« déprimer », définition dans le dictionnaire Littré

déprimer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déprimer

(dé-pri-mé) v. a.
  • 1Produire un enfoncement, une dépression dans une surface. Le coup a déprimé les os du crâne.
  • 2 Fig. En parlant des personnes, mettre au-dessous de la valeur réelle. On aimait à le louer pour déprimer son frère, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, 16 avril 1718. On m'accusera peut-être de vouloir déprimer Racine ; ma réponse sera courte, D'Alembert, VI, 46. Moimême ami des grands, parfois je les déprime, Gilbert, Mon apol.

    Dans un sens analogue, en parlant des choses. Si vous ne sentiez pas en lui [le prochain] quelque excellence, par laquelle vous voulez croire que vous êtes déprimé, vous auriez pour lui des dispositions plus équitables, Bossuet, Pensées chrét. XI. [Les panégyristes] Dans une autre occasion ils déprimeront les vertus qu'ils ont élevées, en faveur de quelque autre sujet qu'ils voudront flatter, Fénelon, t. XXI, p. 25. Et souvent des étrangers, qui n'avaient pas le même intérêt de déprimer sa réputation, ont été frappés de la contradiction qu'ils observaient entre l'opinion des sociétés de Paris et le jugement de l'Europe, Condorcet, d'Alembert. Les uns faisaient valoir le pouvoir des États, d'autres le déprimaient, Anquetil, Ligue, III, p. 254.

    Humilier. Si l'homme s'estime trop, tu sais déprimer son orgueil, Bossuet, Mort, 1. Le gouvernement turc a déprimé les Grecs et abruti les Égyptiens, Voltaire, Mœurs, 3.

  • 3 Terme d'agriculture. Faire paître, au printemps, les premières pousses des prairies ou des champs de céréales.
  • 4Se déprimer, v. réfl. Se rabaisser. Les envieux se dépriment les uns les autres.

    Être déprimé, enfoncé. Il arrive, dans un coup violent sur la tète, que les os se dépriment.

HISTORIQUE

XIIe s. Li sires fait povre e fait riche, orgueil depriemt, li humble eslieve, Rois, 7.

XIVe s. La cité estoit grevée et deprimée par guerres et par chierté de vivres, Bercheure, f° 46, recto.

XVIe s. Mais par defaut d'esprit celestiel, En t'aymant trop, tu me hays et deprimes, Marot, III, 284. Il ne faut pas entendre qu'il ait tellement receu nostre malediction, qu'il en ait esté couvert et accablé ; mais au contraire, en la recevant, il l'a deprimée, rompue et dissipée, Calvin, Instit. 392. Et pourtant ne fault-il pas du tout ravaller ny deprimer si fort la nature humaine, Amyot, de la tranq. d'âme, 36. Et où il adviendroit que l'os seroit rompu et deprimé d'un costé seulement, sans que toute la piece fust enfoncée…, Paré, VIII, 5. Il n'y a aulcun de nous qui s'offense tant de se veoir apparier à Dieu, comme il faict de se veoir deprimer au reng des aultres animaux : tant nous sommes plus jaloux de nostre interest que de celuy de nostre Createur, Montaigne, II, 211. Je sçais bien, quand j'ois quelqu'un qui s'arreste au langage des Essais, que j'aimerois mieulx qu'il s'en teust ; ce n'est pas tant eslever les mots, comme desprimer le sens, d'autant plus picquamment que plus obliquement, Montaigne, I, 290.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. depremer ; espagn. deprimir ; ital. deprimere ; du latin deprimere, de la préposition de, et premere, presser (voy. PRESSION). L'ancienne conjugaison était depreinre, formé régulièrement sur deprimere où l'accent est sur pri.