« détenir », définition dans le dictionnaire Littré

détenir

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détenir

(dé-te-nir), je détiens, tu détiens, il détient, nous détenons, vous détenez, ils détiennent ; je détenais ; je détins ; je détiendrai ; je détiendrais ; détiens, qu'il détienne ; détenons, détenez, qu'ils détiennent ; que je détienne, que nous détenions, que vous déteniez ; que je détinsse ; détenant ; détenu v. a.
  • 1Tenir entre ses mains. L'on veut absolument que, contre mon intérêt visible, j'aie mutilé ce morceau, que je venais de détenir et dont j'étais maître, Courier, I, 96.
  • 2 Terme de jurisprudence. Garder en sa possession ce qui appartient à d'autres. Détenir le bien d'autrui.
  • 3Retenir quelqu'un contre sa volonté. L'Angleterre, avant de déclarer la guerre en 1755, attaqua les navires français et détint les matelots.

    Par extension. Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujettis au changement, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons, Bossuet, Duch. d'Orl.

    Terme de législation. Détenir quelqu'un en prison, ou, simplement, détenir, le retenir en prison. Ses créanciers le détiennent à Clichy depuis quelque temps.

  • 4Se détenir, v. réfl. Être détenu. Des biens qui se détiennent illégalement.

HISTORIQUE

XIIe s. Ensi qu'il la veriteit de Deu detienent en menzonge, si cum pluisor gent suelent faire à la fieye [parfois], Saint Bernard, p. 573.

XIIIe s. Ne pourquant n'oserent-il mie detenir la cité de Cardiople, et l'endemain la guerpirent et revindrent à la cité du Curlot, Villehardouin, CXXXVII. Et je m'en irai devant, pour detenir nostre gent qui grant mestier en ont, Villehardouin, CXLVI. Se sovrains sires le detient, por ce qu'il a à fere de li, se pot li pleges escuser, Beaumanoir, XLIII, 36. Le conseil le roy leur offri que il detenissent un des freres le roy tant que il reussent Damiete, Joinville, 237.

XVe s. Ils prierent à monseigneur de Hainaut qu'il voulust encore demeurer jusques après Noël, et qu'il detinst les compagnons avec lui le plus qu'il en pourroit detenir, Froissart, I, I, 25. Il ne cessa mie de faire grands promesses [Édouard aux Flamands] pour detenir leur amitié, Froissart, I, I, 310. Et encore detint le dit brigand le dit chastel et le garnit bien, et en guerroya le pays, Froissart, I, I, 324. La dignité que vous detenez, Monstrelet, l. I, ch. 9.

XVIe s. Je ne detiendrai point mon lecteur de tous les disners, visites et circonstances du grand festin fait à la table de marbre, D'Aubigné, Hist. II, 104. Or estoit, entre les prisonniers que l'on detenoit pour leur faire leur procès, l'orateur Andocides, Amyot, Alc. 37. Elle sera mariée et dottée honnestement selon la faculté des biens, au detenu [à proportion] de la maison dont elle procede, Nouv. coust. génér. t. I, p. 908. Detenuz prisonniers aprez avoir rendu la place, contre ce qui avoit esté capitulé, Montaigne, III, 53.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. detener, destener ; catal. detenir ; espagn. detener ; portug. deter ; ital. ditenere ; du latin detinere, du préfixe de, et tenere, tenir, qui devient tinere en composition.