« chapeau », définition dans le dictionnaire Littré

chapeau

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chapeau

(cha-pô) s. m.
  • 1Couvre-chef. Coiffure d'homme, ordinairement d'étoffe foulée, de laine ou de poil, et qui a une forme avec des bords. Mettre, garder, ôter, tirer, enfoncer son chapeau. Chapeau de soie, chapeau recouvert d'une peluche de soie. Chapeau bordé, chapeau galonné. Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau, La Fontaine, Fabl. III, 3. On avait beau heurter et m'ôter son chapeau [me saluer], Racine, Plaid. I, 1.

    Chapeau en blanc, chapeau qui n'est pas teint.

    Fig. et familièrement. Coup de chapeau, salutation.

    Porter la main au chapeau, faire un léger salut.

    Fig. et familièrement. Enfoncer son chapeau, s'armer de courage ; prendre des airs de matamore.

    Mettre son chapeau de travers, prendre un ton menaçant.

    Mettre chapeau bas, ôter son chapeau. Tous les plus gros monsieurs me parlaient chapeau bas, Racine, Plaid. I, 1. Chapeau bas ! Chapeau bas ! Gloire au marquis de Carabas ! Béranger, Carab. Combien de gens qui déjà même Devant Robin ont chapeau bas ! Béranger, Ami Robin.

    Fig. Voilà un beau chapeau qu'on lui a mis sur la tête, se dit, par ironie, d'une personne à qui il est arrivé quelque honte, ou de qui on a dit quelque grosse médisance.

    Familièrement. Il y a eu bien des chapeaux de reste, se dit d'une affaire où beaucoup d'hommes ont péri.

    Chapeau de cardinal, chapeau rouge à forme plate, larges bords et grands pendants de soie rouge ; et fig. La dignité de cardinal. Depuis le bruit du chapeau pour M. l'abbé d'Auvergne, Bossuet, Lett. quiét. 247. Innocent XI refusait un chapeau de cardinal que Jacques II demandait pour son confesseur, Voltaire, Louis XIV, 15. Il m'écrivit en homme qui attendait le chapeau, et m'ordonna…, Voltaire, Lett. Richelieu, 13 mars 1765.

    Familièrement, un cavalier, un homme. Les chapeaux étaient rares, on ne voyait partout que des femmes.

    Frère chapeau, moine subalterne qui en accompagne un autre. Tallard ne fut jamais que le frère au chapeau du maréchal de Villeroy et le valet des Rohan, Saint-Simon, 524, 229. Et fig. Un frère chapeau, un vers oiseux fait pour la rime. La locution entière paraît être frère au chapeau, c'est-à-dire le frère portant chapeau.

    Les chapeaux, ou le parti des chapeaux, parti politique en Suède au XVIIIe siècle, opposé au parti des bonnets. Et quels sont en effet ses véritables droits [du diadème] ? … De ne plus distinguer ni bonnets ni chapeaux, Dans un trouble éternel infortunés rivaux, Voltaire, au roi de Suède, Épît. CV.

    Terme de commerce maritime. Chapeau de mérite, ou, simplement et plus ordinairement, chapeau, gratification accordée par convention au capitaine d'un bâtiment de commerce, qui remet à bon port les marchandises chargées à fret. Dans un navire à vapeur, mille tonnes de marchandises, au prix actuel de 75 francs par tonne, plus 5 pour 100 de chapeau. Ce terme est passé tout à fait dans la langue des affaires, au sens qu'avait épingles. Ainsi un négociant dit : Soit, je vous céderai à ce prix, mais il y aura un chapeau.

  • 2Le feutre même dont on fait des chapeaux. Mettre dans ses souliers des semelles de chapeau.
  • 3Coiffure de femme d'une étoffe consistante, ou tendue sur du carton ou une carcasse de laiton, dont la forme ou calotte est garnie en avant d'un large bord, dit passe, et par derrière d'un petit rebord dit bavolet. Chapeau de paille, de feutre, de satin, de velours. Chapeau garni. Chapeau à plumes. Les joues, les brides d'un chapeau. Porter chapeau.

    Fig. et familièrement. Se donner un mauvais chapeau, se perdre de réputation.

    Chapeau de fleurs, couronne de fleurs. Notre bergère se prosterna devant l'image de la déesse, puis lui mit au bras un chapeau de fleurs, lesquelles elle venait de cueillir en courant et sans aucun choix, La Fontaine, Psyché, II, p. 154.

    Absolument, le bouquet qu'on met sur la tête d'une fille le jour de ses noces. …Mais puisse un jour Du chapeau de la mariée Sa fille aussi coiffer l'amour, Béranger, Eau bénite.

    Terme d'ancienne coutume. Chapeau de roses ou de fleurs, petit don des père et mère à leur fille en la mariant. La coutume de Normandie portait qu'un père et une mère pouvaient marier leur fille d'un chapeau de fleurs et que, si rien ne lui avait été promis lors de son mariage, rien n'aurait.

    Fig. C'est la plus belle rose de son chapeau, c'est son plus grand honneur ou avantage. Ce droit n'est-il pas la plus belle rose de son chapeau ?

  • 4 Terme de botanique. La partie supérieure d'un champignon, quand elle a un certain diamètre, et qu'elle dépasse sensiblement la partie inférieure, nommée pédicule ou stipe.
  • 5Cet enfant a encore le chapeau, il a encore la tête couverte de gourme.
  • 6Partie supérieure du crâne des oiseaux, depuis la racine du bec jusqu'à la nuque.
  • 7Chapeau chinois, instrument de musique militaire formé d'un bâton terminé par une calotte de cuivre garnie de clochettes.
  • 8 Terme de musique. Trait demi-circulaire, dont on couvre deux ou plusieurs notes pour indiquer qu'elles doivent être coulées et non détachées. On dit plus souvent liaison.
  • 9Nom, dans les arts, de diverses choses qui ont quelque rapport d'usage ou le forme avec un chapeau. Chapeau d'escalier, de lucarne, de presse, etc.

