« déterrer », définition dans le dictionnaire Littré

déterrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déterrer

(dé-tê-ré) v. a.
  • 1Retirer de terre ce qui avait été enfoui. Déterrer un trésor.

    Retirer de terre ce qui avait été ou s'y était caché. Le renard déterre les lapereaux dans les garennes, Buffon, dans le Dict. de POITEVIN.

  • 2Tirer un corps de la sépulture. La justice a fait déterrer le corps.

    Fig. Contraire à ces rêveurs dont la muse insolente, Censurant les plus vieux, arrogamment se vante De réformer les vers, non les tiens seulement, Mais veulent déterrer les Grecs du monument [rejeter les modèles grecs], Régnier, Sat. IX.

  • 3Découvrir ce qu'on cherche, ce qui était caché, ignoré. Il est vrai que te voilà bien, et je ne sais où tu as été déterrer cet attirail ridicule, Molière, Fest. de P. III, 1. Clément déterra les antiquités du paganisme, Bossuet, Hist. I, 10. Il ne lui fallut pas déterrer de loin les traditions de ses ancêtres, Bossuet, Hist. II, 3. Le savant qui m'a déterré cette édition prodigieusement rare, Voltaire, Lett. Duclos, 23 avril 1762. Colbert déterrait le mérite dans l'obscurité, Voltaire, Louis XIV, 14. Essayons de déterrer quelques monuments précieux sous les ruines des siècles, Voltaire, Mœurs, Introd. Changements dans le globe. Les tourments qu'il se donne pour déterrer une coutume opposée, Rousseau, Ém. IV. Ce M. Mussard déterra ma demeure chez le comte de Gouvon, Rousseau, Conf. III.

    Déterrer quelqu'un, parvenir à savoir où il est. Il déterrait les malheureux pour les secourir, les officiers qui perdaient leur équipage à la guerre ou leur argent au jeu, Hamilton, Gramm. 3. Quelques beautés qu'il n'avait pas laissé de déterrer, Hamilton, ib. 6. Colbert, qui avait des espions pour découvrir le mérite caché ou naissant, déterra M. Rolle dans l'extrême obscurité où il vivait, et lui donna une gratification qui devint ensuite une pension fixe, Fontenelle, Rolle. Mme de Nemours déterra un vieux bâtard obscur du dernier comte de Soissons, Saint-Simon, 25, 40. Ah ! grâce au ciel, enfin je vous déterre, Piron, Métrom. I, 6.

    Déterrer que. Il eut le bonheur de déterrer que lui [le roi de Prusse] se joindrait à la France, Voltaire, Lett. d'Argental, nov. 1759.

HISTORIQUE

XIIIe s. Puis desterrent les mors de la gent de Persie ; Chascun trenchent la teste par dessous lor oïe, Quinze cent en i ot, nel mescreez vous mie, Ch. d'Ant. IV, 460. Or oiez des barons que Diex a tant amés, Qui en la cité furent dont li murs est pavés ; Les portes desterrerent à grans pels acerés, ib. VI, 843.

XIVe s. Li rois Phelipes prent Vendosme, Pour ce que li quens c'on desterre [le comte qu'on dépouille de sa terre], Se tient devers ceux d'Angleterre, Et s'aliance leur oblige, Guiart, ms. f° 26, dans LACURNE.

XVIe s. Bertrand, ravy de les avoir deterrez, fit aussitôt tout preparer pour le combat, Mém. s. du G. ch. 9. Et comme Le pere a deterré [fait perdre la terre] le simple gentil-homme Par procez embrouillé, les fils en sont vangeurs, Et des biens paternels gouspilleurs et mangeurs, Ronsard, 918.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et terre.