« comporter », définition dans le dictionnaire Littré

comporter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

comporter

(kon-por-té) v. a.
  • 1Permettre d'être avec, d'aller avec, de coexister. Cette place comporte plus de dépense que celle de capitaine, Sévigné, 598. Soyez aussi heureux que la pauvre espèce humaine le comporte, Voltaire, Lett. Chabanon, 31 déc. 1774. Mes forces ne comportent plus les travaux d'une pénible guerre, Le P. Catrou, dans DES FONTAINES. Les consuls ne précipitèrent point la vengeance de Rome, le temps ne le comportait pas, ID. ib. Faut-il verser des torrents de sang pour établir la liberté chez un peuple, en tel degré que ce peuple ne la comporte pas ? Chateaubriand, Génie, III, II, 1.
  • 2Se comporter v. réfl. Se conduire, agir d'une certaine manière. Je ne vois point de créature Se comporter modérément ; Il est certain tempérament Que le maître de la nature Veut que l'on garde en tout ; le fait-on ? nullement, La Fontaine, Fabl. IX, 11. Lui qui s'était jusque-là comporté En homme doux, La Fontaine, Court. Le marquis s'est fort bien comporté à Versailles, Sévigné, 498. Dissimulez pourtant, feignez, comportez-vous Comme frère en secret, en public comme époux, La Fontaine, Captivité de St Malc. Si je conçois comment l'on s'y comporte [sur la terre], Béranger, le Bon Dieu.

    Se comporter bien, mal, faire bonne, mauvaise contenance dans un péril. Cet officier, ce régiment s'est très bien comporté dans le grand assaut.

    Terme de marine. Se comporter bien à la mer, se dit d'un bâtiment qui marche bien.

    Terme de jurisprudence. Le tout tel qu'il se comporte, dans l'état où il se trouve.

REMARQUE

Ce sont des plaisirs que comporte la jeunesse, etc. Ces façons de parler sont assez vieilles, mais elles sont de la cour, Bouhours, Remarques sur la langue. Comporter est tout à fait rentré dans l'usage.

HISTORIQUE

XIIIe s. Se on veut bonner [borner] un cemin, on ne le doit pas fere en un lieu large et en l'autre estroit, ainçois se doit comporter d'une meisme larguece, Beaumanoir, XXVI, 8.

XIVe s. Item une granche [grange] et les mesons si comme elles se comportent, Du Cange, arminium.

XVIe s. Cette vertu de largesse est la seule qui se comporte bien avecques la tyranie mesme, Montaigne, IV, 9. Qui nous est une telle et si grande injure et qui nous revient à si grant ennuy, qu'il n'est possible que nous la puissions comporter, Du Bellay, M. 201. Ils s'estoient tousjours comportez le plus honnestement qu'il estoit possible l'un envers l'autre, Amyot, Rom. 36. Une opinion de soy mesme plus presumptueuse que ne comportoit la civilité d'un magistrat, Amyot, Cam. 14. Les autres Romains qui estoient autour de luy ne pouvoient comporter que l'on acheptast ainsi le secours de ces barbares, Amyot, Caton, 19.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. compotai ; provenç. et espagn. comportar ; ital. comportare ; du latin comportare, de cum, et portare, porter.