« décorer », définition dans le dictionnaire Littré

décorer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

décorer

(dé-ko-ré) v. a.
  • 1Orner, parer. Décorer un édifice, un théâtre.

    Fig. Cette multitude d'étoiles qui décorent le firmament. Les génies qui ont décoré le siècle de Louis XIV. Le cygne décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente, Buffon, Cygne. Les dons les plus heureux décorent ce guerrier, Lemercier, Bruneh. II, 2. La grâce décorait son front et ses discours, Chénier, la Jeune captive. Si je ne voyais pas ton céleste regard, je perdrais ici jusqu'au souvenir des œuvres de la divinité qui décorent le monde, Staël, Corinne, XIII, 1. De tant de monuments des arts et de l'industrie qui décoraient ces cités et qui passaient pour les merveilles du monde, il ne reste plus qu'une tradition confuse et quelques débris épars dont l'origine est le plus souvent incertaine, mais dont la grandeur atteste la puissance des peuples qui ont élevé ces monuments, Laplace, Expos. V, 1.

  • 2Cacher sous des dehors trompeurs. Ils ont décoré du nom de sagesse leur insensibilité. Et les flatteurs tremblants, sur un tas de victimes, Déjà du nom d'Auguste ont décoré tes crimes, Voltaire, Triumv. III, 1.
  • 3Donner l'honneur de. Il ne se trouva que le Languedoc à lui donner [à Villars], pour le décorer au moins de finir cette petite guerre [des Cévennes], Saint-Simon, 130, 190.
  • 4Donner une décoration, l'insigne d'un ordre de chevalerie. Décorer quelqu'un de l'ordre du St-Esprit.

    Absolument. Donner la Légion d'honneur. Il fut décoré sur le champ de bataille.

  • 5Se décorer, v. réfl. Devenir orné. Quelle est cette vierge sacrée Qui sort sur un char lumineux ? Des éclairs de son front l'univers se décore, Et la nuit se revêt des couleurs de l'aurore, Gilbert, Ode à la reine. Nommé membre de ce comité [pour le perfectionnement de la mouture] qui voulait se décorer d'un nom si célèbre, Condorcet, Duhamel. De nouveaux noms la France se décore ; à l'aigle éteint nous redevons des pleurs, Béranger, Malade.

    Prendre pour soi un honneur. Il se décora d'un titre qu'il n'avait pas mérité.

HISTORIQUE

XIVe s. Parce que sa felicité est de tielx biens de fortune decorée, parée et aornée, Oresme, Eth. 24. Je regarde, o dame honorée, Que Dieu vous a tant decorée Qu'il a mis pour tous les humains Ce qu'il leur fault entre les mains, l'Alchim. à nat. 58.

XVIe s. Encores moins veux je que l'on me donne Le mol rameau en Cypre decoré [honoré], Du Bellay, J. II, 8, recto. Le ciel en rid, et le soleil encore De nouveaux rays ses blons cheveux decore, Du Bellay, J. III, 3, verso. Villon, Cretin ont Paris decoré [illustré], Marot, III, 160. Fais donc, seigneur, que son nom decoré [illustré] En soit chanté par tous les coings du monde, Amyot, Flamin. 25. Antonius Musa fut decoré et honoré d'une statue d'or par Auguste, Paré, Préf. Et quant aux jeunes hommes qui y estoient entrez pour leur plaisir, et honneur acquerir, les decora selon leur qualité, Du Bellay, M. 552. Cestuy-là [le soleil] de ses yeux Enlustre, enflamme, enlumine les cieux, Et cestuy-ci nostre France decore, Ronsard, 3.

ÉTYMOLOGIE

Lat. decorare, de decus, ornement, même radical que decere (voy. DÉCENT) ; provenç. et espagn. decorar ; ital. decorare.