deux vaisseaux qu'on nomme en un mot alembic : l'un d'iceux est appelé proprement cucurbite ou vaisseau contenant : l'autre est dit chapiteau ou chape, auquel sont amassées les vapeurs converties en eau, pour ce qu'il represente quelque certaine forme et figure de chef ou de teste, Paré, XXVI, 5. Ces couvertures sont grands chapeaux façonnés comme cloches larges par bas, ou comme chapes d'alambics, De Serres, 545. La chappe ou cloche, sous laquelle s'amassent les vapeurs des matieres distillées, De Serres, 889. M. de T***, sortant de la maison d'une dame, avoit failli d'estre maltraité par certains ruffians qui cherchent volontiers des chapes cheutes à l'entour de telles personnes, Régnier de la Planche, dans le Dict. de DOCHEZ.

ÉTYMOLOGIE

Picard, cape ; provenç. et espagn. capa ; ital. cappa ; bas-lat. capa, quia quasi totum capiat hominem, dans Isidore ; du latin capere, contenir, prendre (voy. CAPABLE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHAPE. Ajoutez :
9Matière textile faite avec les frisons et la bourre de soie, dite aussi fleuret.