« effroi », définition dans le dictionnaire Littré

effroi

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

effroi

(è-froi) s. m.
  • 1Grande frayeur. Porter, inspirer l'effroi. Je me retire donc encor pâle d'effroi ; Mais le jour est venu quand je rentre chez moi, Boileau, Sat. VI. Il est vrai, je n'ai pu concevoir sans effroi Que Bajazet pût vivre et n'être plus à moi, Racine, Baj. II, 5. Et je ne dois la vie en ce commun effroi Qu'au bruit de mon trépas que je laisse après moi, Racine, Mithr. II, 3. Seigneur, je viens à vous pleine d'un juste effroi, Racine, Phèd. IV, 4. Ce Juif, comblé d'honneurs, me cause quelque effroi, Racine, Esth. III, 1. Quel trouble vous agite et quel effroi vous glace ? Racine, Athal. II, 5. Mais d'où vient que mon cœur frémit d'un saint effroi ? Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ? Racine, ib. III, 7. Ma fille, me dit-elle, avec un cri d'effroi, Ducis, Othel. II, 1.

    Terme de chasse. On dit que le cerf part d'effroi, lorsque quelqu'un ou quelque chose qui l'effraye le fait partir.

  • 2 Fig. Cause d'effroi. Ce conquérant a été l'effroi et la terreur de la terre entière. Au Dieu persécuteur, effroi du genre humain, Voltaire, Fanat. I, 4.

HISTORIQUE

XIIe s. Dunc sunt venu à lui ; tuit erent [étaient] en esfrei, Th. le mart. 42.

XIIIe s. Si me puist Diex aidier, j'en sui en grant esfroy, Berte, CXVI.

XVe s. Adonc commença l'effroi grant et fort à lever en la ville, Froissart, II, II, 42. Le bon serviteur, sans faire effroi ne bruit, vint heurter à la porte, Louis XI, Nouv. XXVII.

XVIe s. Les Guodivaulx, qui estoyent en embuscade, sortirent tous en grand effroy sur Pantagruel, Rabelais, Pant. IV, 41. Ce qui est en partie cause de l'effroy que souvent prenent plusieurs gens de guerre, est leur ignorance, Lanoue, 318. Toute la chrestienté entra en grand effroy, Lanoue, 414. Le duc de Nevers prit Beaurain par composition, Agimont d'emblée, et d'effroi Chasteau-Tierri, D'Aubigné, Hist. I, 20. Ils quittent leurs tranchées et d'effroi en effroi se mettent en fuite, D'Aubigné, ib. II, 68. Vous engagez vostre valeur et vostre fortune à celle de vostre cheval ; son effroy ou sa fougue vous rendant ou temeraire ou lasche, Montaigne, I, 361. Que l'on n'eust à sonner nulle cloche, sinon celle de l'effroi, Pasquier, Lettres, t. I, p. 4, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Esfroyer (voy. EFFRAYER) ; Berry, effray, effré ; provenç. esfrei.