« détendre », définition dans le dictionnaire Littré

détendre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

détendre

(dé-tan-dr'), je détends, tu détends, il détend, nous détendons, vous détendez, ils détendent ; je détendais ; je détendis ; je détendrai ; je détendrais ; détends, détendons ; que je détende, que nous détendions ; que je détendisse ; détendant ; détendu v. a.
  • 1Relâcher ce qui était tendu. Détendre une corde, un arc, un ressort. On détendit le piége.

    Fig. Détendre l'arc, se donner quelque relâche d'esprit.

    Poétiquement. Le temps, la triste adversité Détend les cordes de ma lyre, Voltaire, Épît. 38.

    Fig. Faire cesser un état de tension morale ou intellectuelle. Ces discussions détendirent quelque peu les âmes irritées. Un prince qui a de pareils ministres… peut détendre la contention de son esprit, sans que ses affaires en pâtissent, Guez de Balzac, Avis écrit.

  • 2Détacher ce qui était tendu, déployé, dressé. Détendre une tapisserie, un lit. On le détendra [le tabernacle du témoignage], et on le dressera de nouveau dans le même ordre, Sacy, Bible, Nombres, II, 17.

    On dit dans le même sens, détendre un salon, une chambre à coucher. Va demain, le plus matin que tu pourras, me chercher un tapissier pour détendre mon cabinet et ma chambre, Marivaux, Pays. parv. t. I, 2e part. p. 63, dans POUGENS.

    Absolument. Défaire les tentures. On détendit après que le saint sacrement eut passé.

    Défaire les tentes d'un camp. On avait déjà détendu dans tout le camp. L'armée eut ordre de charger les gros bagages avec défense de détendre et de rien remuer, Saint-Simon, 47, 49.

  • 3Se détendre, v. réfl. Cesser d'être tendu, se relâcher. Un ressort qui se détend.

    Fig. Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre, Boileau, Art p. I.

    Se détendre se dit aussi du temps qui devient moins froid, de la température qui commence à s'adoucir. Le vent du nord a cessé, le temps s'est détendu.

    Dans le style du journalisme. Les rapports entre les cabinets de Vienne et de Paris se sont détendus, c'est-à-dire il n'y a plus entre eux l'hostilité, suite de différends.

HISTORIQUE

XIIe s. Plustost [le cheval] lui court que carraus destendus [lancés par l'arc], Ronc. p. 54.

XIIIe s. Et il s'en fu destornés vers Constantinoble, et avoit fait destendre très [tentes] et paveillons, Villehardouin, LXXI. Tangrés li fis Marquis n'i va plus demorant, Ains fait soner ses grailes, ses trés va destendant, Tout droit au castelet en sont venu errant, Ch. d'Ant. IV, 503. S'il veut porter arc et sajetes, port [qu'il porte] l'arc destendu et les sajetes en la main ou en forrel, Beaumanoir, LVIII, 13. Et se tans [mauvais temps] monte dont on destenge muelins, et il [le meunier] ne le destent, s'il en mesvient, damages en est sien, Tailliar, Recueil, p. 452. Li arz est tendus et tout prest de destendre, Fabliaux mss. t. II, f° 144, dans LACURNE.

XIVe s. Tant com chevaus peuent destendre [s'élancer], Guiart, Ms. f° 228, dans LACURNE. Au lundi matin se destendent, Touz ordenez comme à bataille, ib. f° 337. … Tu tenderas ton trebuchet, lequel se destendera tout par luy quand le chevreul tirera à la viande [pâture] que tu luy auras donnée, Modus, f° LXXI.

XVe s. Reboutez vos espées, et dites à vos archers qu'ils destendent les arcs ; car la ville est vostre sans coup ferir, Froissart, II, III, 43. Ainsy se detendit [sépara] cette armée, De la Marche, Mém. liv. I, p. 481, dans LACURNE.

XVIe s. Commençans jà à destendre leurs tentes, à serrer bagage, Amyot, Pomp. 6.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et tendre, v. a. ; provenç. destendre ; ital. distendere.