« débonnaire », définition dans le dictionnaire Littré

débonnaire

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débonnaire

(dé-bo-nê-r') adj.
  • 1Qui joint douceur et bonté. Une humeur débonnaire. … Votre courtoisie, ô vainqueur débonnaire, Mairet, Sophon. III, 4. L'autre, tout débonnaire, au milieu du sénat A vu trancher ses jours par un assassinat, Corneille, Cinna, II, 1. Il devait vous suffire Que votre premier roi fût débonnaire et doux, La Fontaine, Fab. III, 4. Jésus, le débonnaire Jésus, il plaint nos misères, mais…, Bossuet, Serm. Quinq. 2. Autres sont mes plaisirs [que ceux de la satire] ; soit, comme je le crois, Que d'une débonnaire et généreuse argile On ait pétri mon âme innocente et facile…, Chénier, Ép. II.

    Par ironie. On n'est pas plus débonnaire que cet homme.

    Mari débonnaire, celui qui ferme les yeux sur l'inconduite de sa femme.

  • 2 S. m. Ils ont nommé le débonnaire celui qu'ils n'ont osé nommer le sot, Guez de Balzac, dans BOUHOURS, Nouv. rem.

HISTORIQUE

XIe s. Eh ! gentilz hom, chevalier de bon aire, Ch. de Rol. CLXIV.

XIIe s. [Amour] Me fait chanter de la plus debonaire Qu'on puist au mont [monde] ne vouer ne trouver, Couci, II. Debonere prison Avez doné [à] mon fin cuer qui vous prie, ib. J'aim [aime] mieus ainsi souffrir et endurer ; Ce sachez bien, debonere au douz nom, ib. X. Gentis cuens debonaires, dist Lambert de Berif…, Sax. XXIV.

XIIIe s. Berte la debonnaire, ainsi [je] l'ouï nommer, Berte, III. Gentis homs deboneres, pour Dieu car la m'aprent [apprends-la-moi], ib. XLVII. Si vous dirai par quel reson Le debonere [faucon] tienton cras Et le felon tient-on si bas, Lai du conseil. Le cuer ot [Franchise] dous et debonnaire, la Rose, 1205. Si te dirai que tu dois faire Por l'amour de la debonnaire De qui tu ne poes avoir aise, ib. 2548.

XIVe s. Soies courtois et debonnaire, Comme uns homs estrait de bonne aire, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 11.

XVe s. Jeune, gente, plaisant et debonnaire, Chargié m'avez d'une balade faire ; Or la vueilliez recevoir doulcement, Orléans, Bal. 20.

XVIe s. Une contenance contente et debonnaire, Montaigne, I, 176. Si tu es un dieu debonnaire, voylà de l'encens, Montaigne, I, 229. L'agriculture est un art si humain et si debonnaire, qu'en voyant et oyant seulement, il fait aussitost les gens sçavans, La Boétie, 247. D'un naturel humain et debonnaire, La Boétie, 326. Et cependant ta plume de bonne aire Nous veuille escripre ung petit mot ou deux, Cretin, p. 179, dans RAYNOUARD.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. de bon aire ; ital. dibonaire ; mot composé de de, bon, et aire (voy. AIRE), qui a signifié place, extraction, et qui était tantôt masculin et tantôt féminin. Quand J. Bruyant dit qu'un homme debonnaire est un homme issu de bonne aire, il donne l'étymologie et le sens du mot, qui, signifiant d'abord de bonne race, s'est particularisé dans celui de doux, bienveillant.