« désunir », définition dans le dictionnaire Littré

désunir

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

désunir

(dé-zu-nir) v. a.
  • 1Séparer ce qui est uni, joint. Désunir les pièces d'un ouvrage de menuiserie. Les forces qu'on emploie pour désunir deux corps contigus, Pascal, Pesant. de l'air, II.
  • 2 Par extension. … Rendre à une si éminente vertu les honneurs qu'elle mérite, et à une si violente affliction le soulagement qu'elle désire ; mais j'ai tort de désunir ces deux choses, puisque votre charité les a si parfaitement unies, Voiture, Lett. 13. S'il vous a désunis, sa mort va vous rejoindre, Corneille, Poly. IV, 4. Le devoir désunit l'amitié la plus forte, Corneille, Othon, V, 1. Tant d'États, tant de mers qui vont nous désunir, Racine, Alex. III, 6.
  • 3 Fig. Rompre l'union, l'accord entre les personnes. Des querelles d'intérêt ont désuni ces deux familles qui étaient étroitement liées. Unissant nos maisons, il désunit nos rois, Corneille, Hor. I, 2. Ne désunissez point deux cœurs faits l'un pour l'autre, Boursault, Fabl. d'Ésope, III, 3. Ce piége n'est tendu que pour nous désunir, Racine, Bérén. III, 3. Mon cœur se gardait bien d'aller dans l'avenir Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir, Racine, ib. IV, 5. Il faut espérer que les démêlés des dames désuniront l'hôtel des C. et les Noailles, Maintenon, Lett. à Mme de Caylus, 10 janv 1718. À subir cet arrêt je dois me préparer ; Mais, sans nous désunir, on peut nous séparer, Lachaussée, Gouvernante, III, 2. Ardents à désunir le peuple et le sénat, Voltaire, Brutus, IV, 7.
  • 4Se désunir, v. réfl. Cesser d'être joint. Quoi qu'un amant volage excite de colère, Son change est odieux, mais sa personne est chère. Et ce qu'a joint l'amour a beau se désunir, Pour le rejoindre mieux il ne faut qu'un soupir, Corneille, Perthar. II, 1.

    Tomber dans la mésintelligence. Après une longue liaison, ces deux hommes se sont désunis.

    Terme de manége. Changer de jambe en galopant. Ce cheval se désunit.

HISTORIQUE

XVIe s. Ils s'entrecraignent, et ne veulent pas en se desunissant rendre la force moindre, La Boétie, 73. Ce sont celles là qui gastent le plus et deunissent la compagnie du mariage, La Boétie, 290. De là sur cette union il montre l'impossibilité de desunir cette province, de lui faire (estant unie) accepter par force la division qu'ils ont à contre-cœur, D'Aubigné, Hist. II, 261. Le pape ne se desunit pas, D'Aubigné, ib. I, 384. Monopolez, trahissez… desunissez les princes, Sat. Mén. p. 6. L'union s'en va desunie, Tesmoin Vitry et Villeroy, ib. p. 212. Et estoit force, pour l'inegalité et malaisance des lieux, que la bataille fust entreouverte et desunie en plusieurs endroits, Amyot, Flam. 13.

ÉTYMOLOGIE

Dés… préfixe, et unir.