« conquérant.2 », définition dans le dictionnaire Littré

conquérant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conquérant [2]

(kon-kè-ran) s. m.
  • 1Celui qui a fait de grandes conquêtes. Tous les conquérants, Pour être usurpateurs, ne sont pas des tyrans, Corneille, Cinna, II, 1. Seigneur, ce conquérant garde bien ses conquêtes, Corneille, Nicom. I, 2. [Je vois] L'Arragon recevoir ce nouveau conquérant, Corneille, Cid, II, 5. L'Empire et la Hollande se remuent contre un conquérant qui menaçait tout le Nord de la servitude, Bossuet, Anne de Gonz. Quand on veut parler d'un grand conquérant, chacun pense à Alexandre, Bossuet, la Vallière. Un peu après ce premier partage du genre humain, Nemrod, homme farouche, devient par son humeur violente le premier des conquérants, et telle est l'origine des conquêtes, Bossuet, Hist. I, 2. Le voyez-vous, ce conquérant ? avec quelle rapidité il s'élève de l'occident comme par bonds et ne touche pas à terre ! semblable dans ses sauts hardis et dans sa légère démarche à ces animaux vigoureux et bondissants, il ne s'avance que par vives et impétueuses saillies, Bossuet, Louis de Bourbon. Attaquons dans leurs murs ces conquérants si fiers, Racine, Mithrid. III, 1. … En vain aux conquérants L'erreur, parmi les rois, donne les premiers rangs, Boileau, Épît. I. Un conquérant est un homme que les dieux, irrités contre le genre humain, ont donné à la terre dans leur colère pour ravager les royaumes, pour répandre partout l'effroi…, Fénelon, Tél. VIII. Mais, monsieur, les conquérants ne peuvent pas toujours dormir jusques à onze heures, Voiture, Lett. 46. Quels traits me présentent vos fastes, Impitoyables conquérants ? Rousseau J.-B. Ode à la Fortune. Il a été le premier qui ait eu l'ambition d'être conquérant, sans avoir l'envie d'agrandir ses États : il voulait gagner des empires pour les donner, Voltaire, Charles XII, 8. Un conquérant, dans sa fortune altière, S'est fait un jeu des sceptres et des lois, Béranger, Dieu des bonnes gens.

    On le dit au féminin. Zénobie fut une illustre conquérante.

  • 2Au moral. Je l'ai vu vers le temple où son hymen s'apprête, Mener, en conquérant, sa nouvelle conquête, Racine, Andr. V, 2. Et conquérant des cœurs vaincus par ma clémence, Voltaire, Mort de Cés. I, 1.
  • 3 Fig. Jeune homme bien fait, qui, par son air, par ses manières et par sa bonne mine, gagne le cœur des belles.

    Au féminin. Si j'avais à revivre, je voudrais être une aimable conquérante ; la beauté a un droit naturel de commander aux hommes, Fontenelle, Dial. des morts, Alex. et Phryné. Non que Psyché ne pût se passer de ces choses [de toilette], elle n'était pas de ces conquérantes à qui il faut un peu d'aide, La Fontaine, Psyché, I, p. 70.

  • 4Les conquérants, surnom des anabaptistes qui avaient Muncer pour chef.

HISTORIQUE

XIIe s. Tuit bachelier et noble conquerant, Ronc. p. 131. Aseïs et Pepins, cil furent conquerant, Et Charlemagne d'Aix, cui Dieux parama tant, Sax. I.

XVIe s. Pompeius conquerant de la moitié du monde, Montaigne, I, 65.

ÉTYMOLOGIE

Conquérant 1. L'ancien français disait aussi conqueror, qui est resté dans l'anglais.