« cuisant », définition dans le dictionnaire Littré

cuisant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cuisant, ante

(kui-zan, zan-t') adj.
  • 1Qui se cuit facilement. Ces légumes sont cuisants.
  • 2Qui cause une douleur brûlante, vive. Douleur cuisante. Elle [une fourrure] garantirait des froids les plus cuisants, La Fontaine, Fabl. V, 20. Un mal cuisant déchire ma poitrine, Ma faible voix s'éteint dans les douleurs, Béranger, Malade.

    Fig. Et que leur belle muse à mordre si cuisante, Régnier, Sat. IX. Fuyez ce médisant, son parler est cuisant, Régnier, ib. XI.

    Terme de botanique. Tiges cuisantes, tiges parsemées de poils piquants et qui causent une certaine inflammation par la piqûre.

  • 3 Fig. Qui cause une vive peine morale. Mais puisque dans un mal si doux et si cuisant Votre vertu combat et son charme et sa force, Corneille, Cid, I, 4. Et l'on doit mettre au rang des plus cuisants malheurs La mort d'un ennemi qui coûte tant de pleurs, Corneille, Cinna, I, 1. Je sens au fond du cœur mille remords cuisants, Corneille, ib. III, 2. Mon plus cuisant chagrin est de ne vous voir pas, Corneille, Perthar. IV, 5. Quel caprice, Philon, l'amène jusqu'ici M'expliquer elle-même un si cuisant souci ? Corneille, Tite et Bér. III, 4. Travaux cuisants, Rotrou, St Gen. III, 7. C'est prendre peu de part à mes cuisants soucis Que de rire et me voir en l'état où je suis, Molière, Dép. am. IV, 1. Et quelque mal cuisant que m'aient causé vos yeux, Molière, l'Étour. I, 3. Ce qu'elle pouvait moins supporter que tout le reste était le souvenir de l'état où elle avait passé la nuit, et les cuisantes douleurs que lui avait causées la pensée que M. de Nemours aimait ailleurs et qu'elle était trompée, La Fayette, Princ. de Clèves, Œuvres, t. II, p. 154, dans POUGENS. L'horreur, les cuisants remords, la consternation, la fureur, la rage, le désespoir marchent avec lui, Fénelon, Tél. XX. Il a excité dans votre cœur des remords vifs et cuisants, Massillon, Carême, Pass. Plus leur salut [des pécheurs] lui paraît déploré, plus ses entrailles sont déchirées de mille douleurs cuisantes et secrètes, Massillon, Confér. Zèle contre les vices. Chagrins toujours cuisants ! honte toujours nouvelle ! Voltaire, Sémiram. II, 4. Mes bons amis, du sort et de l'envie On brave ainsi les traits cuisants, Béranger, Mes cheveux.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Ore me dist vostre boche Les foles paroles cuisanz, Ren. 20683. Car riens n'en puet à chief venir [des femmes], Quant des secrez sunt parçonieres, Tant sunt orguilleuses et fieres, Et tant ont les langues cuisans Et venimeuses et nuisans, la Rose, 16867.

XIVe s. Navets sont durs et mal cuisans, jusques à ce qu'ils aient esté au froit et à la gelée, Ménagier, II, 5.

XVe s. Pauvreté, chagrine, dolente, Tousjours despiteuse et rebelle, Dit quelque parolle cuysante ; S'elle n'ose, si le pense elle, Villon, Grand test.

XVIe s. Son feu, je le confesse, est plus actif, plus cuisant et plus aspre [l'amour], Montaigne, I, 209. Les febves creues en un champ sont cuisantes. - Il y a d'autres eaux desquelles les legumes seront cuisans, Palissy, 17.

ÉTYMOLOGIE

Cuire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CUISANT. Ajoutez : - REM. Saint-Simon a dit cuisant en parlant des personnes, au sens de : qui cause une vive peine morale. Sa belle-sœur deviendrait un espion dangereux… une rivale cuisante et dominante, t. VIII, p. 221, édit. Chéruel.