    Chapeau d'horlogerie, pièce en forme de cône.

    Chapeau de pâté, la croûte de dessus.

    Terme de construction. Pièce de bois posée horizontalement à la partie supérieure d'un ouvrage en charpente. Pièce de bois que des chevilles de fer tiennent attachée sur les couronnes d'une file de pieux.

    Bobine sur laquelle le tireur d'or roule l'or avant qu'il soit dégrossi.

    Chapeau de cardinal ou rondelle, rond de tôle à l'extrémité d'un tuyau ou d'une cheminée.

  • 10Marc qui reste dans les alambics après certaines distillations.
  • 11 Terme d'eaux et forêts. Tête, couronne d'un arbre.
  • 12 Terme de mines. Partie d'un filon qui s'approche de la surface du sol.
  • 13 Terme de marine. Chapiteau placé sur deux montants, au-dessus de la cloche d'un bâtiment.

    Serrer une voile en chapeau, la ramasser au milieu de la vergue sous laquelle elle est carguée.

  • 14Chapeau-roux, espèce de gros-bec.

    Chapeau d'évêque, arbrisseau des montagnes.

    Chapeau cannelle, l'agaric du châtaignier.

  • 15Dans le blason, les évêques ne portaient autrefois que six houppes au cordon de leur chapeau, et les archevêques dix ; plus tard les évêques en prirent dix, et les archevêques quinze comme les cardinaux.

HISTORIQUE

XIIe s. Ainsi [ils] fierent de haches com vilain de flael ; N'i avoient garant ne coife ne chapel, Saxons, IX. Quant l'arcevesques out al rei tut otreié, E se furent à ço d'ambes parz apuié, Dunc ad li arcevesques sun capel jus sachié, Li reis Henris le suen…, Th. le mart. 108.

XIIIe s. Et li atachierent la crois en un grant chapel de coton par-devant, pourceque il voloit que tous le veissent, Villehardouin, XL. Mais chapeaus de roses [elles] avoient En lor chiés [chefs] mis et d'aiglentier, Lai du trot. Coispiaus c'est à savoir chapiax à coutiaux et à espées, Liv. des mét. 188. Or en ferai apareiller Tout à vostre los un chapel ; Et por agencier le plus bel Me sui porpensé d'une rien [chose], Ren. 2525. Escuiers pot avoir, quant il se combat, capel de fer à visiere et les autres armes que noz avons dites, Beaumanoir, LXI, 63. Il venoit ou jardin de Paris, une cote de camelot vestue, un mantel de cendal noir entour son col, moult bien pigné et sanz coife, et un chapel de paon blan sus sa teste, Joinville, 199. Li fis oster son hyaume et li baillé mon chapel de fer, Joinville, 228.

XIVe s. Couronnes et capiaus, Baud. de Seb. II, 433. Je n'ai cure de nul esmay, Je vueil cueillir la rose en may Et porte chappeaux de flourettes, De fleurs d'amours et violettes, De Laborde, Émaux, p. 206.

XVe s. Le comte chevaucha tout outre sans eux regarder ; et mit un petit sa main à son chapel, Froissart, II, II, 60.

XVIe s. Bacchus alors chappeau de treille avoit, Marot, II, 352. … Ou pour jetter des fruits jà meurs et beaux à mes compaings, qui tandoient leurs chappeaux ! Marot, I, 217. On ne peut apprendre au soldat à mettre ensemble la main à l'espée et au chappeau, D'Aubigné, Hist. I, 155. Son maistre avec la papauté prit le nom de Pie V, et mit son chappeau sur la teste de Perret [le fit cardinal], D'Aubigné, ib. II, 463. Mon frere, enfoncez bien ce chappeau qu'il ne s'envelle, D'Aubigné, ib. II, 472. Ils demandoient leur debtes par suplications, non par menaces, et le chapeau bas, qu'ils avoient enfoncé autre-fois, D'Aubigné, ib. III, 539.

ÉTYMOLOGIE

Saintonge, chapiâ ; wallon, chapai ; namur. chapia ; bourguig. chaippéa ; picard, capiau. capieu ; provenç. capel ; espagn. capelo ; portug. chapeo ; ital. cappello ; diminutif de cappa (voy. CHAPE). Dans l'ancien français, nominatif chapels, chapex, chapeaus ; régime chapel.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHAPEAU. Ajoutez :
16Chapeau ferré, nom du chapeau à cornes des officiers généraux, garni d'un galon d'or.
17 Fig. Homme de paille, remplaçant sans titre sérieux. Ce ne sont pas des chapeaux que j'ai laissés sur mon siége d'administrateur [de compagnies financières], mais bien des titulaires réels : j'ai bien, je crois, droit au repos, et ce repos j'y aspire, Malou, minist. des fin. à la chambre belge, dans Journ. offic. du 30 mars 1874, p. 2450, 2e col. (Cet emploi vient de l'habitude, dans les bals, de marquer sa place en y laissant son chapeau.)

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : Elle a commencé de si bonne heure d'imiter les deux savantes reines de Navarre… ses aieule et mere… à produire les fleurs et le fruit tout ensemble dont les Muses donnent la semence, qu'elle en a composé des chapeaux aux couleurs de bien dire qui y sauroient estre les plus acquises ayant à peine attaint l'age de douze ans, Du Verdier, cité par BAYLE, article Jeanne d'Albret, au mot NAVARRE.