« effrayer », définition dans le dictionnaire Littré
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effrayer
- 1Causer de la frayeur. Effrayer un enfant. Des bruits sinistres effrayaient la population.
Il veut les rappeler [ses chevaux], et sa voix les effraie
, Racine, Phèd. V, 6.Quel jour mêlé d'horreur vient effrayer mon âme ?
Racine, Esth. III, 4. - 2S'effrayer, v. réfl. Concevoir de la frayeur. Il s'effraya à la vue du péril.
Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu, dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles
, Pascal, Pensées, t. I, p. 247, édit. Lahure.Et voit-on, comme lui, les ours ni les panthères S'effrayer sottement de leurs propres chimères ?
Boileau, Sat. VIII.La sultane à ce bruit feignant de s'effrayer
, Racine, Baj. I, 1.Enfin d'un chaste amour pourquoi vous effrayer ?
Racine, Phèd. I, 1.
HISTORIQUE
XIe s. Li reis Marsiles en fut moult esfraed
, Ch. de Rol. XXXII.
XIIe s. Ainc par menace ne fui [je ne fus] trop esfreez
, Ronc. p. 14. Et fins amis à tort achaisoné [inculpé] Est moult souvent de legier [aisément] effraé
, Couci, XI. Mais ele a cuer felon qui trop m'effraie
, ib. p. 125.
XIIIe s. Si se commencierent à effreer et à desconfire
, Villehardouin, CXLIII. Quant Berte entend Symon, durement s'en esfroye
, Berte, CVI. Le roy fut forment effraé [courroucé], et li dit que moult estoit hardi quant…
, Joinville, 268.
XIVe s. Très bien, ce dit Bertran, qui de riens ne s'effrée…
, Guesclin. V. 13819.
XVe s. L'ost qui fut tout effrayé se commença à emouvoir
, Froissart, I, I, 188. Le capitaine ouvrit une fenestre sur les fossés et saillit hors tout effreé [surprise du château de Berwich par les Écossais]
, Froissart, II, II, 13.
XVIe s. Elle fut si très effrayée de peur, qu'elle demeura comme une statue sans sonner mot
, Marguerite de Navarre, Nouv. XXX. Il fist jetter de grands cris à ses gens et sonner les trompettes pour effroyer les ennemis
, Amyot, Cam. 42. La lance effraye de loin quand on la voit branler avecques sa longue banderole
, Lanoue, 309.
ÉTYMOLOGIE
Ef- pour es- préfixe, et le radical qui est dans frayeur (voy. ce mot) ; picard, effroyer, effrenter ; provenç. esfrayar, esfredar, esfreidar. On remarquera, dans l'historique, esfraier ou esfreer et esfroier ; le premier est la prononciation de la Normandie et de la partie ouest du centre ; l'autre est la prononciation de la Picardie et de l'autre partie du centre ; gardant effrayer, la langue littéraire aurait dû prendre effrai ; mais, par le hasard des mélanges, elle a gardé effroi, effroyable, qui se rapportent à effroyer.