« couard », définition dans le dictionnaire Littré

couard

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couard

(kou-ar ; le d ne se lie jamais) s. m.
  • 1Poltron, lâche. C'est un franc couard.

    Adj. Un homme couard. Une femme couarde. De vaillant fait couard, de fidèle fait traître, Malherbe, I, 4.

    Terme de blason. Lion couard, lion qui porte la queue entre les jambes.

  • 2 Terme de manége. Tronçon de la queue du cheval.
  • 3 Terme de boucherie. Nom d'une région du bœuf dite aussi bord du cimier, ou cimier, ou abords, ou bords du bassin, qui comprend dans son ensemble la base de la queue, la partie postérieure de la croupe, les parties latérales de l'anus (et de la vulve chez la femelle seulement), et enfin l'angle de la fesse.
  • 4Extrémité par laquelle on applique le manche à la faux.

HISTORIQUE

XIe s. Pour tout l'or Deu [il] ne volt estre cuard, Ch. de Rol. LXIX.

XIIe s. Mais li cohart n'i auront [en paradis] ja pardon, Ronc. p. 71. Et non porquant la terre d'outremer [je] Voi en si très grant balance Qu'en chantant [je] veuil prier le roi de France Que ne croie cowairt ne losengier [qui lui conseillent de quitter la croisade], Quesnes, Romancero, p. 100. Quant il ont en bataille fiché leur estendart, Ne le maintiennent mie à guise de coart, Sax. XI. Li reis ad dous [deux] privez, Sorel e dan Blanchart, Tost funt del buen malvais e del hardi cuart, Th. le mart. 56.

XIIIe s. Il n'i ot si coart qui maintenant ne fust garnis de hardement, H. de Valenciennes, IV. Ce dist Renart : trop ies coarde, Ce fis ge por toi esmaier, Einsi te voloie essaier, Ren. 1800. Se il [le bailli] estoit couars, il n'oseroit courocier le rice home qui aroit à fere contre le povre, Beaumanoir, 20.

XIVe s. Il n'est pas dit couart pour ce, se il craint infame ou que l'on ne face villanie à ses gens, Oresme, Eth. 79.

XVe s. Si sont Lombards de leur nature riches et couards ; nous y ferons nostre profit, Froissart, III, IV, 20. Peu de chose est de fol espoir, Et c'est assés, au dire voir ; Car le cowart il fait hardi ; Et le joli, Selon les mours qui sont en li, Il li fait ordenance avoir, Froissart, Virelay.

XVIe s. Auprès du feu couards tiennent gros termes, Marot, J. p. 38, dans LACURNE. C'est une qualité tousjours couarde et basse, Montaigne, I, 6. Nous le rendons servile et couard [l'entendement], pour ne luy laisser la liberté de rien faire de soy, Montaigne, I, 163. Il n'y a homme si couard qui n'ayme mieulx tumber une fois, que demourer tousjours en branle, Montaigne, I, 251. Ouy, dit-il, je suis couard, voirement timide ès choses villaines et deshonnestes, Amyot, De la mauv. honte, 6. Moy plus couard, je ne requiers sinon… Mourir oisif en ton giron, Cassandre, Ronsard, 44, 933.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. coart ; espagn. et portug. cobarde ; ital. codardo ; du latin cauda, queue (voy. ce mot) : qui est de la queue, c'est-à-dire qui se tient en arrière, ou qui porte la queue basse comme les animaux qui ont peur. Coart est le nom du lièvre dans le roman de Renart.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

COUARD.
1Ajoutez : Couard est proprement celui qui tremble au moindre bruit qu'il oit, et appréhende toute chose sans occasion, Malherbe, le Traité des bienfaits de Sénèque, IV, 26.